Torneo Apertura – J8 : Résumé
Programme chargé ce week-end au bord du Rio de la Plata. Entre menaces de joueurs, chants xénophobes et beau football, retour sur la 8ème journée du tournoi d'ouverture.
Colon 4 – Arsenal 1
Sale après-midi pour l’équipe de Burruchaga. Dans un cimetière des éléphants chauffé à blanc, les joueurs d’Arsenal étaient aux premières loges pour assister à la démonstration collective et individuelle offerte par Colon. Confiscation du ballon, transversales parfaites, contre-attaques mortelles, voilà pour le collectif. Côté individuel, Ricky Gomez -pseudo d’acteur porno, pied gauche magique- s’était chargé de montrer la voie d’un terrible enchaînement double crochet-centre dont profita Alfredo Ramirez pour ouvrir le score. Le reste appartient à Facundo Bertoglio, 20 ans, un but après un raid de 50 mètres et une ouverture splendide pour le 4ème but de Colon : « démarche souple, allure tranquille, tout est beau, net, irréprochable » (Frédéric Mitterand, La Mauvaise Vie).
Godoy Cruz 1- Newell’s 1
Dans la vie, on est fidèle ou on ne l’est pas. Pour son 100ème match sous les couleurs de Newell’s, Lucas Bernardi n’a rien changé et a fait ce qu’il sait faire de mieux : courir, casser des jambes, bouffer du terrain. Gentleman, le garçon offre sa spéciale à son club de toujours : récupération animale aux trente mètres, transmission rapide qui conduit au but de Newell’s. Tout un symbole.
Le “Petit Chinois” Torres, lui, est plutôt rancunier. Exilé à Mendoza mais appartenant à Newell’s, Torres fait payer à Sensini, l’entraîneur des Lépreux, de ne pas l’avoir pris : en marquant le but de l’égalisation, le Chinito empêche son club d’appartenance de revenir à un point de la tête du classement.
Velez 1 – Argentinos Juniors 0
Jusqu’à présent, l’histoire du stade de Velez Sarsfield avait surtout été marquée par les inoubliables concerts d’Iron Maiden, Nirvana, Fito Paez ou, plus récemment, de Bob Dylan. Depuis 2009, Velez s’est enfin rapproprié son fortin : 15 matches -nationaux et internationaux- pour aucune défaite.
Le week-end dernier, Argentinos Junior a tout essayé pour mettre un terme à cette effrayante série, sans succès. Cette fois, Velez a dû revenir aux fondamentaux pour venir à bout d’une des plus jolies équipes de ce championnat d’ouverture : un but de Maxi Moralez en fin de première mi-temps avant de baisser le rideau. Simple, propre et efficace.
Racing 1 – Boca 2
La hinchada de Racing est habituellement réputée pour avoir plutôt la classe. Les supporters n’ont jamais cessé de remplir le stade de l’Académie malgré des années à voir leur équipe se faire souiller et, en outre, ils comptent parmi eux Juan Domingo Peron et Calors Gardel, les héros de la nation. Mais du coup, ils ont le chant xénophobe facile. En Argentine, sans noirs et sans arabes, les plus bêtes se rabattent sur le bouc-émissaire le plus bronzé qu’ils trouvent : le Bolivien, assimilé au supporter de Boca pour son origine sociale souvent modeste. Choqué, l’arbitre décide d’interrompre la partie mais ce sont Riquelme, d’une talonnade splendide, puis Lucas Viatri, remplaçant de Palermo et auteur d’un doublé, qui feront taire les hinchas véreux d’un Racing à la dérive.
Chacarita 0 – San Lorenzo 2
Todo tranquilo pour San Lorenzo face à Chacarita, aussi tendre qu’à son habitude. Comme un bon bife de lomo. Kily Gonzalez et ses petits amis n’auront ainsi pas eu à beaucoup mouiller le maillot cette semaine pour démonter les braves types de Chacarita qui repartent une nouvelle fois comme des puceaux un soir de bal. Sans faire de bruit, les anciens coéquipiers de Berguessio, eux, attendent en embuscade à un petit point des leaders et rêvent déjà d’un doublé championnat/coupe sudaméricaine.
