- Ligue 1
- J29
- Monaco-Bordeaux
Touré, la prochaine droite
Utilisé avec parcimonie par Leonardo Jardim en raison d’une grosse concurrence, Almamy Touré parvient pourtant à convaincre dès qu’il en a l’occasion. Et s’investit comme il le faisait quand il était enfant. Raison pour laquelle le latéral de vingt ans représente déjà l’avenir de l’AS Monaco.
C’était il y a un peu plus de deux ans, maintenant. Le 20 février 2015, exactement. On joue la 35e minute dans la confrontation opposant Nice à Monaco lorsque Layvin Kurzawa, victime d’une béquille à la cuisse gauche, doit laisser sa place. Son remplaçant mesure 1m82, mais sa date de naissance indique 1996. Pas encore vingt ans, donc. Une surprise pour celui qui fête alors son baptême en Ligue 1 ? Pas vraiment. Neuf jours plus tôt, Almamy Touré avait déjà foulé sa première pelouse professionnelle devant 4000 spectateurs lors d’une rencontre de Coupe de France remportée face au Stade rennais (3-1). Et le jeune homme s’était rapidement distingué, en envoyant la balle dans la cage adverse à la suite d’un corner dès la neuvième minute. Comme si le gamin était destiné à briller. Comme s’il était fatalement programmé pour réussir.
Depuis cette année 2015, Touré n’a pas vraiment fait de vagues. Pas de grandes interviews dans les médias, pas de sorties verbales ou nocturnes détectées par les journalistes, pas d’histoires extra-sportives révélées, pas d’immenses exploits sur les terrains. Ce qui ne veut pas dire que le latéral ne progresse pas ou n’arrive pas à trouver de place dans son club formateur. Bien au contraire. Arrivé dans la Principauté en 2010, le Malien possède tout du parcours modèle. Pas un hasard. « De toute façon, il a toujours été plus mature que les autres, témoigne Didier Roumazeille, son premier entraîneur au FC Bourget qui l’a eu sous ses ordres pendant cinq ans juste avant le grand départ à ses quinze printemps. J’ai connu beaucoup de petits avec des gros potentiels, mais rarement avec un mental aussi fort. Il affichait à la fois des qualités techniques et des qualités psychologiques au-dessus de la moyenne. Puis, c’est quelqu’un de très attachant, pas du tout hautain, très agréable au quotidien. Il ne faisait jamais la tête. C’est un super partenaire. »
Alexis Sánchez croqué
Performant avec l’équipe réserve princière, l’arrière central de formation écoute, apprend (notamment dans l’aspect purement défensif et tactique), accepte de jouer à d’autres postes (sur les côtés) et devient un vrai espoir pour ses dirigeants. Qui l’intègrent petit à petit au groupe pro. À tel point que Leonardo Jardim n’hésite pas à titulariser le petit bonhomme lors de la fabuleuse victoire à Arsenal en février 2015 en huitième de finale aller de La Ligue des champions (1-3 pour l’ASM). Bingo : Almamy fait bien plus que le taf et ne semble absolument pas impressionné par Alexis Sánchez, qui squatte désespérément son couloir en se posant des questions sur l’identité de son adversaire direct du soir.
Problème : le physique de Touré fait des siennes. En 2015-2016, le joueur enchaîne les tuiles physiques (claquage tendineux, problèmes osseux, cheville, hanche…), ce qui le prive de football pendant plusieurs mois et ralentit quelque peu son évolution. Mais il en faut bien davantage pour le faire abandonner. Doté d’un calme exemplaire, le natif de Bamako prend son mal en patience et bosse. En toute sérénité. Comme il a toujours l’habitude de faire, selon Didier Roumazeille, qui n’est pas du tout surpris de le voir à ce niveau : « Dès son enfance, il était très travailleur. Et très exigeant avec lui-même. Je l’ai rarement vu rater un entraînement. C’est bien simple : il était à 150 % à chaque séance et se fixait lui-même ses propres objectifs. » Un investissement récompensé par sa feuille de statistiques actuelle qu’il présente, et par les félicitations de son coach.
Un défenseur attiré par le but
« Almamy Touré a eu des blessures, mais je crois beaucoup en lui, a ainsi assuré Jardim le mois dernier en conférence de presse. Quand un joueur est capable de réaliser des performances de haut niveau face à des équipes comme Arsenal ou Marseille, c’est la marque des grands joueurs. Il est en concurrence avec Djibril Sidibé, il a besoin de s’affirmer, mais je n’ai aucun doute sur sa capacité à franchir les paliers. » Le Portugais n’est pas fou : avec douze rencontres en championnat cette saison (dont neuf titularisations), son petit protégé a lâché pas moins de cinq passes décisives. Signe qu’il représente bien plus qu’une simple doublure au poste de latéral droit. Des gestes décisifs qui rappellent un souvenir à son ancien éducateur du FC Bourget : « Lors de son tout dernier match, on perdait 2-0 et il évoluait en charnière centrale. Du coup, on l’a passé au milieu en deuxième mi-temps. Dès sa première touche de balle, il a éliminé quatre ou cinq joueurs et a marqué. C’était un peu son au revoir ! » Destiné à briller, on vous dit.
Par Florian Cadu