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Tottenham et la Poche pleine
Évoqué à Manchester United pour s'installer sur le banc la saison prochaine après avoir été pressenti pour s’asseoir sur celui du Real Madrid l'été dernier, Mauricio Pochettino songe forcément à un éventuel départ. Mais s'il continue d'esquiver la question à Tottenham, il considère visiblement qu'il a encore un avenir à construire chez les Spurs.
La scène se déroule en conférence de presse, avant la rencontre disputée à Everton pour le compte de la 18e journée. Pour une fois, ce n’est pas l’entraîneur interrogé qui fait le show. Face aux médias, Mauricio Pochettino reste en effet silencieux, observateur du bras de fer qui a lieu entre l’attaché de presse de Tottenham Simon Felstein et les journalistes. Ces derniers souhaitent évoquer les rumeurs qui envoient l’Argentin à Manchester United la saison prochaine (en remplacement d’Ole Gunnar Solskjær, lui-même récent successeur de José Mourinho), tandis que le responsable de la communication fait office de mur sur lequel toutes les interrogations sur le sujet s’écrasent.
Awkward ? Mauricio Pochettino’s pre-Everton press conference was overshadowed by a dispute between a reporter and the press officer. pic.twitter.com/hvSv8DvVZg
— BBC Sport (@BBCSport) 20 décembre 2018
Alors, le technicien entre en piste. « Tu vas être la star de la conférence » , lance-t-il à son collègue sur un ton amusé. Une simple remarque qui renvoie tout de même une double signification sur l’état d’esprit du coach : il n’est absolument pas perturbé par la situation – sans doute parce qu’il y réfléchit sereinement –, et respectera la loi du silence à propos du thème évoqué – peut-être parce qu’on lui a demandé.
Le Real ? Séduisant, mais…
C’est que ces dernières années, les rumeurs et possibilités de départ ne manquent pas pour Pochettino. Le Real Madrid, notamment, tourne autour du Sud-Américain depuis quelques mois. Chose qui charme l’intéressé. « Ces articles ne sont ni énervants ni ennuyeux, a-t-il ainsi publiquement déclaré en décembre. Je préfère que les journaux parlent de ce genre de sujet plutôt que de dire que Tottenham va me virer, que les gens en ont marre de moi ou qu’on est dans une période difficile. Si je dois choisir le thème de leurs articles, je prendrai celui-là. Forcément. Ça ne me lasse pas. »
Mais s’il n’est pas insensible aux yeux doux de Florentino Pérez, et si un changement d’employeur est humainement envisagé ou envisageable pour lui, le tacticien préfère s’arrêter sur deux autres questions liées : de quoi a-t-il envie, et a-t-il encore beaucoup à offrir aux Spurs ? Les éléments de réponse actuels, fluctuant évidemment avec le temps et les résultats sportifs, parlent cependant pour une prolongation de l’aventure commune.
« Je veux rester ici toute ma carrière »
Dès son arrivée à Londres en 2014, Pochettino a été clair : le projet résidait dans la construction progressive d’un club amené à retrouver les sommets et la Ligue des champions chaque saison, jusqu’à se battre pour remporter des titres. Dans une Premier League aux moyens financiers illimités et à la concurrence exacerbée, ce genre d’ambitions prend du temps. L’ancien de Southampton le savait, et le sait toujours : en quatre ans, Tottenham n’a pas soulevé une seule coupe et a obtenu un unique huitième de finale de C1, malgré des championnats réussis, un jeu attractif et des progrès évidents à tous les niveaux. Autrement dit, le programme suit doucement son cours, le club étant désormais largement au-dessus de quatorze autres de première division anglaise (il représente d’ailleurs un modèle pour Everton, son adversaire du jour), mais pas encore l’égal des ogres britanniques.
Alors que beaucoup d’entraîneurs pourraient perdre patience et se laisser séduire par une entité déjà au top, l’ex de l’Espanyol Barcelone, lui, semble au contraire s’éclater dans la difficulté. « Nous travaillons avec la responsabilité de créer un projet sur le long terme, a-t-il donc assuré, pas plus tard que début novembre.Il est vrai qu’aujourd’hui dans le football, il est toujours question de présent, de bons résultats rapidement, aussi vite que possible et il est difficile de parler de projet. » Mais le bonhomme est catégorique : « Je veux rester ici toute ma carrière. » Pas de quoi contenter les journalistes en conférence de presse, malheureusement.
Par Florian Cadu