Tottenham-Leicester : Heung-min Son, l’orgueil piqué au vif

La mine renfermée, le regard dans le vague et une place inhabituelle sur le banc. Ce samedi ne s’annonçait pas des plus radieux pour Heung-min Son. Mais une fois entré sur le rectangle vert à la 59^e minute de jeu, alors que Tottenham menait 3-2 face à Leicester, la fin de journée du Sud-Coréen s’est éclaircie : quatorze minutes pour se distinguer, puis treize pour planter un triplé. Et quel triplé ! À la 73^e minute, bien aidé par le travail de sape de Rodrigo Bentancur, Son traverse la moitié de terrain adverse avant de décocher une banderille, à vingt mètres des buts de Danny Ward, qui termine dans la lucarne droite. Dix minutes plus tard, Harry Kane décale le cuir sur la droite pour son compère d’attaque. Libre, Son illumine le Tottenham Hotspur Stadium d’un enroulé du pied gauche clinique. Pas rassasié et soucieux de respecter l’adage « jamais deux sans trois » , l’ancien joueur du Bayer Leverkusen régale à nouveau deux minutes plus tard – cette fois-ci aidé par les grands compas de Pierre-Emile Højbjerg – et trompe une troisième fois Ward, un poil trop court. Un temps annulé pour une position de hors-jeu, le pion est finalement validé par la VAR pour le plus grand plaisir des Spurs et leur manager Antonio Conte, tout heureux de retrouver le vrai Heung-min Son, celui qui terrifiait l’Angleterre l’an passé (23 buts en 35 matchs de championnat).

La réponse à Antonio Conte

Le Son que Tottenham voyait errer depuis le début de la saison était en revanche nettement moins conquérant. Huit rencontres, toutes débutées comme titulaire, pour une seule passe décisive contre Southampton lors de la première journée. Faiblard, voire inquiétant pour un joueur de la trempe de l’international sud-coréen (100 sélections, 32 pions). Ce qui avait poussé Antonio Conte à lâcher un petit taquet déguisé envers son joueur. « Bien sûr que Sonny n’est pas content parce qu’il ne marque pas. C’est normal et j’apprécie qu’il soit un peu énervé par cette situation car cela signifie qu’il veut changer les choses, mais aussi parce qu’on a besoin de lui, abondait le coach italien en conférence de presse d’avant-match. Il peut évidemment arriver qu’il ne débute pas certaines rencontres, comme cela pourrait arriver à Harry Kane. Mais seulement pour le protéger, lui donner la possibilité de se reposer. » Sauf que l’attaquant anglais a déjà planté à six reprises en neuf rencontres et semble dans le bain, tandis que Son semblait traverser une petite crise de confiance jusqu’à ce samedi où il a remis les pendules à l’heure en un claquement de doigts, sans prendre la peine – ou presque – de célébrer son chef-d’œuvre.

De quoi apporter de l’eau au moulin de Conte, qui peut s’appuyer sur une rotation conséquente en attaque (Kane, Son, Richarlison, Lucas Moura ou encore Dejan Kulusevski) et ne pas se reposer uniquement sur le duo Kane-Son (40 buts à eux deux en Premier League l’an passé), d’autant plus lorsque l’on sait le calendrier hyper chargé qui attend les Spurs jusqu’à la Coupe du monde (13 matchs en 43 jours, soit un match tous les trois jours en moyenne dont des confrontations contre Arsenal, Manchester United, Newcastle, Liverpool et les quatre dernières journées de Ligue des champions). Résultat : Tottenham est provisoirement deuxième de championnat, à égalité de points avec Manchester City, et Heung-min Son a retrouvé de sa superbe. La méthode Conte semble avoir fonctionné.