- C1
- Quarts
- Tottenham-Manchester City (1-0)
Tottenham, un accent très français
Si les Spurs peuvent remercier Heung-min Son pour son numéro de soliste et son but en fin de match, ils le doivent aussi aux performances de leurs deux Français : Hugo Lloris et Moussa Sissoko. Le premier s'est rapidement illustré en sortant un penalty d'Agüero et le second a abattu un travail monstrueux au milieu de terrain pendant toute la rencontre. Et vive la France, bien sûr !
Les regards vont forcément se braquer vers Heung-min Son après une telle rencontre. Oui, l’attaquant sud-coréen est définitivement entré dans l’histoire en plantant le premier but européen de Tottenham dans son nouveau stade. Seulement, si les Spurs étaient encore en vie à la 79e minute, prêts à sauter sur chaque occasion pour crucifier Manchester City, c’est aussi grâce à deux hommes : Hugo Lloris et Moussa Sissoko. Chacun à leur manière, chacun dans leur registre, les deux Français ont permis à leur équipe de largement rivaliser avec le champion d’Angleterre. Et qui se trouvait dans les tribunes du flambant neuf Tottenham Hotspur Stadium ? Ce très cher Guy Stéphan, l’adjoint du sélectionneur Didier Deschamps. Cocorico !
La réponse de Lloris
Le capitaine de l’équipe de France n’est pas un homme qui va balancer une déclaration choc dans les médias ou s’étaler tous les quinze jours dans une longue interview. Non, l’ancien portier niçois préfère répondre aux critiques sur le terrain. Lloris n’a pas les épaules pour être titulaire au Mondial ? Les Bleus décrochent la deuxième étoile avec un capitaine quasiment exemplaire. Lloris n’arrête jamais un penalty ? Voilà qu’il en sort un troisième (sur trois) en 2019. Lloris devrait aller faire un petit tour sur le banc de Tottenham ? Il empêche Manchester City de rentrer à la maison avec l’avantage d’un petit pion à l’extérieur.
« Il y a eu des moments importants dans ce match où on a su rester très solides, a soufflé le joueur de 32 piges au micro de RMC Sport après la victoire des siens. Ça se joue aussi sur des détails, et ce soir, on a su les faire tourner en notre faveur. » Lui le premier, quand à la 13e minute, il a sereinement détourné le penalty d’Agüero, afin d’empêcher la bande à Guardiola de prendre un avantage rapide et déjà emmerdant pour la suite de l’aventure des Londoniens. Un nouveau penalty arrêté, le treizième de sa carrière (sur 67), après ceux de Vardy et d’Aubameyang ces derniers mois. C’est tout ? Pas loin, les Citizens ayant seulement cadré deux frappes dans la rencontre. Le capitaine de Tottenham n’a pas eu besoin de sortir quinze parades pour briller, il s’est contenté de faire le boulot quand il le devait, rassurant également sa défense dans les airs ou même au sol, comme face à Gabriel Jesus dans le temps additionnel. La meilleure réponse à ses détracteurs, parfois très sévères, sur les chaînes britanniques. Car si Lloris n’a pas toujours été impérial en Premier League ces dernières semaines, il faut se rappeler qu’il avait déjà été ultra décisif face à Dortmund lors du tour précédent en Ligue des champions. Costaud.
Sissoko, place au respect
L’autre international français des Spurs n’était pas là en Russie l’été dernier, pour soulever avec ses copains le trophée tant convoité. Pire, il est même constamment moqué quand Deschamps fait appel à lui dans le groupe France, comme lors du dernier rassemblement, comme s’il piquait la place d’un milieu beaucoup plus méritant. « À chaque fois que je suis appelé, j’entends que certains sont contre, déplorait-il le mois dernier dans une interview donnée au Figaro. Mais je sais que je suis performant et que je mérite ma place ici. » Tout comme il méritait la sienne sur la feuille de match proposée par Mauricio Pochettino, ce mardi soir, contre Manchester City.
Le joueur de 29 ans a formé un duo d’enfer avec le jeune Harry Winks : un volume de jeu impressionnant, cette envie d’empêcher l’adversaire de développer son jeu et des courses vers l’avant soulageant son équipe. Tout ça sous le regard de Guy Stéphan, qui a pu jeter un œil à la performance d’Aymeric Laporte, mais aussi avoir la confirmation que la présence de Sissoko dans les listes de Deschamps n’était pas une aberration. L’ancien Toulousain ne sera jamais le joueur le plus technique, ni le plus fin ou le plus élégant sur un terrain, mais il saura toujours répondre présent quand son entraîneur aura besoin de lui. Ce soir, plus qu’un match, Sissoko a surtout gagné le respect des personnes présentes devant leur télévision et leur ordinateur. Le plus beau des succès.
Par Clément Gavard