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Tottenham face aux éléments
En déplacement à Chelsea pour la demi-finale retour de League Cup, Tottenham joue ce jeudi soir son match le plus important de la saison jusque-là. Problème : son attaque est complètement décimée. Malchanceux, les Spurs et leur entraîneur en appellent aux tripes pour franchir l'obstacle et se rapprocher d'un trophée qui leur échappe depuis plus d'une décennie.
Un simple coup à la cheville, et c’est toute une saison qui risque de basculer. Le 13 janvier dernier, lorsque le maladroit Phil Jones écrase le pied de Harry Kane dans les dernières secondes de la rencontre entre Tottenham et Manchester United (0-1), les ligaments de l’attaquant anglais ne sont pas les seuls à être abîmés : jusqu’à son retour courant mars, c’est toute l’équipe de Tottenham qui se verra privée de sa principale arme offensive et leader charismatique. Un passage presque obligatoire en cours de saison, certes, mais arrivé peut-être au pire des moments pour les Spurs. Car le même soir, c’est Heung-min Son, le second meilleur buteur du club cette année, qui prenait l’avion direction les Émirats arabes unis pour disputer la Coupe d’Asie avec sa Corée du Sud. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà Dele Alli qui se blesse à son tour une semaine plus tard sur le terrain de Fulham, avec un retour prévu pour mars également. La grosse poisse.
Impact et légèreté du banc
Incontestablement, cet enchaînement de mauvaises fortunes marque un tournant dans la saison jusqu’ici réussie de Tottenham, auteur de sa meilleure première moitié de championnat de l’histoire et encore en lice dans toutes les compétitions. Un tournant dramatique, voire catastrophique pour certains : « La saison de Tottenham va-t-elle imploser sans Harry Kane ? » titrait ainsi Forbes à la suite du match contre United, invoquant en premier lieu un effectif « non équipé pour gérer des absences aussi cruciales » . De ce point de vue, le déplacement à Fulham, avant-dernier du championnat anglais, peut en effet faire craindre le pire avec un Erik Lamela par intermittence et un Fernando Llorente désastreux dans la finition. Et puis, il y eut cette 93e minute sortie de nulle part. Un centre de Georges-Kevin N’Koudou et une tête de Harry Winks pour un succès 2-1. De toute évidence, Winks et N’Koudou ne guideront pas l’animation offensive de leur équipe en l’absence de Kane, Son et Dele. Mais ce but dans les arrêts de jeu donne une idée de sur quoi Tottenham pourra compter dans les semaines à venir : de la persévérance, des courses et de la solidarité. Bref, des tripes.
Voilà en tout cas le cri de ralliement de Mauricio Pochettino, formulé lors d’un récent entretien accordé au Telegraph : « Ce n’est pas le moment d’avoir peur des circonstances » , y rétorque-t-il à l’idée d’acheter un attaquant lors du mercato d’hiver, avant de montrer les muscles. « Si l’on gonfle nos poitrines et qu’on reste positifs, on peut profiter d’un challenge formidable pour montrer qu’on est une vraie équipe. » Un état d’esprit qu’il souhaite bien sûr voir dès ce jeudi soir à Stamford Bridge, comme il le partage sur une vidéo pour les réseaux sociaux du club : « Je pense que la clé du match sera plus dans l’attitude et la mentalité que dans la tactique ou la stratégie. » Pochettino va ainsi probablement arriver à Stamford Bridge avec une défense à cinq, déjà mise en place ce dimanche à Fulham, pour avant tout maintenir l’avantage d’un but acquis au match aller.
Une compétition secondaire qui signifierait tant
Le défi, crucial, sera compliqué à relever pour Tottenham. Distancé par la locomotive Liverpool en championnat, sûrement encore trop frais pour prétendre à la Ligue des champions et aujourd’hui aux portes d’une finale, la League Cup est leur principal espoir cette année pour, enfin, remporter un trophée. Soit onze années après avoir remporté cette même compétition, la dernière ligne à leur palmarès. Une petite éternité qui fait le bonheur des supporters rivaux, jamais lassés de rappeler à la Yid Army son statut de loser. Un trou qui obscurcit aussi la réputation de Pochettino et des joueurs cadres qui l’accompagnent depuis plusieurs années, malgré un admirable travail mené en dehors des folies marchandes des top clubs européens.
Le symbole de cette incapacité à passer le cap a d’ailleurs un nom : Chelsea. Ce sont en effet les Blues qui les ont battus lors de la première finale à laquelle le Tottenham de Pochettino a accédé. C’était en 2015, en League Cup, déjà. Surtout, c’est à Stamford Bridge que les rêves de Premier League des Spurs se sont effondrés au printemps 2016, l’année où l’improbable Leicester de Kanté et Mahrez a profité de la faillite des gros du championnat à la place de Tottenham. Tenu en échec ce soir-là au terme d’une partie mémorable par son intensité et sa violence, Pochettino promet trois ans plus tard de repartir à la guerre, à défaut de pouvoir remporter la bataille technique. Dans leur longue quête d’un premier titre, quoi de plus beau donc qu’écarter Chelsea dans leur propre stade et contre les embûches du destin ? Une parfaite histoire d’underdog est en tout cas déjà toute tracée, d’autant plus qu’au bout de ces 90 minutes, c’est le Manchester City de Guardiola et ses pétro-dollars qui attendent du haut de leur tour.
Par Kerill McCloskey