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Tottenham-Aston Villa, 262 millions plus tard…
Malgré un marché des transferts plutôt modéré Outre-manche, deux équipes ont détonné par leur activité sur le mercato : Tottenham et le promu Aston Villa. À elles deux, les formations ont claqué plus de 260 millions d’euros pendant la fenêtre estivale. Pourtant, les stratégies des deux clubs et les ambitions sont aux antipodes. Quand l’un mise sur la qualité, l’autre achète à tour de bras pour ne pas se faire peur. Ironie du calendrier, les Spurs accueillent les Villans pour la première journée de Premier League, ce samedi (18h30).
Dix-huit mois, c’est long. Dix-huit mois, c’est le temps qu’il a fallu à Tottenham pour assumer son statut de grand d’Europe. Mais dix-huit mois, c’est aussi et surtout l’intervalle qui sépare Lucas Moura de Jack Clarke, devenu la première recrue depuis le Brésilien du PSG, le 31 janvier 2018. Contrairement à Chelsea cette saison, l’inertie n’était même pas due à une interdiction de recrutement : c’était voulu, pensé (pour débloquer des fonds sur d’autres dossiers comme le centre d’entraînement) et tout le monde était content. Sauf peut-être les supporters, toujours avides de nouvelles têtes.
Première désillusion cet été quand le jeune ailier, Clark, débarque au début du mois de juillet : il ne vient pas pour renforcer immédiatement les Spurs, puisqu’il est envoyé dans la foulée en prêt dans son ancien club, Leeds. Soulagement pour les fans du club londonien quand, quelques heures plus tard, Tanguy Ndombele pose tout sourire, casquette vissée sur la caboche et maillot des Spurs entre les mains. Ça y est, il est là, le gros poisson. Un joueur rayonnant pendant deux saisons avec l’Olympique lyonnais, prometteur à souhait et amené à devenir un cadre des Bleus. Le tout contre un chèque de 60 millions d’euros qui envoie un message en mondovision aux autres grands d’Angleterre : Tottenham est de retour sur le marché des transferts. Preuve que les soirées européennes endiablées n’ouvrent pas que l’appétit, mais aussi le portemonnaie.
Une activité constante pour Villa, ciblée pour Tottenham
En deux jours, les Spurs ont tout réglé : le 2 juillet pour Clarke (11 millions) et Ndombele, le 8 août pour Lo Celso (prêt de 16 millions avec option d’achat) et Ryan Sessegnon (20 millions). Un mercato de qualité, ciblé et médiatisé, forcément. À l’inverse, Aston Villa a agi en continu et dans l’ombre. Pas de gros transferts, mais une accumulation d’arrivées qui fait exploser le compteur final : plus de 148 millions d’euros dépensés sur douze joueurs, sans compter les retours de prêt. Pour des noms clinquants, il faudra repasser. Outre Wesley (FC Bruges), plus grosse recrue à 25 millions d’euros, Tyrone Mings, Douglas Luiz, Engels, El-Ghazi ou encore Mahmoud Trezeguet ont rejoint les Villans.
D’aucuns sont partisans de la continuité après une saison couronnée d’une promotion à l’étage ultime. Les dirigeants d’Aston Villa, eux, n’en ont a priori pas grand-chose à faire. Un gardien, un arrière gauche, quatre défenseurs centraux, deux milieux, trois ailiers et un avant-centre : en gros ils ont acheté un garage, la voiture pour aller dedans et la peinture pour refaire la devanture. Dans le sens inverse, quatorze joueurs ont pris la porte.
Attention au syndrome Fulham
À l’heure actuelle, le promu anglais occupe une délirante neuvième place dans le classement des clubs les plus dépensiers de l’été. Et si une telle activité pour un club qui déboule de deuxième division surprend toujours en France, c’est au contraire monnaie-courante en Angleterre. L’explication est évidemment à trouver dans la répartition des colossaux droits télévisuels. Pour les trois prochaines saisons, chaque promu devrait empocher une somme proche des 200 millions d’euros…
Une manne financière presque illimitée dont s’était très mal servi Fulham l’an passé. Promus en Premier League, les Cottagers avaient aussi claqué sans compter. 30 millions sur Seri, 25 sur Zambo-Anguissa, et autant sur Mitrovic pour, finalement, dilapider plus de 100 millions d’euros ci et là. Résultat ? Un crash complet en championnat qui a vu Fulham finir 19e, sans jamais pouvoir lutter — ou ne serait-ce qu’espérer — sauver sa place dans l’élite. Or, la stratégie estivale et la situation parfaitement similaire d’Aston Villa et de Fulham n’a évidemment rien de rassurant pour les Villans. Acheter pour acheter, ça ne marche pas souvent. Intégrer l’équivalent d’une nouvelle équipe à un effectif déjà constitué ne semble pas être, non plus, le plus judicieux des paris. Premier élément de réponse face à un cador, ce samedi après-midi.
L’objectif pour Villa sera, pour sûr, de ne pas finir dans le trio perdant quand Tottenham, désormais, fait office de favori pour grappiller une place sur la boîte. Voire plus. Jamais les hommes de Mauricio Pochettino n’ont semblé aussi bien armés pour aller titiller les intouchables City et Liverpool. Ce qui est déjà dingue, pour une équipe qui a fini « seulement » quatrième l’an dernier. Enfin, les Spurs auront l’ambition de définitivement prouver aux sceptiques qu’ils n’ont pas été propulsés en finale de Ligue des Champions par chance. Une qualif’ obtenue, justement, grâce à une masterclass de Lucas Moura en demie contre l’Ajax. Comme quoi, il suffira peut-être d’un de ses successeurs pour faire à nouveau basculer leur saison.
Par Arthur Stroebele