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Tosun is up
Après s’être levé en Turquie et avoir brillé à Beşiktaş, Cenk Tosun compte bien ensoleiller l’Angleterre avec Everton. Qui a placé 25 millions d’euros pour l’attirer et qui doit se rattraper après son mercato estival raté.
L’été n’a finalement pas suffi. Après avoir dépensé 151 millions d’euros en quelques semaines, Everton a ressorti le chéquier pour renforcer son effectif. Il faut dire qu’à mi-saison, les résultats bleus ne peuvent être qualifiés de satisfaisants au regard de la somme injectée dans les transferts. Le secteur offensif, orphelin de Romelu Lukaku, fait notamment pâle figure (neuvième attaque de Premier League avec 25 buts inscrits en 22 journées), Wayne Rooney portant quasiment seul sur son vieux dos la responsabilité de marquer (l’ancien de Manchester United est le meilleur buteur de l’effectif avec dix pions, Oumar Niasse le suivant avec cinq réalisations). Alors, les Toffees ont de nouveau investi. 25 millions d’euros qui attendent d’être officialisés (plus trois de bonus), et voilà donc Cenk Tosun qui va débarquer en provenance de Beşiktaş pour booster une équipe en panne d’inspiration.
À 26 ans, l’attaquant sort d’une année 2017 hyper convaincante, durant laquelle il a planté à 24 reprises toutes compétitions confondues et régalé ses fans. Suffisant pour lui offrir un contrat de quatre ans et demi assorti d’un salaire annuel de 8,4 millions ? Oui, ont répondu les dirigeants de Liverpool. Oui, répond également Mehdi Bourabia, milieu de terrain de Konyaspor qui a croisé le chemin de la recrue cette saison : « Je ne suis pas surpris qu’Everton mise 25 millions sur lui. Ce qui m’étonne, c’est au contraire qu’il n’aille pas dans un club encore plus huppé. Car c’est un super joueur. Je ne le connaissais pas avant d’arriver en Turquie, et j’ai été étonné par sa puissance. En plus de ça, il s’arrache sur chaque ballon et n’est pas mauvais techniquement. »
Profil complet, profil anglais ?
Reste quand même à se conformer au football anglais, Tosun ne connaissant pour le moment que la Bundesliga – il a commencé à l’Eintracht Francfort – et la Süper Lig. « Il est hyper fort dos au but, il se sert très bien de son corps. C’est compliqué de le bouger quand il protège son ballon ! J’ai du mal à lui trouver un point faible, c’est un attaquant complet. Le prototype de l’attaquant chiant pour un défenseur, quoi, présente Bourabia, qui a visiblement gardé de mauvais souvenirs de leur rencontre. C’est clair que son jeu dos au but va faire du bien à Everton. Après, même s’il est bon de la tête, il aura sûrement besoin d’un temps d’adaptation à l’Angleterre, parce qu’il prend moins la profondeur que certains avants-centres de Premier League. » Même son de cloche du côté d’Adrien Regattin, ex-Toulousain aujourd’hui à Osmanlıspor, pour ce qui est du bagage positif entrevu chez l’international : « Il est bon du pied gauche, du pied droit, il ne rechigne pas à faire les efforts défensifs… Complet, c’est vraiment le mot adapté. »
Autre débat : pourquoi Tosun, épanoui et aimé en Turquie, quitte une teamtoujours en course en Ligue des champions (rendez-vous avec le Bayern Munich en huitièmes de finale dans deux mois) après avoir fait le malheur de Monaco pour le ventre mou anglais ? Mystère. Le bonhomme, disposant d’un « comportement respectueux irréprochable qui tranche avec son agressivité positive observée sur le terrain » selon Regattin, estime sans doute cette opportunité comme un tremplin, dans l’espoir d’atteindre les sommets européens avant la trentaine. « C’est vrai qu’ici, beaucoup s’interrogent sur le fait qu’il parte en milieu de saison alors qu’il y avait encore la C1, confirme Bourabia. En plus, il était considéré comme un cadre, comme un élément primordial de l’effectif. Je pensais d’ailleurs qu’il était plus âgé, vu la place qu’il occupait. » « Beşiktaş, qui dispose d’un gros effectif, fait une belle affaire en le vendant près de trente millions, note pour sa part Regattin. Il ne faut pas oublier qu’au-delà de ses qualités, il profitait aussi de celles de ses partenaires. Ricardo Quaresma, Ryan Babel… Ce n’était pas non plus l’élément le plus dangereux de son équipe, le club a de quoi le remplacer. Avec Álvaro Negredo par exemple. »
Les concurrents se frottent les mains
Toujours est-il qu’en dehors des Aigles noirs, tout le monde est ravi du départ du Monsieur en Turquie. Tout simplement parce que l’avant-centre faisait peur à tous ses adversaires. « Dans notre championnat, il était clairement redouté par les défenses, remet Bourabia, qui a vu le protagoniste trouver le chemin des filets par deux fois en deux matchs quand ils ont joué l’un contre l’autre.Tout le monde sait qu’il pèse énormément sur les lignes arrière, et que Beşiktaş a fait son retour au premier plan en partie grâce à lui. » Ainsi, les supporters de Başakşehir, rival de Beşiktaş, ont pris un malin plaisir à remercier Everton sur Twitter, en assurant qu’il s’agissait d’ « un transfert que vous ne regretterez jamais » . « Quand on jouait contre lui, l’entraîneur nous donnait des consignes spéciales : ne lui laisser aucun espace pour éviter qu’il se retourne, et faire attention à ce qu’il ne s’appuie pas sur vous quand il se trouve en position de pivot » , confie enfin Bourabia. Comme un conseil aux défenses anglaises.
Par Florian Cadu
Propos recueillis par Florian Cadu