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Top 8 : mon équipe B est magique
Par Douglas de Graaf
Lundi soir, l'équipe de jeunes de l'Ajax (Jong Ajax) s'est installée en tête de la D2 néerlandaise après une banale victoire en championnat. Une première dans l'histoire du foot national, puisqu'un même club règne simultanément sur les deux meilleurs championnats du pays. L'occasion de se rappeler que d'autres équipes B ont fait encore plus fort. Beaucoup plus fort.
Jong Ajax 2017-2018 et 2019-2020
Avant toute enflammade, il convient de remettre l’église (protestante) au centre du village : l’équipe B de l’Ajax a certes enfilé le costume de leader de D2 lundi, mais c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens. D’ici à l’ultime journée, le NAC Breda ou le Roda JC auront tôt fait de rabattre leur caquet à ces insolents pré-pubères. Mais au pays de Johan Cruyff, le football est décidément incompréhensible. En réalité, Jong Ajax (littéralement « les jeunes de l’Ajax » ) a déjà été champion de D2 lors de la saison 2017-2018. La génération Frenkie de Jong-Matthijs de Ligt, évidemment ? Même pas : les tauliers de l’époque se nommaient Léon Bergsma (aujourd’hui à… l’équipe B de l’AZ Alkmaar), Danilo Doekhi ou Azor Matusiwa. Aujourd’hui, c’est une équipe de 19,7 ans de moyenne d’âge qui martyrise les clubs pros de seconde zone du pays, tout en s’amusant à gâter les enfants Naci Ünüvar (16 ans) et Bryan Brobbey (17 ans). Ce qui nous amène à deux questions : 1) Qu’attend l’Ajax pour déménager hors des Pays-Bas ? 2) Montceau-les-Mines aurait-il sa place en D2 néerlandaise ?
Benfica B 2013-2014
Ce n’est pas un secret : le centre de formation du Benfica est une des pépinières les plus florissantes d’Europe. João Félix, Renato Sanches, Ederson… Autant de jeunes pousses arrosées par les jardiniers du Caixa Football Campus avant d’aller s’implanter dans des parcs plus prestigieux. Mais lors de la saison 2013-2014, les vents portugais se sont donné le mot pour réunir au même endroit les graines les plus prometteuses. Pêle-mêle : Jan Oblak, Bernardo Silva, Gonçalo Guedes, João Cancelo, Victor Lindelöf, Nélson Semedo, André Gomes… Sans oublier Uroš Matić – frère de Nemanja – et les futures terreurs de Ligue 1 Stefan Mitrović, Hélder Costa, Pedro Rebecho et Rui Fonte. Si certains n’avaient pas encore explosé (Oblak, Guedes) quand d’autres n’ont fait que se croiser, il n’empêche que le Benfica B « légendes » aurait de quoi faire passer de sales 90 minutes à une dream team de l’équipe première.
Rwanda B 1999
La Coupe CECAFA des nations est une compétition réunissant les meilleures sélections d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Est : Ouganda, Kenya, Tanzanie… Pas des foudres de guerre, certes, mais pas non plus des inconnues de la CAN. Au milieu de ce tableau, le Rwanda a réussi l’exploit de remporter le tournoi en 1999. Petite précision : il s’agissait de sa sélection bis. En Coupe CECAFA des nations, il était en effet coutume pour la nation hôte de faire participer une deuxième sélection du cru, en plus de son équipe A. Et visiblement, les seconds couteaux rwandais de 1999 connaissaient la définition du mot « zèle » , en allant au bout de leur parcours alors que leurs (supposés meilleurs) compatriotes échouaient à la troisième place. Aussi savoureux que le pied de nez infligé par l’équipe B de l’Ouganda à son homologue A en 2000 : une élimination en demi-finale de la compétition (victoire 2-1). Faux frères.
