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Tottenham : Spurs sur la ville
Capable de mettre une taule à Manchester City ou Aston Villa comme de se ramasser à domicile face à Ipswich ou à Crystal Palace, le Tottenham d’Ange Postecoglou pointe à huit longueurs de la quatrième place, occupée par Nottingham Forest, que les Spurs défient ce jeudi (16h). Un tournant pour éviter une deuxième partie de saison de crise.
Habiter à Manchester et être fan des Citizens ou des Red Devils n’accorde pas le monopole des haut-le-cœur. Plus au sud, à Londres, les aficionados de Tottenham ont, eux aussi, l’estomac bien retourné en cette fin d’année 2024. Rien à voir avec le pudding, même si le récent 6-3 encaissé face à Liverpool à la maison avait certainement un goût similaire en bouche. Il faut dire que leur dernier tour de manège contre Liverpool a été traumatisant : une défaite 3-6 à la maison, synonyme de 11e place au classement de Premier League. Les fans de Tottenham le savaient déjà, mais depuis le début de saison, les buts pleuvent quand leur équipe fétiche joue. Que ce soit dans les cages adverses comme dans les leurs. Côté pile, cela donne de magnifiques succès face à des adversaires en manque de vitamines, à l’image de la lanterne rouge Southampton (5-0) ou encore du convalescent Manchester City de Pep Guardiola (4-0). Côté face en revanche, cette journée portes ouvertes permanente ne suffit pas face aux ténors actuels de la saison en cours. Liverpool l’a montré, le derby perdu face au Chelsea d’Enzo Maresca aussi (3-4). Un bilan logique pour la meilleure attaque du championnat (!) avec déjà 39 buts marqués, mais qui est aussi la onzième défense de l’élite anglaise. Et qui pose quelques questions.
Le caprice de l’Ange
Notamment celle du retour à une victoire finale, que ce soit en championnat, en Coupe ou en Coupe d’Europe, que Tottenham attend depuis… 2008. Depuis cette quatrième et dernière Coupe de la Ligue anglaise, les armoires à trophées ont simplement vu en leur sein la poussière s’accumuler. Conséquence : Ange Postecoglou se dirige comme l’immense majorité de ses prédécesseurs vers un zéro pointé en fin de saison. Sa conception du jeu a beau être alléchante, en Premier League, elle peut se montrer trop risquée. C’est ce que lui reprochait d’ailleurs Jamie Carragher, consultant sur Sky Sports, après la débâcle de Chelsea : « Ange a dit à quel point ils ont bien joué. Je ne peux pas imaginer qu’un entraîneur de Liverpool dise cela après avoir encaissé quatre buts dans un match. Si ça ne change pas, il ne sera plus là la saison prochaine. » Quelques jours plus tôt, c’étaient les supporters qui s’en prenaient à lui, après une défaite contre Bournemouth. Face aux huées, l’ancien boss du Celtic apparaissait touché : « Je n’ai pas aimé (les insultes) qui ont été dites parce que je suis un être humain, mais il faut encaisser. J’ai assez d’expérience pour savoir que quand les choses ne vont pas, il faut comprendre la frustration et la déception. Ce soir, ils ont raison d’être déçus, car on a laissé filer un match. Je suis OK avec ça mais je suis déterminé à redresser la barre et je vais me battre jusqu’à ce que ce soit fait. »
Le vrai problème de ce collectif nord londonien, c’est qu’il est en recherche d’un véritable patron depuis les départs de Harry Kane au Bayern ou de Højbjerg à Marseille. Il n’a pas non plus une énorme profondeur de banc, alors Tottenham fait avec ses armes. Devant, elles s’appellent Richarlison ou Timo Werner, pas vraiment les plus aiguisées du tiroir. D’autant plus que le 4-3-3 de Postecoglou est plus exigeant qu’il n’en a l’air, avec les latéraux devant se placer au cœur du jeu comme ce bloc ultra haut demandent un nombre incalculable d’efforts. Malheureusement, Postecoglou n’a pas l’effectif pour subvenir à ses désirs. Oui, l’Australien a un plan, tout le monde l’a compris, et lui pense pouvoir le tenir sur le long terme. Mais le problème, c’est qu’à Tottenham, l’impatience est une culture. L’abstinence de trophées commence à peser, surtout sur les pensionnaires du banc londonien, si bien que le dernier coach à avoir effectué un mandat de plus de deux ans n’est autre que Mauricio Pochettino, lui qui a effleuré une victoire en finale de Ligue des champions.
Le moment pour Daniel Levy de tirer sa révérence
Après que les joueurs et leur coach ont été proclamés coupables concernant la situation du club, les fans pointent désormais du doigt le président, Daniel Levy, aux commandes depuis 2001. « L£VI OUT », ce sont les mots marqués sur les ballons de baudruche d’une manifestation autour du stade il y a quelques jours. Après l’augmentation des billets d’entrée et la suppression de certains avantages, tout laisse à penser que la relation entre le natif de l’Essex et ses supporters est à point de non-retour. Dire que Levy n’injecte pas d’argent serait osé : plus d’un milliard d’euros dépensé sur le marché des transferts depuis son arrivée. Mais ont-ils été utilisés judicieusement dans le renforcement du collectif du THFC ? Cela reste à démontrer.
Reste que même certains joueurs font aujourd’hui entendre leur voix pour exprimer leur ras-le-bol d’évoluer dans une équipe qui joue bien mais qui ne gagne rien. « Il faut réaliser que quelque chose ne va pas, a déclaré Cristian Romero à la télévision espagnole à la suite de la défaite face à Chelsea. Ces dernières années, ça a toujours été la même chose : d’abord, les joueurs sont mis en cause, puis on change de coach, et c’est toujours le même responsable. » Le déplacement à Nottingham, cet épouvantail qui avance masqué depuis le kick-off de la saison, s’annonce plus périlleux que jamais pour la bande de Son.
Par Hugo Geraldo