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Toulalan et la thérapie espagnole
Toulalan et Málaga, c'est fini. Deux ans après son départ de Lyon, le banni de Knysna fait son retour en France du côté de Monaco. Une bonne nouvelle pour une Ligue 1 qui retrouve un Toul' bien dans sa tête et bien dans ses pompes.
Ce jeudi, il pleuvait sur Málaga. Les 30 degrés de rigueur avaient laissé place à des averses. Une météo ce qu’il y a de plus bretonne au cœur de l’Andalousie. Un hommage à Jérémy Toulalan, sans doute. Car, après deux saisons pleines à la Rosaleda, le Nantais de naissance plie les gaules. Direction Monaco et sa nouvelle galerie de stars. Outre ses 44 matchs et ses trois pions sous la liquette des Boquerones, c’est surtout une empreinte que laisse la Toul’. Une marque faite de retours désespérés, de tacles appuyés et de frappes dans les nuages. Maître à jouer et catalyseur du Málaga de Pellegrini, Jérémy Toulalan s’est surtout refait une santé dans le Sud de l’Espagne. Oublié le temps des traumatismes post-Knysna, le Français revient sur le Rocher avec un mental à toute épreuve. Sans aucune rancœur. Retour sur cette mue espagnole qui l’a conduit de la cafétéria du Leclerc au Westfalenstadion de Dortmund.
Du Leclerc au Westfalenstadion
Son arrivée lors de l’été 2011 à Málaga est un choix par défaut. Ou presque. C’est en tout cas ce qu’il ne dément pas dans L’Équipe : « Le président Aulas m’a dit que j’étais libre d’étudier la proposition espagnole. Il était triste et déçu que je m’en aille, mais je sais que par rapport à la situation économique du club, mon départ est une bonne chose. J’ai bien compris qu’on avait besoin de me vendre. » Il accepte – contre 4,2 millions d’euros par an, tout de même – et met entre parenthèse ses maux français. Cloué au pilori après le fantasque épisode de Knysna, Jérémy Toulalan a vécu une dernière année lyonnaise des plus pénibles. Le lien charnel qui le liait au football est brisé. Son mal-être, il le raconte lors d’un épisode sponsorisé par Michel-Édouard : « J’ai mangé une fois dehors, dans une cafétéria de Leclerc parce qu’on venait faire des courses. J’étais derrière un gros pot de fleurs, dos à la salle et, de toute façon, je baissais la tête. »
Une cabeza que Manuel Pellegrini va savoir relever. « J’avais de sérieux doutes quant à mon avenir, assurait-il à peine arrivé en Andalousie.Mais quand j’ai parlé avec Pellegrini, tous les doutes se sont dissipés. » En une pré-saison, il devient le daron du milieu de terrain de Málaga. Adulé par les Malagueños, il se sent bien. Car, malgré l’arrivée du tout cheikh qatari, la pression est moindre. Avec son palmarès quasi vierge, le Málaga CF mise sur le long terme. Le premier exercice s’avère une réussite. La Rosaleda va découvrir pour la première fois la Ligue des champions, pendant que la Toul’ va voir sa cote grimper en flèche en Liga. Subitement, ces rêves de grandeur se heurtent à un cheikh en bois. Van Nistelrooy, Mathijsen et Cazorla se barrent. Toulalan, lui, reste à quai. Et parvient, malgré les blessures, à atteindre les quarts de C1. Face à Dortmund, il se rappelle au bon souvenir d’une France du football qui l’avait blacklisté un peu trop vite.
Les Bleus dans l’âme
Le nouveau Toulalan, mieux dans ses basques et dans sa tête, la France n’a pas voulu le redécouvrir. La faute à qui, la faute à quoi ? La réponse reste un mystère. Lorsqu’il admettait volontiers en 2011 être « d’accord avec Laurent Blanc » car « si j’avais été sélectionneur, je ne me serais pas pris » , le bougre était loin de sa forme optimale. À l’heure actuelle, l’excuse ne tient plus. Toulalan est de retour au top. Et à quelques mois du Mondial brésilien, alors que personne ne semble véritablement s’imposer devant la défense, l’alternative du néo-Monégasque tient la route. C’est d’ailleurs l’une des volontés du joueur. En revenant en Ligue 1, qui plus est dans un club sous le feu médiatique, le bougre veut se mettre en lumière. Didier Deschamps, l’an dernier déjà, avouait que Jérémy « fait partie des joueurs qui ont une certaine expérience au niveau international » . Avec son contrat de deux ans (plus une année en option) sur le rocher monégasque, Toulalan aura forcément l’occasion de se rappeler au bon souvenir de la Desch’. Et des barres transversales d’une Ligue 1 à qu’il avait manqué.
Par Robin Delorme