- Mondial 2022
- Gr. G
- Serbie-Suisse (2-3)
Tout ça n’a Serbie à rien!
Dans une ambiance de fin du monde ou presque, la Serbie quitte le Mondial 2022 par un trou de souris, avec un seul point au compteur. Potentiel poil à gratter, le pays des Balkans est un récidiviste en matière d'autosabotage.
Vlahović, Milinković-Savić, Tadić, Kostić, Milenković, Mitrović. Cette Serbie avait si fière allure. Trimbalant la Suède, miniaturisant la Norvège en Ligue des nations, armée d’une puissance offensive de feu que même les plus grandes écuries européennes pourraient lui envier. De la taille, de la force, de la technique, de la rage, et enfin les épaules pour rouler sur les sceptiques. Son sélectionneur à l’aura légendaire, Dragan Stojković, avait un plan, un système et un seul objectif : sortir des poules, sans quoi « le Mondial au Qatar serait raté ». Au bout du compte, tel un refrain anachronique de Ceca Ražnatović, les Serbes ont choisi de faire à nouveau corps avec la poussière d’étoile. Comme en 2010 face à l’Australie, comme en 2018 face à cette même Suisse. Ce vendredi soir, lors d’un remake à la tension palpable, les Orlovi ont perdu leurs moyens, laissant à la Nati tout le loisir de perforer son accueillant gruyère. Comme si son propre peuple n’avait pas le droit au bonheur. Et si cette défense-là ne méritait pas son attaque ?
Colosses aux pieds d’argile
Face à des Helvètes relativement solides malgré les forfaits de Yann Sommer et Nico Elvedi, mais surtout sublimés par l’enjeu, les hommes de « Piksi » ont entamé leur finale comme ils ont terminé le duel face au Cameroun : à la rue. Seule une double parade de Vanja Milinković-Savić, le recordman d’arrêts de ce premier tour et seule vraie satisfaction côté serbe, leur sauve la mise. Le pion de Xherdan Shaqiri a beau chatouiller l’orgueil de leurs doubles mètres, les joueurs des Balkans vont laisser leurs émotions écraser leurs liens de jeu et leur qualité intrinsèque. Sur des demi-occasions ou presque, Mitrović et Vlahović claquent deux buts de classe mondiale, alors que Dušan Tadić semble lui – sur une mi-temps – enfin au niveau qui l’a consacré. Mais sur une énième absence défensive, un savant mélange entre boulevards sur la largeur et alignement vertigineux de naïveté, Breel Embolo calme l’audience.
Un coup de massue qui ne provoquera pas les coups de boutoir espérés après l’entracte. Avec un SMS dans un rôle illisible et restrictif, plus des changements sans queue ni tête, la Serbie plonge. Lessivés dès l’heure de jeu, désunis dans les transmissions, démoralisés par la vision d’un nouvel échec retentissant, les Serbes n’ont même plus l’envie de faire illusion. À la limite d’être devenu le taulier défensif des Orlovi à 21 piges, Strahinja Pavlović s’est lui-même dissout à chaque replacement, emboîtant le pas à Nikola Milenković. Un bon joueur de Serie A qui ne maîtrise plus les fondamentaux avec sa sélection, des rumeurs saugrenues d’adultère sorties de nulle part en guise d’avant-match, et un besoin irrépressible de répondre à Granit Xhaka, pour faire plaisir aux amateurs de papouilles. Pas de doute, la Serbie termine deuxième pire défense de la phase de groupes derrière le vilain petit canard costaricain, mais elle pourra se vanter d’avoir la meilleure attaque du groupe. Après tout, à quoi bon avancer masqués ? Au royaume des aveugles, les borgnes seront toujours rois.
Par Alexandre Lazar, dépité