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Tottenham, à jamais les premiers
Adversaires de Monaco ce jeudi soir, Tottenham n'a pas toujours eu cette réputation de club loser qui lui colle à la peau et dont il ne fait pas grand-chose pour s'éloigner. Sur la scène continentale, les Spurs ont même été des précurseurs. La preuve par leurs trois trophées remportés dans les compétitions continentales.
Coupe des coupes 1963, premier vainqueur britannique
15 mai 1963, à Cap Canaveral, le tout dernier vol du grand programme Mercury, la mission spatiale américaine qui prépare les succès futurs des missions Apollo, est effectué. À des milliers de kilomètres de là, dans le monde du foot, c’est jour de grande première. En écrasant 5-1 l’Atlético Madrid, tenante du titre, à Rotterdam lors de la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, Tottenham devient le tout premier club britannique vainqueur d’un trophée européen. Un sacre conquis devant 49 000 spectateurs, grâce à un doublé du légendaire Jimmy Greaves, un autre de Terry Dyson et un cinquième but signé John « the ghost » White. Ce dernier mourra tragiquement l’année suivante, frappé par la foudre alors qu’il jouait au golf et s’était précipité sous un arbre pour se mettre à l’abri des intempéries… Les Spurs, qualifiés précédemment au détriment des Rangers, du Slovan Bratislava et de l’OFK Belgrade, étaient alors emmenés par le capitaine Danny Blanchflower, grande star du football nord-irlandais avant l’émergence d’un certain George Best.
Coupe UEFA 1972, premier vainqueur de la C3
Moins de dix ans plus tard, les Lilywhites garnissent encore un peu plus leur palmarès sur la scène continentale en allant conquérir un tout nouveau trophée mis en jeu : la Coupe UEFA, dont c’est la première édition en 1971/72 et qui succède à la très bucolique Coupe des villes de foires. Elle sera ensuite remplacée par l’actuelle Ligue Europa, mais ce sont donc bien les Londoniens qui les premiers soulèvent le trophée en forme de vase, à l’issue d’une finale 100% anglaise face à Wolverhampton. Un affrontement qui, à l’époque, se jouait en deux matchs domicile et extérieur, et où le plus gros du chemin a été accompli par Tottenham hors de ses bases, dans le rustique stade Molineux le 3 mai 1972. Le score : 2-1 pour les visiteurs grâce à un doublé signé Martin Chivers, dont une énorme sacoche frappée de l’extérieur de la surface pour offrir l’avantage aux siens en fin de partie. Avantage géré sans trop trembler au retour à White Hart Lane, avec un score de 1-1 devant 54 000 spectateurs. Auparavant, les Spurs avaient notamment éliminé le FC Nantes au second tour et le Milan AC de Gianni Rivera en demi-finale. Il s’agit du dernier trophée remporté avec l’entraîneur mythique Bill Nicholson, 36 ans de service au club en tant que joueur puis coach, qui était déjà sur le banc lors de la victoire en C2 en 1963 et qui décide de prendre sa retraite en 1974, après une nouvelle finale de C3 perdue cette fois face à Feyenoord et dont le match retour à Rotterdam avait été marqué par des affrontements entre supporters des deux camps. Les débuts du hooliganisme…
Coupe UEFA 1984, premier vainqueur aux tirs au but
Le côté précurseur est moins remarquable pour ce troisième et dernier trophée continental des Spurs, mais il n’empêche : ils sont les premiers de l’histoire à remporter la Coupe UEFA à l’issue de la séance des tirs au but. Sur la scène européenne, ce n’était en revanche pas tout à fait une première, car Valence avait dominé Arsenal de la même façon en finale de la Coupe des coupes quatre ans auparavant. À noter qu’en ce même printemps 1984, quelques jours seulement après le sacre à suspense de Tottenham en C3, c’est aussi aux tirs au but que se jouera l’issue de la finale de la Coupe des champions, avec Liverpool vainqueur de la Roma aux penaltys. Steve Archibald, Graham Roberts, Osvaldo Ardiles et toute la bande de Tottenham dominent l’Anderlecht d’Enzo Scifo, Franky Vercauteren et Morten Olsen en obtenant le 1-1 à Bruxelles le 9 mai, puis en refaisant 1-1 à Londres le 23 mai. Le héros de cette finale est le gardien des Spurs Tony Parks, qui bloque les tentatives de Morten Olsen et de l’Islandais Arnor Guðjohnsen (le père d’Eidur), pour une séance gagnée 4 tirs au but à 3. Tenants du titre, les Belges s’inclinent après avoir dominé en demi-finale une autre équipe anglaise, Nottingham Forest (0-2, 3-0). Une décennie plus tard, on apprendra que le match retour face à Forest avait été arrangé avec un arbitre partial qui avait accordé très généreusement un penalty aux Mauves et refusé un but valable aux hommes de Brian Clough.
Par Régis Delanoë