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« Tous les rappeurs rêvent de devenir footballeur »
Les 7 bonshommes de la Sexion d'Assaut viennent de jouer pour leur premier Bercy. Leur deuxième album, En attendant l'apogée, affole les compteurs. Mais en attendant, ils se comparent au Barça.
Dans le couloir avant de monter sur scène à Bercy, c’était comment ?
On était détendus, on avait hâte. La pression vient seulement cinq minutes avant le coup d’envoi. En plus, il y a une similitude avec le foot. Avant le concert, tu entends la foule crier et quand tu rentres, c’est la folie, le match commence. C’est comme avant une grande finale de Ligue des champions. Surtout pour nous, on a fait un long parcours avant d’en arriver là, une longue phase éliminatoire et on a toujours réussi à se qualifier. Des petites salles, une tournée en province, des zéniths et Bercy pour la finale. Même si on savait d’avance qu’on allait la gagner. Pendant le concert, tu es dans ton truc, concentré et tu donnes tout. Et après tu es bien, détendu comme dans un vestiaire qui fête une victoire. Tout le monde est de bonne humeur et souriant.
Bercy, c’est le top dans une carrière ?
C’est un grand tournant, un cap, mais c’est pas le sommet. On vient de jouer une finale de Ligue des champions. On l’a gagnée et on en jouera d’autres, mais nous, on veut la Coupe du monde. La finale se joue au Stade de France. Pour l’instant, c’est seulement un rêve. Pour l’instant…
Si la Sexion était une équipe ?
Le Barça, mec. Comme eux, on joue le jeu du toque. Des passes fluides, rapides, directes et personne ne bouffe la balle. Le jeu de la Sexion tourne très, très bien.
Un joueur ?
Non, dans la Sexion, il n’y a pas un, mais plusieurs joueurs. Et ils viennent tous du Barça. Villa (Lefa), Iniesta (Maska), Xavi (Adams), Sanchez (Black M), Messi (Maitre Guims), Alves (JR au chrome), Fabregas (Doumam’s) et notre manager Dawala, c’est Guardiola. Il gère tout avec une main de maître.
Quelle est la différence entre un public de rap et de football ?
Un public de foot, c’est beaucoup plus fort. Les supporters portent une ville, une région, des couleurs, contrairement à la musique. Tu peux être fan de plusieurs groupes, de plusieurs styles musicaux. Le mec peut venir seulement pour se détendre ou s’amuser. Mais dans le foot, tu es supporter d’une seule équipe. L’ambiance est plus dingue. Dans une salle de concert, c’est l’artiste qui fait du bruit, alors que dans le stade, les artistes jouent et le public s’occupe du reste. L’autre différence, c’est que dans un stade, tu as les supporters adverses, il faut faire plus de bruit qu’eux et, des fois, ça se termine à coups de poing. Jamais tu verras des coups de poing dans nos concerts.
Pourquoi les rappeurs sont-ils proches des footballeurs, et vice-versa ?
Tu sais quoi ? La semaine dernière, à la fin de notre concert à Montpellier, quatre joueurs sont venus nous voir. Belhanda, Cabella, Greg Lacombe et Stamboulli. Et justement, on en a parlé. Tous les rappeurs rêvent de devenir footballeur et tous les footballeurs veulent devenir rappeur. Nous fantasmons devant les matches et eux, quand ils matent nos clips, ils s’imaginent être à notre place. Donc forcément, ça rapproche.
Un mot sur l’Euro et l’équipe de France ?
À l’Euro, ça va être bien, des matches tous les soirs à la télé. Franchement, l’équipe peut faire un vrai truc. Elle fait peur sur le papier, elle est même terrifiante. Les mecs sont bons. Regarde Benzema, Ribery, qui fait du sale au Bayern, Nasri, Giroud, qui a fait une saison de folie. Mais bon le plus dur, c’est de trouver une cohésion et un bon esprit. Si le truc prend et qu’il n’y a pas d’embrouilles, ça peut être chaud. Il faut vraiment garder Ben-Arfa dans les 23, parce que lui, vraiment, il peut faire mal à n’importe quelle équipe. C’est un tueur.
Propos recueillis par Rachid Laïreche