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Tottenham-Nuno Espirito Santo : l’ennui dure quatre mois

Par Fabien Gelinat
4 minutes
Tottenham-Nuno Espirito Santo : l’ennui dure quatre mois

Moins de 48 heures après une nouvelle défaite cinglante contre Manchester United (0-3), Tottenham, englué dans le ventre mou de Premier League, a décidé de se séparer de son entraîneur Nuno Espirito Santo. Un choix fort pour tenter d’insuffler un nouvel esprit à un effectif en cruel manque d’inspiration cette saison et qui paye une mauvaise gestion interne.

Bien plus qu’un match entre deux (supposées) grosses écuries de Premier League, l’affrontement entre Tottenham et Manchester United ce samedi se présentait comme le match de la dernière chance pour Nuno Espirito Santo et Ole Gunnar Solskjær, deux entraîneurs en grand danger après un début de saison bien en deçà des attentes. Un duel qui a finalement tourné à la démonstration en faveur des Red Devils, facilement vainqueurs d’une équipe qui n’a même pas proposé la moindre opposition pendant 90 minutes. Le pauvre Nuno Espirito Santo semblait lui-même sans envie lors de la conférence de presse d’après-match. « C’est un après-midi frustrant et décevant pour nous, lâchait-il totalement abattu. Les huées sont compréhensibles. Je continue à croire que nous sommes meilleurs que ce que nous avons montré aujourd’hui. Nous devons tous nous améliorer, ce n’est pas qu’un problème offensif. » Un problème de compréhension ou de méthode ? Le capitaine abandonné préférait alors ne pas trancher : « Peut-être que ce n’est aucun des deux. On peut avoir le bon discours, les bonnes idées et ne pas réussir derrière. C’est le jeu. » Le boarddu club londonien s’est chargé de décider pour lui en montrant la porte à l’ancien manager de Wolverhampton ce lundi quatre mois jour pour jour après sa nomination.

La meilleure défense n’est pas toujours l’attaque

Pourtant, avec trois victoires lors des trois premières journées, dont un succès de prestige face à Manchester City en ouverture de la saison, et un trophée d’entraîneur du mois d’août, le technicien de 47 ans était parti pour mener la belle vie à Tottenham. Mais le soleil a rapidement laissé la place aux nuages puis à l’orage. Ces deux derniers mois, Hugo Lloris et ses coéquipiers n’ont empoché que 6 points sur 21 possibles, encaissant au passage de belles roustes contre des concurrents directs (0-3 contre Chelsea, 1-3 contre Arsenal, 0-3 face à MU), mais également face à Crystal Palace (3-0, encore une fois). Les deux seuls succès ? Ils ont eu lieu dans la douleur contre Aston Villa, 15e, et Newcastle, 19e. Sans oublier le nul à Rennes et la défaite à Arnhem en Ligue Europa Conférence, où Tottenham ne figure même pas dans les deux premiers de son groupe à mi-parcours.

Dans le jeu, les Spurs version Nuno Espirito Santo se sont illustrés d’une manière peu reluisante : leur incapacité à produire du danger offensivement. Avec seulement neuf buts inscrits en dix journées, les Londoniens sont actuellement la dix-huitième attaque de Premier League, et même l’avant-dernière équipe au nombre de tirs tentés (103) et d’occasions créées (71). Un problème déjà en vue lors du mois d’août (trois succès 1-0), mais occulté par un bilan comptable très satisfaisant. La règle du football est pourtant très simple : l’équipe qui marque plus de but que son adversaire gagne la partie. Un concept flou pour Santo, incapable de trouver les solutions pour faire jouer efficacement ensemble Harry Kane, Heung-min Son, Lucas Moura et Giovani Lo Celso.

Une situation interne très délicate

Défaillants sur le plan offensif, les Spurs ont également lâché prise défensivement (16 pions encaissés sur les 7 dernières journées) et collectivement (99 kilomètres parcourus par match en moyenne, pire total du championnat). Des signaux beaucoup trop alarmants et qui renvoient à des doutes antérieurs et profonds au sein même du club. Depuis le départ de Mauricio Pochettino en novembre 2019, après un mandat de cinq ans, Tottenham a connu trois managers différents sur les 24 derniers mois, avec des bilans plus faibles que l’Argentin (1,84 point par match) : José Mourinho (1,77), Ryan Mason (1,71), et donc Nuno Espirito Santo (1,65).

Une descente progressive qui illustre une potentielle fin de cycle que Tottenham aurait sûrement dû acter cet été si le transfert de Harry Kane vers Manchester City n’avait pas capoté. Un retournement de situation difficile pour le club, mais aussi pour la star du club, bien loin de ses standards cette saison (1 but et 1 passe décisive seulement en 9 matchs de championnat). Le destin des Spurs est désormais entre les mains du président Daniel Levy et son board dont la prochaine mission est de débaucher un entraîneur capable de redresser le club à court terme. Ça tombe bien, le nom d’Antonio Conte, spécialiste du genre, se murmure avec insistance dans le nord de la capitale anglaise.

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Par Fabien Gelinat

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