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Top : chanteurs hués au stade
Lieux dans lesquels il est possible de réunir des foules, les stades sont devenus des salles de concert à ciel ouvert pour les superstars de la musique. Mais la situation se complique généralement lorsque l'on tente de profiter d'un match de football pour organiser un petit intermède musical en invitant un artiste supposé à la mode. La preuve avec ces humiliations publiques de chanteurs devenus martyrs des stades.
Wap doo Wap – Stade Gerland (Lyon) – 13 septembre 2003 – Lyon/Auxerre (1-1)
« C’est un sympathique groupe amateur : les Wap Doo Wap… Et ils nous viennent de… Saint-Étienne ! » À peine le speaker de Gerland annonce la venue des quatre ringards – costume de clown noir et blanc -, inspirés du groupe Pow Wow, que les supporters lyonnais pètent un câble. Ces derniers ne le savent pas, mais Michaël Youn et ses potes tournent une scène des 11 commandements – remake déjanté de Jackass. Le tout, juste devant le virage des Bad Gones, à la mi-temps du match de L1 OL – AJA. Insultes, doigts d’honneur et même jets de portables contre les interprètes, le succès est total ! « À Saint-Étienne, c’est dément. Là-bas, je suis un héros avec ce truc » , se marrait Michaël Youn à la sortie du film.
Cali – Stade de France (Saint-Denis) – 29 mars 2008 – RC Lens/PSG (1-2)
L’histoire ne l’a pas retenu, mais en ce doux soir de printemps, les « chômeurs, pédophiles, consanguins » ne sont pas les seuls à avoir pris cher. Un an après s’être produit sur la scène de Charléty, lors du meeting présidentiel de Ségolène Royal, Cali débarque au Stade de France. Il donne un mini-concert en avant-match de la finale de Coupe de la Ligue, mais les retrouvailles entre l’artiste rock/chanson française et la capitale ne se passent pas vraiment comme prévu. Autant dire que celui qui vient de sortir L’Espoir – futur disque de platine – a vite trouvé son camp, lorsque le virage parisien le reçoit par des « Ferme ta gueule » . L’intéressé déserte alors le podium au milieu de la pelouse et s’en va ambiancer le virage lensois au plus près des Nordistes. Quoi de plus normal pour un Perpignanais, fan des Sang et Or de l’USAP ?
Lââm – Stade de France (Saint-Denis) – 14 octobre 2008 – France/Tunisie (3-1)
« Je savais que ça risquait d’être un petit peu chaud. On m’avait dit : « Quoi qu’il arrive, va jusqu’au bout, ne le prends pas pour toi, La Marseillaise est souvent sifflée… » Psychologiquement, j’étais prête. » Difficile d’imaginer que Lââm était ready pour une humiliation de cette ampleur, comme elle l’explique dans Le Monde quelques jours après l’événement. Même si effectivement, c’est plus l’hymne français que la chanteuse qui est huée, le show Lââm tourne à la catastrophe. Présenté comme une tentative de réconciliation entre la France et la Tunisie par le FFF, l’avant-match se transforme en bide monumental. Pour l’occasion, la Fédé a choisi d’accompagner la rencontre d’un slogan tout moche intitulé « 90 minutes pour reconstruire » . Mais c’est surtout la chanteuse qui devra penser à se rebâtir après cet affreux épisode : affublée d’une capuche sous une casquette du plus mauvais goût, la demoiselle se fait méchamment conspuer, au point qu’elle parlera de la « minute la plus longue de (sa) vie » . Une prestation que celle « qui voulait chanter pour ceux qui sont loin de chez eux » termine par un « aaaaaaaaaaaaaaaaaabreuve nos sillons » intolérable. Les oreilles des siffleurs ont morflé. Belle vengeance.
