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Top Chef : Le doggy bag de l’épisode 2
La France, c’est 67 millions de sélectionneurs, mais c’est aussi chaque année la même quantité de juges culinaires d’une mauvaise foi absolue devant Top Chef, le concours de M6 qui entame sa treizième saison. Quatre mois, trois heures par épisode, c’est long, et parfois on a autre chose à faire le soir. Alors, que vous ayez suivi ou raté le second épisode de cette treizième saison, nous vous le résumons, en toute subjectivité et sans aucune compétence. Allez, aux fourneaux.
Chers cordons-bleus. D’abord, merci pour votre accueil la semaine dernière, et surtout merci aux candidats chambrés qui se sont manifestés et ont fait preuve de beaucoup d’humour. Pour cet épisode, une thématique très Copa América, convoquant la cheffe péruvienne Pía León et l’Argentin Francis Mallmann en juges invités.
Épreuve 1 : Maïs que un club
Je ne suis vraiment pas sûr que l’on ait, une seule fois, exprimé l’envie de se taper 30 minutes autour du maïs dans Top Chef : entre nous, c’est un peu chiant, le maïs. Les candidats devaient impressionner la brillantissime Pía León avec cette plante qu’elle connaît bien : ils étaient non seulement invités à utiliser les grains de maïs, qui en soi n’ont pas beaucoup de goût, mais aussi à utiliser tout le reste du maïs… qui n’a pas beaucoup de goût non plus. C’était donc une épreuve piège : sur des aliments assez neutres comme ceux-là, les candidats devaient dérouler soit une savante chimie des goûts et des associations, soit une technique redoutable. Pour la technique, on a eu droit, globalement, à des makis déconstruits, des cannellonis et des gnocchis, c’est-à-dire pas grand-chose. On a alors croisé les doigts forts pour le goût.
Encore une fois, preuve qu’il ne faut pas prendre ces débriefs et encore moins mon expertise au sérieux : la sélection de Pía León a été l’inverse de la mienne. Mais Pía n’a cependant rien compris au métier de juge français : elle a été gentille sur tous les plats, tout en restant constructive. Insupportable.
Seb, Pascal et Mickaël ont proposé des cannellonis de maïs au tourteau, verrine de maïs grillé, bouillon de maïs. L’épi de maïs est troué à la perceuse pour être utilisé comme récipient. Superbe cadeau de fête des mères.Verrine en maïs, classe de CE2 de Mme Peppard-Pigue, Bormes-Les-Mimosas.
Mickaël le viandard et maître du barbeuc’ rôtit le maïs bien comme il faut, tandis que Seb, aux doigts de magicien et à la voix de marionnette, réalise des cannellonis à partir de gélification de jus de maïs. Mais le premier résultat ressemble malheureusement à des kikis de chiens affaissés.
De gauche à droite et de haut en bas : caniche, cocker, boxer, bouvier bernois, labrador, jack russel terrier
Son sens du perfectionnisme et sa vision laser le rappellent à l’ordre : il sort une autre plaque, reroule ses cannellonis, et obtient des kikis de chien laser. Plus sérieusement, en goût le cannelloni semble bien prometteur avec sa chair de tourteau, et Pascal ajoute un petit praliné caramélisé bien tchatcheur.
Pía trouve ça sympa. Seb, Pascal et Mickaël qualifiés pour l’épisode 3 ! NOTE : 6/10 Lucie, Tania et Renaud nous ont offert une dynamique intéressante. Sur le concept, ils décident de ne pas s’éloigner de l’univers du maïs en jouant sur l’idée du taco, avec plein de petites bonnes idées, des bouillons bien relevés au jus de couteaux, un joli taco soufflé, j’y croyais bien. Lucie est une vraie patronne, avec les qualités et les inconvénients du statut, notamment lorsqu’elle est à deux doigts de faire une clé de bras à Tania voulant ajouter du thym à tout ce qui passe. Glenn souffle le carton jaune à 22:40 de jeu. Lucie continue alors à donner ses ordres, mais cette fois dans un management plus « start-up » , avec des « C’est cooool, non ? » accompagnés de grand sourires, et parties de möllky dans la salle de pause. Pía trouve ça sympa. Ils finissent troisièmes sur cinq, Renaud se sacrifie pour aller en épreuve 2. Lucie et Tania qualifiées pour l’épisode 3 ! NOTE : 7/10 Elis et Arnaud proposent une poitrine de porc, jus de porc et maïs, des petites tuiles, des zigouigouis à droite à gauche, mais le plat compte peu, Arnaud ne fait que parler, il ne fait quuueeeeee paaaaarleeeeer. Si Arnaud souhaite un jour arrêter la carrière de chef, il pourra faire animateur dans le supermarché de Lilian sans problème. Elis en a une migraine carabinée, répond « oui » à tout ce que dit Arnaud, qui trouve du coup que le duo fonctionne bien. Pía trouve ça sympa. Recalés en épreuve 2. NOTE : 4/10 Thibaud, Wilfried et Louise, c’est gagné d’avance : Wilfried et Louise sont déjà allés au Pérou, ont bossé au Chili, ont déjà mangé chez Pía et Virgilio, chevauchent cette vibe, c’est du tout cuit. Ils s’échangent des refs hyper pointues – « Je ferais bien un maki de maïsotto un peu kinky Nikkei, en mode early Nobu Matsuhisa, pas la période rose, l’autre, tu vois ce que je veux dire ? », « Mais graaaave ». Finalement, un maki qui ne tient pas, une présentation claquée et du cornbread.« Ooooh c’est beau ça ! »
« L’Automne », exposé, classe de CE2 de Mme Peppard-Pigue, Bormes-Les-Mimosas.
