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Toulouse la discrète
Après avoir été un peu ballonné en janvier, le TFC s’est refait une santé en deux matchs contre des équipes de bas de tableau. Et se retrouve bien calé au milieu du peloton de tête. Pour pourquoi pas tenter une échappée.
Cette saison le projet d’Alain Casanova vit sa troisième année. Son bloc équipe ultra athlétique est l’un des tous meilleurs du championnat, ses joueurs jouent un peu mieux au ballon, les remontées de balle prennent sens, les séries de défaites ne sont jamais très longues et l’équipe réagit à chaque fois après un match raté sans jamais perdre son fil conducteur. Pour faire court, le TFC est une équipe « solide » , et c’est finalement ce mot fourre tout qui lui convient le mieux. En bonne position dans le peloton de tête des neuf prétendants qui peuvent espérer quelque chose de cette fin de saison, Toulouse est pourtant l’équipe qui fait le moins parler d’elle.
« Vivons heureux, vivons cachés »
La raison est connue : le Téfécé est la fille la moins sexy, la moins flashy, et la moins rock du dernier étage de la Ligue 1. Son stade souvent vide manque de passion, son histoire n’est pas celle de ses colocataires, entre des historiques sur le retour (Bordeaux, Saint-Etienne), des nouvelles habituées (Lille, Montpellier, Rennes), et le fameux PLM. Son équipe dirigeante ne cherche qu’une chose : la discrétion, et les médias le lui rendent bien. « Toulouse a toujours été sous-médiatisé, malgré les bonnes saisons qu’on a pu faire récemment. C’est bien dommage, car il y a de très bons joueurs au TFC et ils méritent d’être vus en France » dixit Etienne Capoue que son coach a récemment qualifié de « plus grand joueur passé au club depuis vingt ans… » et qui ne cracherait pas sur un coup de pouce médiatique pour toucher la liquette bleue. Mais c’est une autre histoire. Début mars, le Téfécé est une équipe qui ne manque pas d’atouts à faire valoir. Après un mois de janvier raté sans histoire, sans punch, sans victoires, Toulouse s’est relancé tranquillement. Casanova a fait tourner un peu, certains cadres –Tabanou et Sissoko- se sont retrouvés sur le banc, et leurs remplaçants ont fait le métier proprement et sans s’embarrasser contre Nancy et Sochaux. 3 puis 2-0 sans bruit alors que Montpellier, les Verts et le Bordeaux nouveau attirent eux les spotlights du moment.
A la septième place, Toulouse est à égalité de points avec le cinquième lyonnais. Idéalement replacé avant le sprint final, avec le maintien désormais en poche, le Tef’ a un coup à jouer. Pantxi Sirieix, le taulier qui a connu les places angoisse et les fins de saison galères mesure la chose : « C’était important pour nous de recoller au classement et d’avoir 40 points. Le maintien est presque acquis. Maintenant, c’est un match de gala à Marseille. Ce genre de rencontre, c’est magnifique à jouer et on aime ça. A moins d’un miracle en gagnant tous nos matchs, ça va trop vite pour accrocher le podium. La place de 5ème est tout à fait jouable. On est dans les clous. Si on continue avec cet état d’esprit et ce jeu, on a tout pour faire une bonne fin de championnat. » Evoquer un match de gala à Marseille, concurrent direct un point derrière à ce moment de l’année, alors que Rennes et Lille devraient suivre au programme, est révélateur. Les Toulousains qui n’ont pas trop l’habitude de ce genre de joutes sont surtout soulagés et vont pouvoir jouer plus libérés, sans se stresser. Avec Sainté, le Tef’ est peut-être l’équipe qui a le plus à gagner dans cette fin de saison. Parce que le moins à perdre.
Rivière trouve son rythme de croisière
Pendant six mois, les Toulousains ont évolué sans réelle pointe. Emmanuel Rivière, la vedette du dernier mercato estival a très peu joué jusqu’à présent. 11 rencontres sur 25 possibles, c’est peu. Cheville gauche, cuisse droite, l’international espoir a cumulé les pépins. Conscient que ce club gestionnaire ne crache pas six millions tous les étés pour un attaquant au profil d’espoir, le Martiniquais, consciencieux, est resté à Toulouse durant la trêve hivernale pour bosser et se préparer. Bien lui en a pris puisqu’il semble enfin se positionner comme le buteur qui manque à la seulement treizième attaque de Ligue 1. Umut Bulut se cherche encore sur les pelouses hexagonales, la place est donc libre.
Lors des deux dernières rencontres, Rivière a beaucoup tenté, un peu vendangé mais scoré deux fois. De quoi ravir Alain Casanova qui cherche un mec fiable devant depuis Dédé Gignac: « Il est en train de confirmer. Déjà, physiquement, il est de mieux en mieux. Ensuite, dans notre jeu, il arrive à mieux se situer, on a beaucoup plus d’automatismes avec lui et on arrive à plus le trouver. Il pèse énormément sur les défenses. » De quoi soulager Rivière : « Tout va bien pour moi et le TFC. Le maintien est acquis. On peut rêver du haut du classement et aux places plus hautes pour faire une bonne fin de deuxième partie de championnat. Cela fait plaisir que le public scande mon nom, car cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé. » Le maintien en poche, la pérennité du club assurée, et contre des Marseillais privés de Mbia, Rémy et Valbuena, les Toulousains vont pouvoir arrêter de se cacher et se lâcher.
Par Antoine Mestres