Psy – Stade Olympique (Rome) – 26 mai 2013 – Lazio Rome/AS Roma
Un être humain normalement constitué met en moyenne 10 secondes avant d’en avoir marre de la chanson Gangnam Style. Et peu importe si celle-ci avait été matraquée matin, midi et soir à la radio et à la télévision durant de longs mois, les organisateurs de la finale de la Coupe d’Italie 2013 en voulaient encore. Alors ils ont décidé d’inviter son loufoque interprète à pousser la chansonnette avant l’entrée de la Lazio et de la Roma sur la pelouse. Entouré de ses danseuses, Psy a donc livré un show et fait ce qu’il savait faire : porter des vêtements improbables, chanter très fort, et surtout se dandiner de façon farfelue. Pas suffisant pour séduire le public romain, qui a clairement manifesté son mécontentement par ses sifflets. Au moins, Psy aura réussi à mettre les fans de la Lazio et de la Roma d’accord.
Patrick Bruel – Allianz Riviera (Nice) – 22 septembre 2013 – Nice/Valenciennes
Pour la pendaison de crémaillère du nouveau stade de Nice, un petit concert de Patriiiiiiiiick Bruel était organisé à la mi-temps du match Nice-Valenciennes. Problème, le chanteur est un fan notoire du PSG, et les supporters des Aiglons avaient décidé de lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu. Coincé au milieu de la pelouse, Patrick Bruel a vécu un véritable enfer. Sifflets assourdissants et ininterrompus, hurlements, « Paris, Paris, on t’enc… » scandés dans les tribunes, les 35 000 supporters de l’Allianz Riviera n’ont laissé aucune chance au troubadour, qui était venu leur chanter Place des grands hommes et Mon amant de Sain Jean. Te lyncher parce que tu supportes la mauvaise équipe, qui a le droit, qui a le droit, qui a le droit d’te faire ça, Patrick ?
DJ Breakbot – Parc des Princes (Paris) – 22 septembre 2013 – PSG/Monaco (1-1)
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Invité exceptionnel du club de la capitale, Thibaut Berland aka le DJ Breakbot était chargé de tranquillement faire monter en température les travées du Parc des Princes avant une rencontre de rois entre Paris et Monaco. Le cuisinier acoustique branche donc son engin à 19h30, allume le gaz et navigue à feu moyen dans un stade totalement vide. Soudain, d’un mouvement éclair du poignet droit, le voilà qui pivote la manette de puissance et frôle le court-bouillon en lançant Jump de Van Halen, musique d’entrée honnie du Vélodrome marseillais depuis les années Tapie. L’incident n’aura pas duré bien longtemps, mais la brûlure est bien là : l’ingénu s’excusera le lendemain par gazouillis. Rappel : toujours ouvrir son manuel de cuisine avant de prendre sa part du gâteau.
Une lycéenne – Stade d’Ornano (Caen) – 8 novembre 2014 – SM Caen/FC Nantes (1-2)
Lorsque Caen décide d’honorer ses anciens combattants, c’est une vieille guerre qui refait surface : celle des supporters. En avant-match de Caen-Nantes, une jeune lycéenne traîne ses bottines sur le rond central du stade D’Ornano. Micro en main, la voilà qui entame, a cappella s’il vous plaît, un extrait de Quand les Hommes vivront d’Amour du grand Felix Leclerc, à l’initiative de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Mais l’accueil se révèle surgelé et la tribune des visiteurs canaris entame à la surprise générale un chant populaire bien connu des habitués : le triple « ferme ta gueule » . S’il est évident qu’il peut s’avérer particulièrement défoulant par moment, il convient de rappeler que la personne qu’il prend pour cible… est au lycée. Était en cours de mathématiques la veille. Peut-être même d’histoire, utile pour rendre hommage. « On n’a pas entendu l’annonce de l’hommage aux anciens combattants » déclarera à 20 Minutes un supporter nantais impliqué, pensant qu’il s’agissait de l’hymne du club de Caen. À imaginer que la jeune fille aurait pu chanter faux, on a encore eu de la chance…
Par FL, AD, TD et FC