Pía trouve ça sympa. Derniers de l’épreuve, recalés en épreuve 2. NOTE : 2/10 Lilian, Ambroise et Logan ont fait des gnocchis de maïs. J’ai du mal à juger, les gnocchis m’intéressent autant que le maïs. Un gnocchi de maïs pour moi, c’est comme un Derrick de Louis la Brocante (j’ai cherché des refs plus récentes, mais j’ai rien trouvé). Pía trouve ça sympa. Première place de l’épreuve, tout simplement, qualifiés pour l’épisode 3 ! NOTE : 4/10Épreuve 2 : Flammes libérées
Francis Mallmann a lâché les bottes, le catogan et les gilets jaunes pour devenir un chef argentin incendiaire réputé, après une éducation à la cuisine 100% française, passant par Senderens, à l’époque où Passard était en cuisine comme un petit bébé cadum, ou chez Alain Chapel (le The Wire des cuisiniers : tout le monde l’aime et ça énerve ceux qui ne savent pas trop pourquoi). Il n’est cependant pas présent lors de l’épreuve, car il a pour petit défaut de foutre le feu dans tous les bâtiments qu’il traverse.
L’épreuve : cuisiner avec le feu.
Wilfried et Thibaut font un agneau ficelle, un laquage aux épices sympatoche et une huile fumée très appétissante, des petites huîtres, ça tient la route. Qualifiés pour l’épisode 3. NOTE : 7/10 Louise reprend du poil de la bête après le petit électrochoc de l’épreuve précédente et prend un double risque en tentant du 100% végé, une belle aubergine braisée et fumée, poudre de peau d’aubergine, crème d’avocat et des œufs mollets au feu, qui fonctionnent super bien. L’aubergine était déjà très appréciée de Louise, qui proposait encore l’année dernière un plating similaire dans son restaurant Boubou’s.Qualifiée pour l’épisode 3. NOTE : 7/10 Arnaud et Elis nous refont un peu la même qu’à l’épreuve précédente. « Brigade du tigre », « Tempête et Pépère », Arnaud a trouvé plus de surnoms à son équipe qu’il n’a gagné d’épreuves. Ils font un saumon grillé et caviar d’aubergines, et remportent Top Brasserie. en dernière chance, puis qualifiés pour l’épisode 3 ! NOTE : 3/10 Renaud… J’avais écrit la semaine dernière que Renaud ne devait pas sombrer dans le « curcumage de pot-au-feu » pour marquer ses influences, et voilà qu’il nous noix-de-coque un foie gras, avec un accompagnement ananas. Le juge déteste et brandit son poing au ciel. Renaud Ramamourty éliminé de Top Chef ! On lui souhaite une belle carrière où il pourra exprimer son art loin des contraintes des épreuves. Vous pouvez le booker pour un dîner particulier à cette adresse et découvrir sa cuisine en vrai, loin de la télé. NOTE : 3/10
À la semaine prochaine pour le 3e épisode !
Par Henry Michel
PS : Ce doggy bag n’a pas inclus : l’épreuve de la dernière chance, à base de courge, sans relief particulier, la présentation de Glenn Viel, sympathique et intéressé par l’émission, mais qui nous évoque plus un Etchebest : Origins qu’un remplaçant de Michel Sarran, et un paragraphe entier sur les risques écologiques de la mode culinaire sud-américaine en Europe : avocats, quinoa et j’en passe...