Illogan RBL B 2010
La non-league britannique a coutume de nous offrir des dingueries qu’elle seule peut inventer. En 2010, c’est un obscur Illogan RBL Reserves – Madron FC qui a probablement contribué à alimenter sa légende. Lors de ce match de treizième division anglaise, l’équipe B d’Illogan RBL s’est permis d’enfourner 55 pions à son homologue adverse (score final 55-0, sixième victoire la plus prolifique de l’histoire en match officiel). Et l’équipe A contre la réserve de Madron FC, ça aurait donné quoi ? Peut-être une homologation dans le Guinness Book, en remplacement de l’AS Adema, formation malgache détentrice du record depuis 2002 après un 155-0 certes galvaudé par les CSC volontaires adverses, mais bien authentique.
Barça B 2010-2011 et 2013-2014
Contrairement à son homologue néerlandaise, la D2 espagnole vaut son pesant de cacahuètes dans le paysage des meilleures antichambres de l’élite footballistique. Le Sporting Gijón, La Corogne, le Celta de Vigo… Des noms qui comptent, mais qui n’ont même pas été foutus de prendre le meilleur sur une vulgaire équipe réserve en 38 journées de championnat. La formation en question ? L’équipe jeunes du Barça, deux fois troisième de Liga Adelante en 2011 et en 2014. Première génération : Marc Bartra, Sergi Roberto, Thiago Alcántara, Gerard Deulofeu et Nolito. Deuxième fournée : Adama Traoré, Denis Suárez, Munir El Haddadi et même Edgar Ié. Leur plus haut fait d’armes commun ? Avoir permis au septième du classement de croire à une montée en disputant les play-offs d’accession, les jeunes Blaugrana étant évidemment exclus de cette sauterie tant que le Barça restera en Liga. Qui sait, la B aura peut-être sa chance en 2120.
SpVg. Niederndorf B
Oui, une victoire 11-3 mérite en soi une avalanche de louanges. Mais l’équipe B du club amateur allemand de Niederndorf a fait encore mieux : aligner un onze uniquement composé de joueurs portant le même nom de famille (Uebach). La prouesse a été réalisée en 2017 lors d’une rencontre de douzième division, et a été facilitée par le nombre de dénommés Uebach au mètre carré dans le village : 170 pour 1700 habitants. Parce que contrairement à ce que les supporters du PSG ont voulu faire croire un jour, le Pas-de-Calais n’a pas le monopole de la consanguinité.
Brentford B
Dans la catégorie équipes B, il y a celles qui acceptent leur destin, d’autres qui choisissent de le dépasser et d’autres qui n’en ont rien à foutre. Brentford B fait partie de la dernière. En 2016, le vénérable club anglais prend la décision de dissoudre son académie, en signe de rébellion vis-à-vis du système de formation anglais. Son équipe B est ainsi laissée en autarcie et libre de faire ce qui lui plaît – tant que ça sort de la norme. La nouvelle méthode adoptée : ne plus faire partie d’une ligue, mais affronter des équipes réserves et jeunes de grosses écuries européennes. Les résultats : bluffants, comme cette victoire 5-2 au centre de formation du Bayern contre la réputée équipe U19 des Roten, ou d’autres succès contre des formations similaires de Chelsea, Manchester City, Benfica ou Porto. « Comme on n’est pas dans une ligue, on peut structurer comment on veut jouer, quand on veut jouer et contre qui » , expliquait l’entraîneur adjoint à la BBC. Une méthode qui a notamment permis à Kolbeinn Finnsson, 19 ans, de devenir international islandais sans jamais avoir connu une équipe première. Eduardo Camavinga et Rayan Cherki peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
Spartak Kosice B 1957-1958
Il fut un temps (la saison 1957-1958) et un lieu (la deuxième division tchèque) où deux équipes d’un même club pouvaient évoluer dans la même division. Pour s’éviter de reproduire ces confrontations fratricides à l’avenir, le Spartak Kosice a réussi à faire monter l’une de ses équipes en D1 et à faire descendre l’autre en D3. Gros problème : c’est la B qui a réussi l’exploit de gagner sa promotion, tandis que la A se coltinait la relégation. Le fin mot de l’histoire ? C’est l’équipe première qui a eu le droit de goûter à l’élite, alors que la deuxième s’est vu infliger la D3. Kesakosice ?
La sublime reprise de volée d’Ángel Di María avec Benfica
Par Douglas de Graaf