Tigre 2 – Huracan 2
Semaine après semaine, Huracan retrouve peu à peu le niveau de jeu qui fut le sien. Après 70 minutes de très haute volée au cours desquelles les premiers « olé » de la saison descendirent de la hinchada quemera, le Globo est pourtant retombé dans ses travers. Malgré les parades de Monzon, le gardien qui aimait dépoussiérer ses meubles avec son petit chiffon, faire la vaisselle et se taper les toilettes, Tigre arrache un match nul inespéré sur un but de l’ancêtre Arruabarrena à la 85ème minute. A l’ancienne.
Estudiantes 1 – Lanus 1
« La sélection a emporté le cœur d’Estudiantes » : Sabella, le coach du champion de la Libertadores, avait annoncé la couleur : sans Veron, Brana et Enzo Perez, partis se geler les miches sous la pluie du Monumental, le Pincha était tout de suite moins aiguisé.
Privé de sa palpitante triplette du milieu, Estudiantes était pourtant la plus vivante des deux équipes présentes sur le terrain. Emmenés par un Marcelo Carrusca bouillant, les joueurs de La Plata se sont montrés aussi dominateurs qu’à leur habitude, privant Lanus de ballon comme on confisque son jouet à un enfant. A la différence près que ces diables de Grenats, encore convalescents mais valeureux, ont discrètement calé un sale but à la 81ème minute pour arracher le match nul et préserver leur invincibilité à l’extérieur. Estudiantes, en attendant un bon coup de défibrillateur, partage la première place avec Velez. La fin de championnat s’annonce émoustillante.
Banfield 1 – Tucuman 1
Se délectant du très bon début de saison de leur équipe, les supporters de Banfield en deviendraient presque gourmands. Outrecuidants, les vilains ont osé pester contre un match nul pourtant gracieusement offert par un arbitre au coup de sifflet facile.
Rosario Central 1 – Gimnasia La Plata 1
Un match pourri dont tout le monde se balance à part les pauvres hinchas des deux équipes condamnés à se taper des rencontres aussi insipides que celle de vendredi. Leonardo Madeon, le coach de Gimnasia, lucide, confirme s’être franchement fait chier : « Ce fut un match sans saveur » . Un point pour lui.
River 1 – Independiente 3
« C’est déjà le cabaret » titrait Olé pour définir l’ambiance qui règne au sein du club millonario après cette nouvelle raclée à domicile : insultes contre les dirigeants et les joueurs, reprise du désormais tubesque “que se vayan todos” (qu’ils se cassent tous), début de “hall”. La détresse de River est si grande qu’elle en deviendrait presque comique. Le lendemain, dans un registre un peu moins drôle, un forum de hinchas publiait les numéros de téléphone de certains joueurs de River afin que chaque supporter frustré puisse comme il se doit menacer leurs femmes et leurs enfants. Parmi les principaux cités, Fabbiani, Abelairas, Vilagra, Ahumada et Buonanotte. Le bordel, le vrai.
De quoi donner envie de s’écouter un petit blues de Manal
Show de Goles
Le Classement
* 1 Estudiantes – 17
* 2 Vélez – 17
* 3 Independiente – 16
* 4 San Lorenzo – 16
* 5 Banfield – 16
* 6 Colón – 15
* 7 Argentinos – 15
* 8 Newell`s – 14
* 9 Rosario Central – 14
* 10 Boca – 11
* 11 Arsenal – 10
* 12 Godoy Cruz – 9
* 13 Lanús – 9
* 14 Gimnasia – 9
* 15 Atlético – Tucumán8
* 16 River – 5
* 17 Huracán – 5
* 18 Racing – 4
* 19 Tigre – 4
* 20 Chacarita – 3
Par
