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- United-Tottenham (1-6)
Tottenham éparpille un Manchester United indigent façon puzzle
Quelle berezina ! Tottenham n'a pas seulement collé un set à Manchester United sur sa pelouse ce dimanche (6-1), il a aussi révélé au grand jour les abyssales largesses défensives et collectives de la troupe d'Ole Gunnar Solskjær. Qui, dans deux semaines, affronte le PSG en C1...
Manchester United 1-6 Tottenham
Buts : Bruno Fernandes (2e, sp) pour les Red Devils // Ndombele (4e), Kane (30e et 79e sp), Son (7e et 36e), Aurier (50e) pour les Spurs Exclusion : Martial (28e) pour United
Qu’avez-vous le temps de faire, en sept minutes ? Répondre à un SMS un peu gênant, passer un petit coup de balai, jeter un œil aux dernières nouvelles du monde… Manchester United et Tottenham, eux, n’ont pas votre temps. Trente secondes après le lancement des hostilités, Anthony Martial avait déjà eu le loisir d’obtenir un penalty transformé par Bruno Fernandes avant que les Spurs ne fassent voler en éclats cette entame rêvée.
En plantant deux fois lors des six minutes subséquentes, puis deux nouvelles fois lors de la demi-heure suivante. Car du côté de la défense des Red Devils, il n’y avait aucun horloger pour mettre les pendules à l’heure. Tout au ralenti, comme si le temps était suspendu. Tout en traînant des pieds, comme s’il y avait le temps de revenir. 90 minutes : c’est la durée qu’il a fallu à Tottenham pour signer un récital, et celle que Manchester United a mise à profit pour se ridiculiser dans les grandes largeurs.
La manchette de Lamela, le rouge de Martial
Pas le temps de dire ouf, donc, que le clairsemé public d’Old Trafford est déjà en délire : à la suite d’un joli mouvement de la part des Red Devils, Martial vient de pousser Davinson Sánchez à la (très bête) faute dans sa surface. De quoi permettre au saut de cabri de Bruno Fernandes de faire une nouvelle victime, en la personne d’Hugo Lloris (1-0, 2e). À ce moment, nul ne se doute que Manchester United s’apprête à vivre un naufrage façon Costa Concordia 2.0. Avec Harry Maguire dans la peau du capitaine couard quittant le navire avant l’heure, mais aussi tout l’équipage abandonnant les passagers des travées d’Old Trafford à leur triste sort. Si les Spurs avaient été des pirates, ils auraient été bien déçus de voir que le rafiot qu’ils s’apprêtaient à aborder était la version 2020 du Radeau de La Méduse. Mais autant partir à l’abordage quand même, juste pour voir s’il n’y a pas deux-trois choses de valeur à piller dans cette carcasse fantôme.
Acte I : Maguire vautre sa tête en retrait, Luke Shaw se fait dépecer par Erik Lamela, et Tanguy Ndombele est là pour asséner un premier coup de hache (1-1, 4e). Acte II : Maguire fait faute, sur Harry Kane. Nemanja Matić, Aaron Wan-Bassaka et Maguire se regardent comme si le chant des sirènes les avait paralysés, et la vitesse de Son devant l’apathique Éric Bailly fait le reste (1-2, 7e). Acte III : le « Black Maldini » relance aussi naïvement que possible dans sa surface, Kane se jette et amène à bon port la barque très bien menée par les Spurs sur cette action (1-3, 30e). Acte IV : Shaw et Maguire décident d’interchanger leur poste (!), juste comme ça, pour voir ce que ça fait. La sanction est immédiate : Serge Aurier peut tranquillement écarter la mer Rouge, et guider Heung-min Son en terre promise (1-4, 36e). Pour ne rien épargner à la peine des Mancuniens et pour fournir un semblant d’explication à leur descente aux enfers du soir, Martial a laissé les siens à dix dès la 28e minute en répliquant à une manchette de Lamela par un coup de poing au niveau du cou. Si un sentiment d’injustice pourra logiquement envahir les Red Devils, ceux-ci n’ont eu besoin de personne pour se saborder dans les grandes largeurs.
Le calvaire de Pogba
Car si la défense a fait valoir toute l’étendue de sa palette de la lose (placement aberrant, relances infâmes, absence indigne de concentration et d’impact), le reste de la troupe n’est pas à excuser non plus. En premier lieu, un Paul Pogba certes en manque de rythme, mais surtout en manque total d’investissement et d’envie et qui sera d’ailleurs fautif sur l’acte V et VI de cette tragédie de tous les excès. En laissant Aurier faire ce que bon lui semble et frapper sans opposition (1-5, 50e), puis en provoquant niaisement un penalty transformé par Kane (1-6, 79e). L’homme en noir évite même à Luke Shaw de devenir le bouffon de la farce, lui qui aurait dû être exclu pour un tacle affligeant sur Lucas après un énième abysse laissé sur son flanc gauche (84e).
À l’inverse, Tottenham, qui jouait pourtant son quatrième match en sept jours et son huitième depuis le début de la saison, a montré à United tout ce qu’il fallait faire pour se montrer à la hauteur de l’événement. De l’engagement, de la rigueur, des déplacements, du jeu collectif… Un coup d’éclat qui valide le 4-3-3 de José Mourinho, ses bons choix au milieu (Moussa Sissoko et Ndombele titulaires, pour amener de l’impact et plus de densité) et même les recrues (l’affriolant Sergio Reguilón). Ah, et Harry Kane est devenu le premier joueur à cumuler six passes décisives dès les quatre premières journées de Premier League. Le jour, et la nuit.
Manchester United (4-2-3-1) : De Gea – Wan-Bissaka, Maguire, Bailly, Shaw – Pogba, Matić (46e, McTominay) – Greenwood (Van de Beek, 68e), B. Fernandes (Fred, 46e), Rashford – Martial. Entraîneur : Ole Gunnar Solskjær.
Tottenham (4-3-3) : Lloris – Aurier, Sánchez, Dier, Reguilón – Højbjerg, Sissoko, Ndombele (70e, Alli) – Lamela (46e, Lucas), Kane, Son. Entraîneur : José Mourinho.
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