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- Finale
- Nantes-Toulouse (1-5)
Toulouse, le carton violet
Cinq buts, deux doublés, un missile en lucarne : dans une finale qui restera gravée dans l'histoire, le TFC a anéanti le FC Nantes grâce à sa force de frappe offensive (1-5). Logan Costa et Thijs Dallinga, les deux grands héros du soir, se souviendront longtemps de leur nuit francilienne.
Quelques secondes avant le coup de sifflet final, un homme était déjà dans les starting-blocks, prêt à envahir une pelouse qu’il avait quittée dix minutes plus tôt. Logan Costa, le sourire jusqu’aux oreilles, malgré ses quinze petits matchs professionnels dans les bottes avant ce samedi, s’est mué en symbole d’un Téfécé irrésistible au Stade de France, venu décrocher avec brio et sans crainte la deuxième Coupe de France de son histoire (1-5). Jamais Nantes n’aura pu envisager la défense de son titre, tant son adversaire du soir semblait être dans la zone, porté par une escouade offensive déchaînée. Ce sacre, quelques mois seulement après la remontée toulousaine dans l’élite du football français, vient également concrétiser un projet au long cours, rempli de belles idées et d’une mentalité portée vers l’attaque qui rafraîchit.
Huit nationalités et des confirmations
La déferlante violette aura submergé sur son passage. Treize frappes, sept cadrées et cinq buts ? Peu nombreuses sont les équipes à se targuer de pareilles statistiques dans une partie aussi stressante et crispante qu’une finale. Et pourtant, tout a commencé très rapidement : sur le premier corner, Costa, cap-verdien d’origine mais natif de Saint-Denis – la symbolique est belle –, s’élève plus haut que tout le monde et place un coup de casque imparable pour Alban Lafont. Euphorique, le défenseur n’est jamais redescendu de son nuage, et s’est même offert un improbable doublé sept minutes plus tard sur un deuxième coup de pied arrêté. Les événements tournant en leur faveur, les Toulousains auraient alors pu lever le pied et faire redescendre leur bloc. Mais non, Philippe Montanier, porté par ses idées claires, a vu son buteur maison Thijs Dallinga prendre feu à son tour.
Profitant d’un caviar de Gabriel Suazo, le Néerlandais a tranquillement lobé le portier adverse, avant de s’adjuger lui aussi un doublé quelques instants plus tard, bien placé pour reprendre le cuir boxé par Lafont après un échec de Farès Chaïbi. À la pause, tout le stade avait bien compris qu’il n’y avait pas grand-chose à faire pour empêcher ce clinique festival offensif. Cerise sur le gâteau : Zakaria Aboukhlal, qui a marqué à chaque tour depuis les seizièmes de finale, a régalé l’assistance en seconde période en décochant un missile dans la lucarne, faisant boire le calice jusqu’à la lie aux Nantais. Il y aurait trop d’hommes à féliciter pour cette partition, alors il suffirait sans doute de mettre en valeur une fois de plus un collectif huilé à la perfection, malgré ses huit nationalités différentes sur le pré, et qui ne cesse d’impressionner semaine après semaine. En effet, aucun joueur de nationalité sportive française n’était aligné au coup d’envoi. Une anomalie, penseront certains – peut-être à raison –, mais surtout l’aboutissement d’un projet de recrutement entamé depuis deux ans désormais, au fin fond de la Ligue 2.
Un état d’esprit
« C’est une volonté du club d’avoir mis un projet de jeu attractif basé sur l’offensif. Nous recrutons des joueurs qui ont ces qualités. Le plus dur dans le football est de marquer des buts, donc si on y parvient, nous avons plus de chances de gagner », disait Philippe Montanier il y a quelques semaines dans une interview accordée au site officiel de la Ligue 1. Ses envies sont plus que jamais devenues réalité ce samedi soir, et il a pu laisser sa joie exploser après la rencontre. « Même dans mes rêves, je n’aurais pas imaginé une finale comme ça. On l’avait vraiment bien préparée depuis plusieurs semaines, on a bien démarré et après, je savais que les gars n’allaient pas lâcher. C’est un moment magnifique pour le club, historique. On marque aussi un peu la Coupe de France, c’est un beau score », savourait sobrement le principal intéressé à la fin du match, qui aura donc vu ses garçons inscrire 25 buts en six rencontres tout au long de ce parcours exceptionnel.
« Je n’ai jamais vu un club travailler autant pour préparer un match. Gagner comme on l’a fait… c’est impossible d’imaginer. L’émotion est indescriptible. Il y a quelque chose d’illogique, d’irrationnel dans ce qu’on a fait, c’est la beauté du foot », jubilait de son côté Damien Comolli. Le président du TFC, venu revigorer un club longtemps aux abois depuis son arrivée il y a trois ans, a donc vu son château de cartes devenir bâtisse infranchissable 90 minutes durant. Ne reste désormais qu’à savoir si ces excellents attaquants toulousains pourront également se faire plaisir en Coupe d’Europe l’année prochaine.
Par Alexandre Lejeune