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Tottenham et la gestion de l’après-Bale
Gareth Bale retrouve Tottenham ce mercredi soir avec le Real Madrid. Depuis le départ du Gallois, en 2013, les Spurs progressent année après année et s’installent peu à peu comme un grand d’Angleterre.
L’issue de ce feuilleton était inéluctable. Après des semaines de tractations, Florentino Pérez et Daniel Lévy, présidents respectifs du Real Madrid et de Tottenham, trouvaient un accord pour le transfert de Gareth Bale vers la Maison-Blanche. Un an après avoir vendu Luka Modrić aux Merengues contre 37 millions d’euros, les Spurs frappaient un nouveau grand coup lors de cet été 2013, en ramassant près de cent millions d’euros dans la transaction. Un montant record à l’époque, qui faisait de l’ailier gallois le joueur le plus cher de l’histoire devant Cristiano Ronaldo. Les pensionnaires de White Hart Lane se séparaient alors du joueur majeur de leur effectif, capable de débloquer n’importe quelle situation. Avec vingt et un buts marqués en Premier League lors de la saison 2012-2013, Bale, élu meilleur joueur du championnat cette année-là, occupait la troisième place du classement des buteurs outre-Manche derrière Van Persie (Manchester Unied) et Suárez (Liverpool). Si le départ du Gallois laissait un grand vide dans le cœur des supporters des Spurs, le montant astronomique de son transfert laissait toutefois entrevoir de jolies perspectives pour le club du nord de Londres.
Une saison post-Bale à deux balles
Avec plus de cent millions d’euros dans les poches à l’été 2013, Daniel Lévy, espérant flairer les bons coups pour permettre à son club de retrouver une place dans les quatre premiers du championnat (directement qualificative pour la Ligue des champions), s’offre quelques folies sur le mercato. Nacer Chadli, Vlad Chiricheș, Étienne Capoue, Paulinho, Christian Eriksen, Erik Lamela et Roberto Soldado débarquent au club pour un montant total avoisinant les 120 millions d’euros. À la tête de l’effectif, André Villas-Boas, mal-aimé des supporters, n’a pas le droit à l’erreur. Mais les pancartes « AVB out » réclamant le départ du tacticien portugais ne tardent pas à fleurir dans les travées de White Hart Lane. Après des revers contre Newcastle, West Ham, Arsenal et des claques reçues à City (6-0), puis à domicile contre Liverpool (0-5), Villas-Boas est démis de ses fonctions au lendemain de la seizième journée. Tim Sherwood reprend une équipe désorganisée, septième du championnat. L’entraîneur anglais fait des choix forts, laissant notamment le flop Soldado, recrue la plus chère de l’histoire du club, sur le banc au profit d’un Emmanuel Adebayor retrouvé, auteur de onze buts en vingt matchs. Les Spurs terminent finalement sixièmes de Premier League, à treize points du podium. La saison est ratée. Les recrues pourtant attendues au tournant ont globalement déçu, et les observateurs de la Premier League ne se soucient guère plus de ce club qui s’imaginait titiller le Big Four en début de saison.
L’arrivée salvatrice de Pochettino
Le board de Tottenham passe l’éponge sur cet exercice manqué et nomme dès la fin de la saison un nouvel entraîneur à la tête du club. Mauricio Pochettino quitte ainsi Southampton et prend ses quartiers à Londres. L’ancien joueur du Paris Saint-Germain s’appuie sur de jeunes talents comme Eric Dier, arrivé en provenance du Sporting, pour solidifier son assise défensive, mais ses débuts sur le banc des Spurs sont difficiles. Tottenham pointe à la douzième place au classement fin octobre et, alors que la place de Pochettino se retrouve plus menacée que jamais, un jeune attaquant découvert un mois plus tôt en Ligue Europa contre Asteras Tripoli (5-1) marque le but de la victoire dans les arrêts de jeu à Villa Park (1-2). Cet attaquant formé au club s’appelle Harry Kane et permet au coach argentin de sauver sa peau ce soir-là. « Pour moi, ce but était magnifique parce qu’il signifiait beaucoup. C’était la possibilité de garder nos postes dans le staff. Nous étions sous pression, nous gagnions peu, et les premières personnes à partir quand il y a des mauvais résultats sont les entraîneurs. Les dix premiers matchs sont les plus importants. C’est pour cela que ce but a, selon moi, permis de faire tout ce chemin parcouru » , expliquait Mauricio Pochettino en septembre dernier dans l’Independent.
Une progression constante
Oui, les Spurs en ont fait du chemin depuis ce but marqué dans les arrêts de jeu à Villa Park. Le jeune Harry Kane, révélation de cette saison 2014-2015 avec 21 buts marqués, est devenu grand. Pochettino s’est appuyé sur un recrutement intelligent et efficace avec les arrivées notoires du jeune Dele Alli et Heung-Min Son pour épauler Kane en attaque, tandis que Toby Alderweireld a rejoint son ancien compère de l’Ajax, Jan Vertonghen, pour former une des plus solides charnières centrales d’Angleterre. Mieux structuré et parfaitement géré par son entraîneur argentin, Tottenham pense pouvoir briser le rêve fou de Leicester au printemps 2016, mais doit finalement se contenter de la troisième place du championnat, synonyme de retour en C1, qui échappait au club depuis 2011. Un résultat obtenu notamment grâce aux nouvelles dimensions prises par les internationaux anglais de l’effectif (Rose, Walker, Dier, Alli, Kane) qui formaient l’ossature de la sélection des Three Lions lors de l’Euro 2016.
Devancés par Leicester en 2016, les Spurs se sont de nouveau retrouvés dans la peau du chasseur derrière Chelsea la saison dernière. Si leur parcours européen a déçu (troisième de leur groupe en C1 derrière Monaco et Leverkusen), les Londoniens ont impressionné en championnat en présentant la meilleure attaque et la meilleure défense du championnat. En progression constante depuis le départ de Gareth Bale, Tottenham, qui évoluera dans un stade flambant neuf la saison prochaine, s’affirme peu à peu comme un grand d’Angleterre. En position d’outsider derrière les deux Manchester en Premier League cette année, les Spurs pourraient bien franchir un cap sur le plan européen. Premiers du groupe H devant le Real et Dortmund à mi-parcours, les hommes de Mauricio Pochettino seraient quasiment qualifiés pour les huitièmes en cas de résultat positif ce mercredi soir à Wembley. Un match qui pourrait permettre à Harry Kane, de retour de blessure, de convaincre définitivement Florentino Pérez de s’asseoir à nouveau à la table de Daniel Levy pour engager des négociations. Aux bons souvenirs de l’été 2013.
Par Maxime Feuillet