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Tottenham, la brouille des schémas
Comme face à City en quarts de finale retour, Mauricio Pochettino s'est de nouveau planté dans son schéma initial et a dû changer ses plans en cours de rencontre. Cette fois, il était trop tard pour un Tottenham qui a buté sur un Ajax caméléon.
On avait laissé Mauricio Pochettino sur une grimace, samedi, quelques minutes après la douzième défaite de la saison de ses Spurs. Là, dans une salle du Tottenham Hotspur Stadium, l’Argentin était venu parler de « fatigue et de stress » : une rareté dans les mots venant confirmer l’impression d’un Tottenham qui n’en peut plus depuis plusieurs semaines. Puis, avant cette demi-finale aller de Ligue des champions, il avait été décidé de fermer les yeux et de croire qu’il n’y aurait plus d’usure, que le parfum européen viendrait réveiller les âmes. C’était aussi l’espoir de Pochettino, venu ouvrir sur la table lundi après-midi le cœur de son équipe : « Il y a dans l’équipe un état d’esprit qui peut nous permettre de tout accomplir. C’est notre force. Il est impossible d’être fatigué. Tout sera mental. Et l’énergie sera là. » Et, les lumières se sont allumées et les vérités sont tombées : mardi soir, Tottenham a été poussé dans les cordes et aura une nouvelle fois dû attendre plus d’une demi-heure avant de vraiment plonger la tête dans sa rencontre. Mauricio Pochettino y est pour quelque chose.
L’erreur de Pochettino
Pour une raison simple : comme face à Manchester City en quarts de finale retour, l’Argentin s’est trompé de système et a été obligé de réagir dans l’urgence et sous les circonstances. Contre City, Pochettino avait rapidement vu son losange éclater sur la largeur, Pep Guardiola ayant demandé à ses hommes d’étirer au maximum le jeu et Kyle Walker martyrisant notamment Dele Alli. Cette fois, face aux nombreuses absences (Kane, Winks, Son…), Mauricio Pochettino avait décidé de coucher un 5-3-2, qui a là aussi éclaté sous les combinaisons courtes de l’Ajax, qui a ressemblé sur la première demi-heure à une équipe de foot en salle sur un terrain de foot à onze. Le même 5-3-2 qui n’a jamais fait ses preuves à Tottenham (surtout avec un Sánchez faiblard à la relance) et qui a ce soir pris la marée jusqu’à la sortie sur blessure de Vertonghen, remplacé par un Moussa Sissoko brillant, qui a permis aux Spurs d’exister de nouveau dans les duels et dans les transmissions. Il était tard dans la rencontre, surtout lorsqu’on parle d’une demi-finale de C1 et face à une équipe aussi pro-active que l’Ajax, qui avait d’ailleurs déjà ouvert le score.
Réveil par la destruction
On savait Tottenham affaibli au milieu et en attaque, sur le fil, usé après avoir vécu le pic émotionnel de sa saison en quarts de finale retour sur le terrain de Manchester City et on attendait de voir une réaction. Résultat ? On l’aura obtenu lorsque Mauricio Pochettino a réinstallé une défense à quatre et Alli dans une position préférentielle et lorsque Llorente a reçu un minimum de soutien pour accompagner son bon travail d’appui. Lorsqu’il a surtout ressorti face aux circonstances un vieux conseil de José Mourinho, qui avait préconisé d’imposer de l’impact physique à cet Ajax : un réveil par la destruction plus que par la construction. Cela n’aura pas suffi malgré une bonne réaction, une hausse de l’intensité et une gêne accrue sur les relances bataves, et donne des pistes pour un retour, où Son sera de retour, entre deux inconnus à qui ils restent quatre-vingt-dix minutes pour obtenir le ticket d’une vie. Reste un chiffre comme une douche : plus aucune équipe ayant perdu une demi-finale aller à domicile ne s’est qualifiée depuis 23 ans. Son nom ? L’Ajax.
Par Maxime Brigand