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Totti et la Roma, la fin d’une ère
Arrivé à la Roma en 1989, Francesco Totti vient de démissionner de son rôle de dirigeant du club de la Louve. L'Italien a ainsi mis fin à trente ans de vie commune avec la Roma. Une rupture qui ne s'est pas faite à l'amiable. Bien au contraire.
Brad Pitt et Jennifer Aniston en sont la preuve vivante : un couple peut paraître parfait de l’extérieur et se déchirer outrageusement de l’intérieur, à un point que le divorce est inévitable. Et si ce point de non-retour a été atteint en 2000 par les deux Américains, il vient d’arriver à un autre couple qui paraissait pourtant si solide : celui entre Francesco Totti et la Roma. Arrivé au club de la Louve à l’âge de treize ans en 1989, l’ancien meneur de jeu italien venait de célébrer ces noces de perle avec la Roma. Avant de mettre fin à trente ans de vie commune, lors d’une conférence de presse de 85 minutes. 85 minutes durant lesquelles le champion du monde 2006 a, entre autres, annoncé qu’il quittait son poste de dirigeant de la Roma. Une situation qu’il ne pensait jamais vivre, à l’écouter : « J’aurais préféré mourir que quitter un jour la Roma. » C’est pourtant la deuxième solution qu’il a choisie, ou qu’on lui a d’une certaine manière imposée.
La Roma aux Romains
Pour comprendre ce coup de théâtre, il faut remonter au 27 août 2012. Le jour où la Roma, alors récemment rachetée par des investisseurs américains, a installé James Pallotta comme président du club. Le début de la fin, d’après Francesco Totti, qui ne s’est pas présenté à la presse pour garder sa langue dans sa poche : « Depuis que les Américains sont arrivés à la tête du club, ils ont cherché par tous les moyens à enlever les Romains de ce club. C’est l’objectif fixé de certaines personnes, et ils ont réussi. Ils ont dit que j’étais une personne encombrante, c’était déjà le cas quand j’étais joueur. Il y a des personnes qui ne me veulent pas. »
Pour appuyer son propos, Francesco Totti s’est servi du départ de Daniele de Rossi. Qui aurait bien voulu continuer son aventure à la Roma, mais qui n’a pas été prolongé par la direction. Un choix que ne comprend visiblement pas Il Capitano : « C’est important de garder des Romains dans ce club. Je peux vous assurer que voir des joueurs rigoler après une défaite, ça te casse les couilles. Et même des dirigeants. » Aussi à l’aise derrière un micro que sur un terrain de football, Francesco Totti continue son Rap Contenders en attaquant Franco Baldini, bras droit de James Pallotta qui réside à Londres : « Il n’y jamais eu de bon rapport, et il n’y en aura jamais. Le dernier mot, c’est toujours Londres qui l’a. Certaines personnes ont un regard sur tout, ça cause beaucoup de dégâts. »
Francesco, le dirigeant qui ne dirigeait rien
Au niveau de l’image, la Roma en prend un sacré coup avec ce départ de Francesco Totti. Reste que d’un point de vue purement sportif, cela ne devrait pas changer grand-chose. Car à écouter l’Italien, sa voix n’était pas vraiment entendue dans la capitale : « Je n’ai jamais eu la possibilité de travailler sur le secteur sportif comme je le voulais, ils m’ont exclu de toutes les discussions. Ce n’est pas de ma faute si je pars, j’ai tout fait pour être plus concerné par le projet. J’ai participé à dix réunions en deux ans, et je n’ai même pas eu un seul message ou appel de Pallotta ou Baldini. »
Est-ce que la Roma se serait mieux portée si les conseils de Francesco Totti avaient été suivis ? Impossible de savoir. Une chose est certaine : le nouveau coach ne s’appellerait pas Paulo Fonseca, mais Antonio Conte : « Le seul entraîneur que j’ai contacté, c’est Antonio Conte. Ils nous avait donné son accord pour venir, puis il y a eu certaines choses qui ont fait qu’il a refusé. » Si Javier Pastore n’est pas directement nommé, l’assistance a aussi compris que l’Argentin n’aurait pas débarqué à Rome à l’été 2018 si Totti avait disposé d’un peu de pouvoir : « Je revenais de vacances, et ils m’ont demandé mon avis sur un joueur. J’ai répondu que ce n’était pas l’idéal, qu’il avait eu 3000 blessures et qu’il ne s’adaptait pas au 4-3-3. Mais ils ont dit que j’allais toujours contre leur avis. » Finalement, les dirigeants ont écouté Monchi, alors directeur sportif. Et non pas Totti, qui aurait préféré signer « un joueur de l’Ajax » qui pourrait s’appeler Frenkie de Jong.
Et maintenant, on fait quoi ?
Pas vraiment considéré dans une ville où il est pourtant roi, Francesco Totti a donc préféré prendre la porte. Sauf qu’Il Capitano ne compte pas s’éloigner très longtemps de sa belle Louve. Que ce soit en tant que supporter ( « Je suis tifoso de la Roma. Daniele et moi, on ira en Curva Sud si besoin » ), mais aussi en tant que dirigeant : « Si un autre propriétaire arrive à la Roma et souhaite vraiment miser sur moi, je serai prêt. » Un jour qui pourrait arriver plus vite que prévu, selon l’ancien international. Lequel avoue avoir fait le tour du monde, et précise que plusieurs personnes sont intéressées par un rachat de la Roma.
En attendant, Francesco Totti est sur le marché des transferts et prendra « toutes les offres en considération » : que ce soit en club, à la FIFA ou à la Fédération italienne. Pourquoi pas faire un putsch et renverser le pouvoir en place en prenant lui-même le siège de président ? En tout cas, Totti a déjà sa petite idée sur ce qu’il mettrait en place : « Si j’étais président de la Roma, je donnerais tout à deux personnes comme Totti et De Rossi. » Rien pour Jérémy Ménez ?
Par Steven Oliveira