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- Toulouse-Liverpool (3-2)
Toulouse, une soirée pour l’histoire
Seize ans après la première venue de Liverpool sur les bords de la Garonne, Toulouse s'est offert une victoire historique pour le club, dans l'euphorie générale. Une soirée qui fera date dans la Ville rose.
Comme quoi, on peut souffrir face à Mohamed Bayo avant de mettre Mohamed Salah dans sa poche quelques jours plus tard. Moussa Diarra aura été l’un des symboles du grand écart expérimenté par les joueurs du Téfécé, qui quatre jours après avoir chuté au Stadium face au promu havrais (1-2), ont été les auteurs d’une prestation de haut vol contre Liverpool (3-2). Une performance que la lecture des récentes sorties toulousaines ne laissait absolument pas présager. Quatorzièmes avec un petit point d’avance sur le barragiste, Metz, les Violets sont passés des larmes au rire en quatre petits jours, s’offrant une soirée hors du temps face aux Reds. De celles qui alimenteront les conversations sur les bords de la Garonne pendant de longues années.
Naples, Angers, Nantes et maintenant Liverpool
« Il y a ceux qui étaient là contre Naples, il y a ceux qui étaient là à Angers, il y a ceux qui étaient là en avril à Saint-Denis face à Nantes, et maintenant il y a ceux qui étaient là ce soir ! » Quelques instants après le coup de sifflet final, le speaker du Stadium pouvait exulter, catapultant directement le gros coup du jour parmi les plus grands exploits de l’histoire du club. À l’élimination de la bande de Diego Maradona en 1986 ou à la victoire récente en Coupe de France, on pourrait également ajouter les deux chocs face aux Reds, déjà, en tour préliminaire de la Ligue des champions 2007-2008. Une double confrontation dominée sans sourciller par les Merseysiders, mais qui avait laissé un souvenir impérissable à Toulouse. Preuve supplémentaire que même s’il s’agit cette fois d’un simple match de poules de Ligue Europa, faire tomber un grand d’Europe reste un instant à part pour le club. Surtout lorsque l’on se rappelle qu’il y a un peu plus de trois ans, le Téfécé descendait en Ligue 2 au moment même où le club anglais mettait fin à 30 ans de disette en Premier League.
Une communion historique 💜
Vous, vous êtes le TéFéCé ! #DeboutToujours 😈 pic.twitter.com/j3XeqfSNpt
— Toulouse FC (@ToulouseFC) November 9, 2023
Tout au long d’une seconde période irrationnelle qu’ils avaient entamée avec l’avantage au score, les Toulousains ont semblé comme possédés par la certitude de triompher, totalement décomplexés. Les onze mêmes joueurs qui avaient subi la fureur d’Anfield semblaient transfigurés. Des gestes techniques de joueurs en pleine confiance malgré le contexte (à l’image du double petit pont d’Aron Dønnum puis Thijs Dallinga dans leur propre camp dès le premier acte), et une réussite totale accompagnée par un vacarme rarement vu dans un Stadium garni de plus de 32 000 spectateurs. Quand le but contre son camp malchanceux de Cristian Cásseres menaçait de faire s’écrouler le château de cartes, le ballon terminait dans les pieds d’un Frank Magri seul au second poteau pour redonner une jolie marge dès l’action suivante. Et quand Jarell Quansah pensait climatiser toute une ville après sept minutes d’un temps additionnel interminable, c’est la vidéo qui faisait littéralement exploser l’île du Ramier en refusant l’égalisation après de longues minutes d’attente. « C’était absolument fou. J’ai vu l’action devant moi, pour moi c’était clair qu’il y avait main, rejouait en conférence de presse un Carles Martinez Novell tout heureux, au moment même où M. Kabakov quittait l’enceinte du stade sous les sifflets. Au début, je me suis dit que l’arbitre allait simplement refuser le but. C’était une nuit folle et ça rajoute au caractère épique de cette soirée. »
Sur la lune
Le summum du bonheur pour un Stadium bouillant dès la fin de l’après-midi, et qui avait totalement basculé dans la folie et l’ivresse devant les exploits des siens. À deux doigts de devoir se pincer pour y croire. Jusqu’à la délivrance du coup de sifflet final, célébré au son de Freed from desire de Gala (un chant régulièrement entonné à leur sauce par les ultras toulousains ces dernières années pour fêter leur ancien chouchou Rhys Healey). « On va gagner la coupe d’Europe ! », entonnait une nouvelle fois le virage Brice Taton, qui avait déjà prévenu à propos de la Coupe de France il y a quelques mois. L’ensemble des joueurs s’offrait un tour d’honneur pour prolonger l’extase, Aron Dønnum, torse nu et sourire jusqu’aux oreilles, se faisait acclamer pour un salto en plein milieu de la pelouse, et personne ne voulait vraiment quitter les lieux.
UEFA and French organisation – not a good combination.
Jurgen Klopp was irked in the post-match press conference. pic.twitter.com/keDyHuazuM
— This Is Anfield (@thisisanfield) November 9, 2023
Un moment magique, presque lunaire, poursuivi par une conférence de presse improbable organisée sous un chapiteau sur le parvis du stade, la salle de presse du Stadium n’étant pas assez grande pour un tel événement. À quelques mètres de supporters fous de joie attendant la sortie de leurs héros, Jürgen Klopp ne pouvait qu’écourter sa prise de parole : « Mais qui a eu l’idée de mettre la salle de presse ici ? Ce serait une question vraiment intéressante. » Quelques instants plus tard, Martinez Novell ne pouvait retenir un haussement de sourcil encore plus parlant que ses mots au moment de décrire l’ambiance du jour. « C’est une soirée historique. Pour le club, la ville, les joueurs. Il faut apprécier ce moment comme il se doit. On a vécu quelque chose de très fort dès notre arrivée avec le bus. C’est un moment dont on se souviendra très longtemps. » Un match dont chacun des Violets pourra se vanter. « Le coach avait insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un match qui pouvait marquer l’histoire du club, donc ça nous trottait dans la tête, savourait pour sa part le troisième buteur du soir, Frank Magri. Tout le groupe est content de faire partie un peu plus de l’histoire de ce club. » Dans seize ans, il y a fort à parier que ce sont eux qui raconteront leurs joutes homériques face à l’un des plus grands clubs d’Europe.
Par Tom Binet, au Stadium de Toulouse