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Tottenham, la saison d’après
Autre équipe surprise en Premier League la saison dernière avec Leicester, les Spurs peuvent s’en vouloir d’avoir laissé filer les Foxes en tête dans les dernières journées du championnat. D’autant que la saison à venir ne s’annonce pas forcément des plus radieuses du côté de White Hart Lane.
« C’est un résultat terrible. Nous demandons pardon à tous les supporters. » En ce dimanche ensoleillé du mois de mai, c’est un Harry Kane abattu qui apparaît devant les journalistes rassemblés en masse dans la zone mixte de St James’ Park. La saison de Premier League vient tout juste de se terminer et le classement final a des airs de déjà-vu : Arsenal 71 points, Tottenham 70 points. Cette année encore et comme depuis l’exercice 1995-1996, les Gunners terminent le championnat devant leurs rivaux du nord de Londres. Pourtant, au soir de la 35e journée, alors qu’il ne restait plus que trois matchs à jouer, les Spurs, toujours à la lutte pour le titre avec Leicester, comptaient encore cinq points d’avance sur leur meilleur ennemi. Un match nul catastrophique à Chelsea (2-2, venu enterrer définitivement les espoirs de sacre) et deux défaites plus tard, dont ce cuisant 5-1 chez le relégué Newcastle, et voilà les fans de Tottenham et Harry Kane en plein cauchemar, observant leurs voisins fêter le St Totteringham’s Day, jour où les supporters d’Arsenal célèbrent le fait d’être assurés de finir devant les Spurs au classement.
Et les pensionnaires de White Hart Lane, qui courent après un titre de champion d’Angleterre depuis 1961, semblent bien avoir laissé passer leur chance dans une saison marquée par les défaillances de Chelsea, Manchester United, Manchester City, Liverpool et même Arsenal. D’autant que le plus dur arrive pour des Spurs qui auront à cœur de s’affirmer comme une alternative naturelle au Big Four en championnat, mais dont les joueurs risquent d’être plombés par l’Euro qui vient de s’écouler et la campagne de Ligue des champions à venir.
Un Euro raté pour les cadres de l’effectif
Alors que Tottenham était le troisième club le plus représenté lors de l’Euro 2016 derrière la Juventus et Liverpool (12 joueurs retenus contre 11 pour les Spurs), les cadres du club ne se sont toutefois pas vraiment mis en valeur lors de ce championnat d’Europe. Harry Kane, meilleur buteur du championnat, est passé complètement à côté de ce grand rendez-vous, tout comme Dele Alli, l’autre leader technique de Tottenham, désigné meilleur jeune joueur en Premier League la saison passée. Les cinq Spurs appelés par Roy Hodgson (Kane, Alli, Dier, Walker, Rose), tous titulaires lors l’humiliation subie contre l’Islande en huitièmes de finale de l’Euro, risquent de mettre du temps avant d’effacer ce souvenir douloureux de leur mémoire.
Seuls Hugo Lloris, finaliste, et le latéral gauche gallois Ben Davies, demi-finaliste surprise, auront finalement réussi leur campagne européenne. Les Belges du vestiaire Moussa Dembélé, Jan Vertonghen ou Toby Alderweireld, qui nourrissaient de grandes ambitions pour cet Euro, vont eux aussi devoir digérer cette élimination prématurée en quarts de finale avant de se remettre dans le bain de la Premier League.
Un recrutement low-cost et la découverte de la C1
Pendant que les supporters de Manchester United, Chelsea ou City voient débarquer dans leurs rangs des joueurs comme Ibrahimović, Mkhitaryan, Pogba, Kanté, Michy ou Gündoğan, les fans des Spurs doivent, quant à eux, se contenter des arrivées moins bruyantes de Victor Wanyama en provenance de Southampton, Vincent Janssen, meilleur buteur en Eredivisie l’an passé ou encore de l’ex-Marseillais Georges-Kévin Nkoudou. Le pouvoir d’attraction des Spurs reste donc assez limité malgré la bonne saison des hommes de Mauricio Pochettino. Plusieurs joueurs ciblés par l’entraîneur argentin cet été comme Götze, Wijnaldum, Batshuayi ou Lacazette ont ainsi préféré décliner la proposition du club londonien. Ce recrutement paraît donc bien léger au moment où les Spurs s’apprêtent à retrouver la Ligue des champions, compétition qu’ils n’ont plus disputé depuis la saison 2010-2011 et une élimination en quarts de finale contre le Real Madrid.
Cette qualification en C1, tant attendue par le club et les supporters, a tout du cadeau empoisonné. Les joueurs présents lors de l’épopée de 2011 ont tous quitté le club depuis, et seuls quatre joueurs de l’effectif (Lloris, Son, Eriksen et Vertonghen) peuvent se targuer d’avoir déjà joué la plus prestigieuse des compétitions européennes. Un manque d’expérience qui pourrait coûter cher aux Nord-Londoniens, habitués de la Ligue Europa, mais souvent décevants contre des « grosses » équipes de C3 comme Benfica ou Dortmund, clubs les ayant éliminés de la compétition ces dernières saisons. Reste donc à savoir si la profondeur de banc de Tottenham sera suffisante pour être compétitif et faire bonne figure à la fois en championnat et en Ligue des champions. Et peut-être espérer enfin finir devant Arsenal au classement.
Par Maxime Feuillet