Toulouse, enfin crédible ?
Coup de cul ou juste récompense ? L'inespérée 4e place de la saison dernière demande confirmation. A y regarder de plus prés, Casanova dispose de quelques arguments pour réussir là où Baup est passé de la Ligue des Champions à une quasi-relégation.
La saison du TFC a commencé par un parricide. Gignac a eu bon dos et sur son dos, Olivier Sadran a tué le père d’adoption. Symboliquement, il ne faut pas pousser non plus. Bref, “Petit Aulas” a tenu tête à JMA et a acquis une stature de José Bové à polo Ralph Lauren auprès des quelques supporters répertoriés au Stadium. Jean-Michel Aulas doit se dire que le petit commence à comprendre que pour être un président qui pèse, il faut savoir se mêler au petit jeu médiatique. Le Aulas des débuts a aussi commencé par jouer les seconds rôles dans l’ombre des duettistes Bez-Tapie. Il a fallu plus de dix ans à JMA pour replacer l’OL sur la carte du football français. Huit ans après avoir repris un club dégagé en National et que même Afflelou n’était pas prêt à reprendre, Sadran s’approche d’un début de crédibilité.
Pourtant, il plane encore un doute dans l’air. D’accord, Toulouse a accroché deux fois le Top 5 en trois ans (3e en 2007, 4e en 2009) mais sans parvenir à s’inscrire comme un club qui compte. En 2007/2008, les Violets sont même passés en six mois d’un tour préliminaire de C1 contre Liverpool (et la honte qui va avec) aux portes de la Ligue 2. Alors, à l’heure d’afficher les ambitions, Alain Casanova planifie large : « Tout est remis à zéro. On vise toujours entre la cinquième et la quinzième place » . Casanova peut-être, séducteur pas vraiment, l’ancien punching-ball de JPP n’a pas la cote auprès des journalistes comme pouvait l’avoir Baup le débonnaire. Pourtant, c’est bien ce type charismatique comme un Cuperly qui compte pour beaucoup dans le miracle toulousain.
Je bétonne mais je me soigne
Si la troisième marche du podium arrachée par Baup devait beaucoup au duo Emana-Elmander, au niveau du championnat lors de cette saison et la complicité des supporters nantais, la quatrième place des hommes de Casanova donne quelques signes des lendemains qui ne ressemblent pas trop à une vieille gueule de bois. D’ailleurs, la dernière fois que le TFC a aligné deux saisons correctes de suite, Tarantini traînait encore dix mètres derrière son stoppeur. C’était en 85/86 et 86/87. Si résumer la réussite de Toulouse à l’addition : Gignac + du cul + un grand Carrasso = un Nancy 2007 avec un buteur, est à la portée du premier Ménès, on peut quand même pousser l’analyse un peu plus loin qu’à son dernier mètre de pastis Place Saint-Pierre.
D’équipe portée sur le bétonnage en règle dans un premier temps, le TFC de Casanova a gentiment évolué vers plus de subtilité sous l’influence de l’indispensable Étienne Didot. Avec l’arrivée du Portugais Machado (premier tireur de coup-franc repéré au Stadium depuis Marcico) et les progrès du futur quaterback de l’entrejeu que va devenir Étienne Capoue, Toulouse dispose de quelques arguments pour faire mieux qu’emmerder les équipes adverses.
Aucune défaite lors de la préparation
Principale zone d’ombre : le poste de milieu gauche. Casanova l’avoue pour l’instant, il se cherche encore : « J’ai pas mal d’incertitudes puisque Luan est blessé, Mansaré n’est pas prêt physiquement et Bonnet est sur le départ. Je suis obligé d’anticiper. Machado a des qualités qui le rendent polyvalent et il a déjà joué là à Saint-Étienne » . Pelé peut-il se hisser au niveau d’un Carrasso ? C’est une autre bonne question, mais la réponse attendra que l’ancien Manceau se remette de sa blessure à la main.
Pas fou, Casanova n’a pas l’intention de changer les bonnes vieilles recettes qui marchent en Ligue 1. Lors des matchs de préparation, le « Tef » a pris le jeu à son compte à petites doses, préférant défendre bas et compact pour mieux contrer et exploser. Le résultat : aucune défaite en six matchs et des victoires sur Bordeaux et La Corogne.
Recrutement sobre, objectif modeste, le TFC la joue encore profil bas. Pas de quoi exploser le compteur des diffusions sur Canal donc. Si Sadran rêve en secret de diriger à la tête du nouvel OL, son TFC tient plus du LOSC pour l’instant. Ce n’est déjà pas si mal quand on sait d’où revient le foot au pays d’Anthony Bancarel.
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