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Tout, tout de suite
Les Bleus ont leur destin entre les mains. Pour voir la Russie, il « suffit » de battre la Biélorussie à la maison. Rien d’insurmontable en somme. Ensuite, il faudra se projeter et notamment sur les fameux 23 du Mondial. Quand on voit avec quelle vitesse une liste se fait et se défait, on a l’impression que le temps international bouleverse l’ordre établi.
Septembre 2016, les Bleus désossent la Bulgarie au Stade de France (4-1) grâce à un doublé de Kevin Gameiro qui flambe alors à l’Atlético de Madrid. Ce soir-là, Cabaye, Sagna, Gignac, Laporte ou encore Sissoko font partie des plans de Deschamps. En un an, tout a changé. Et tout peut encore changer d’ici mai 2018, date à laquelle Didier Deschamps donnera sa fameuse liste des 23 pour le Mondial. Depuis peu, Didier Deschamps a enterré les garçons de l’Euro 2016, Cabaye, Payet, Sissoko, Évra, Sagna, Rami et Gignac. Ces trentenaires sont tous, à des degrés divers, sortis du onze de départ. Certains sont même sortis des listes tout court. En un an, Deschamps a emmené en Bleu toute une jeune génération : Mbappé, Dembélé, Rabiot, Lemar, Mendy, Bakayoko, Sidibé, Kimpembe, Areola, Amavi, Thauvin, Tolisso. Portés par la folle saison monégasque, les jeunes qui vont vite ont pris le pouvoir sans demander l’autorisation. En six mois, Kylian Mbappé est devenu intouchable (7 sélections depuis mars) et Benjamin Mendy un titulaire indiscutable avec seulement quatre sélections au CV.
Quelle surprise en 2018 ?
Dans chaque liste pour une compétition internationale se cache une surprise. Qui sera l’élu français ? Un Niçois estampillé Lucien Favre (Cyprien, Pléa, Souquet, Saint-Maximin), un attaquant sorti de nulle part (Moussa Dembélé), un défenseur polyvalent (Pavard), un milieu de terrain XXL (Tousart). Là encore, la Dèche aura le choix. C’est surtout à travers le prisme des recalés qu’il faudra analyser la force des Bleus. Ce mardi, en raison des blessures ou des choix, Koscielny, Benzema, Pogba, Fekir, Gameiro, Kurzawa, Zouma, Mendy, Dembélé, Bakayoko, Corchia, Laporte, Kanté ou encore Martial vont regarder le match contre la Biélorussie sur leur canapé. Ça fait beaucoup. Le pire, c’est que la liste actuelle conserve quand même une certaine allure en dépit de cette pelletée d’absences. Et sur la liste actuelle, ceux qui sont quasiment assurés – sauf blessures – de figurer dans les 23 en mai 2018 sont déjà nombreux : les trois gardiens, ainsi que Varane, Umtiti, Sidibé, Kimpembe, Matuidi, Lemar, Griezmann, Mbappé et Tolisso devraient y être. Kanté aussi. A priori, Rabiot et Giroud également. Coman, Thauvin et Digne – surtout si Benjamin Mendy peine à retrouver un genou en état – sont susceptibles de verrouiller leur place dans les 23. Ce qui est drôle, c’est que les Bleus n’ont jamais eu autant de talents individuels sous la main, au point d’imaginer de laisser à la maison des joueurs de Manchester United. Pourtant, on ne s’est jamais autant ennuyé en les regardant.
Des monstres partout, de l’assurance nulle part
Sans collectif, les 23 Bleus ne sont que des empilements de potentiel cinq étoiles. Surtout, cela manque cruellement d’expérience, puisque huit Bleus pèsent moins de dix sélections, dont trois sont encore vierges (Areola, Kimpembe et Amavi) et deux titulaires en affichent moins de quinze (Umtiti, 11 – Sidibé, 13). Symbole d’une sélection qui tourne très, très vite, sans doute trop, et qui empêche de créer des automatismes sur la longueur. Comment joue Didier Deschamps ? Quelle charnière ? Quelle attaque ? Quelle animation ? Quels latéraux ? À part le gardien et Griezmann, il existe des interrogations partout. Il n’y a pas si longtemps, on a remis en cause Pogba, puis Kanté, puis Matuidi avant de se rendre compte que les trois étaient indispensables. Du coup, quid de Rabiot, Tolisso ou Lemar, présentés comme l’avenir immédiat ? Devant, Giroud aimante les critiques, mais il demeure le seul numéro 9 capable de trouver les filets en matchs officiels de manière régulière. Alors Deschamps tente de contenter tout le monde. Des jeunes, des vieux. Un peu, beaucoup. Des risques en amical de temps en temps. De la frilosité quand ça compte vraiment. Très souvent. Moussa Sissoko par-ci, Ousmane Dembélé par-là. L’ascenseur émotionnel est permanent. Bref, on ne comprend pas grand-chose à la logique de groupe du sélectionneur, ni où il veut vraiment emmener cette équipe. En tout cas, il reste 90 minutes à Didier Deschamps pour valider un billet pour la Russie. Ensuite, il aura huit mois pour peaufiner une liste cohérente. Bonne chance à lui.
Par Mathieu Faure