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Torino-Juventus : à la recherche de la demi-Molle
À l'image de sa domination sans partage en Serie A depuis 2011, la Juventus ne laisse pas non plus passer grand-chose lorsqu'elle affronte le Torino. Sur les vingt-quatre derniers Derby della Molle qu'elle a disputés, elle ne s'est inclinée qu'une seule fois en 2015. Dur.
Un derby, que ce soit à Turin ou ailleurs, reste un moment à part dans une saison. Ce moment où des familles entières peuvent se déchirer comme rarement, où chacun enfile une tunique teintée d’un coloris ou d’un autre et se transforme en être fanatique, parfois même méchant. En début de saison, ces mêmes tifosi rappellent à leurs nouvelles recrues qu’il y a ces fameuses « deux dates à cocher dans le calendrier » , deux jours où même une gastro ne peut pas autoriser à passer à côté de l’affiche. Des exemples comme ça, il en existe des centaines qui peuvent s’appliquer à n’importe quelle ville d’Europe ayant deux clubs avec un passé, une histoire commune où règne un antagonisme profond et enfin un niveau de jeu suffisamment respectable pour qu’il y ait véritablement match. À Turin, c’est bien sur ce dernier point que le bât blesse. Aujourd’hui, la Juventus est une machine qui jouerait presque le Torino comme n’importe quelle autre équipe du championnat sans que le facteur « derby » n’influe réellement sur le match. Et, qu’on se le dise : c’est bien un problème.
Toromachie
Pour les Granata, le constat est terrible : lors des vingt-quatre derniers matchs de Serie A joués face à la Juventus, ils ne sont parvenus à s’imposer qu’une seule fois. C’était il y a trois ans, lorsque Darmian et Quagliarella avaient martyrisé l’arrière-garde bianconera et répondu à un coup franc hors norme de Pirlo. Pire, la Juventus est même l’équipe qui a dompté le plus de fois le Toro avec 69 succès en championnat.
Les propos d’avant-match de Lorenzo De Silvestri, l’arrière droit du Torino, n’incitent pas vraiment non plus à l’optimisme : « La Juve est une sorte de Grand Canyon à grimper, même si le Torino possède des grimpeurs dans son effectif. Quand le grimpeur donne le maximum, même s’il n’arrive pas au bout, il a gagné sa propre ascension. » Une autre façon de relativiser une possible défaite samedi soir, mais comment lui donner tort. Cela fait plus d’un an que la Juve n’a plus perdu à l’extérieur en championnat (Sampdoria, le 19 novembre 2017) et avec 43 points en 15 journées, elle est la meilleure équipe sur le plan comptable des cinq grands championnats européens. Peur sur la ville.
Jouer dur
Alors, côté Toro, il faut essayer de se rattacher aux quelques signaux qui pointent en son sens. Cette saison, la défense pilotée par Nicolas Nkoulou est plus solide que les années précédentes. Avec cinq clean sheets en quinze rencontres – une performance qu’il n’avait plus réalisée depuis plus de vingt ans –, le Torino possède la quatrième défense du championnat. De quoi faire dire à l’ex-Bianconero et champion du monde Mauro Camoranesi que l’affrontement pourrait être plus rude que prévu : « Récemment, il n’y a pas eu beaucoup de derbys très intéressants. Mais le Torino a regagné en niveau et peut désormais compter sur une belle équipe, contrairement aux dernières années où c’était un peu monotone. En matière de qualité, évidemment, il y a une différence. Mais le Toro est une équipe très physique et je pense qu’elle peut mettre d’une façon ou d’une autre la Juve en difficulté. »
Au cas où, après la défaite face aux Young Boys mercredi, Cristiano Ronaldo a tenu à remettre les pendules à l’heure avant le match que tout Turin attend : « Perdre, c’est toujours mauvais, je n’aime pas ça. Un derby est toujours une belle occasion et nous devons gagner. L’un des responsables de l’équipement m’a dit :« S’il te plaît, tu dois gagner, sinon ma grand-mère… » En arrivant ici, j’ai réalisé que les supporters de la Juventus refusent de perdre deux matchs : contre l’Inter et le Torino. » Surtout que ça ferait tache que la Vieille Dame trébuche pour la première fois en championnat face à un Toro qui espère simplement ne pas se prendre la foudre sur la tête.
Par Andrea Chazy