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Top 8 : Ce que Cristiano Ronaldo a dû changer pour en arriver là
« Je connais peut-être le meilleur moment de ma carrière. » Après en avoir passé quatre à la Suède, Cristiano Ronaldo a confirmé qu'il avait quitté notre planète. A-t-il enfin trouvé la perfection qu'il recherche depuis tant de temps. Peut-être. On est très loin du diamant brut arrivé à Manchester il y a dix ans. La preuve en huit changements...
– Son jeu
Cristiano Ronaldo est un vainqueur-né. Et au football, pour gagner, il faut marquer des buts. Plein de buts. Pas vraiment la spécialité du natif de Madère au début de sa carrière, bien qu’habile face au cadre. Car avant de devenir une machine à planter, Ronaldo est un sacré provocateur. Passements de jambes, crochets, petits ponts, roulettes… Le Portugais n’est jamais en panne d’inspiration lorsqu’il s’agit d’humilier son vis-à-vis. Roi du un-contre-un, du spectacle, mais aussi du geste de trop. Son amour pour l’exploit individuel lui vaut quelques critiques en interne ainsi que du côté des supporters, persuadés que leur prodige se porterait mieux s’il simplifiait son jeu. Il suffisait de demander. Avec le temps, Cristiano Ronaldo corrige ses déplacements, cherche le ballon plus haut -et court donc moins dans le vent-, mais surtout, épure son jeu de la plupart des grigris qui le ralentissaient. Son nouvel objectif devient le but, et uniquement le but. Chaque geste qu’il entreprend l’est dans l’optique de planter une banderille. Résultat, CR7 enfile les pions au détriment des passes décisives -c’est un peu moins vrai cette année-, jusqu’à devenir la machine de guerre que l’on connaît. Et, paradoxalement, d’aucuns reprochent aujourd’hui le trop grand pragmatisme du jeu de Cristiano, lui préférant le mioche virevoltant qui s’était tapé Manchester United avec le maillot du Sporting.
– La façade
On ne va pas le cacher. Le Cristiano Ronaldo de 19 piges, ses mèches « spaghettis » , sa dentition imparfaite et se peau volcanique n’auraient jamais été affichés en grand devant la mairie de Madrid. Parce qu’il jouait à Manchester, diront les mauvaises langues. Mais surtout parce qu’à cet âge-là, la gueule du Portugais est en plein chantier. Heureusement pour lui, Irina Shayk n’a croisé son chemin que bien plus tard. Entretemps, le numéro 7 a pris soin de lui, à coups de séances chez le dentiste, de bains de Biactol et d’heures à pousser de la fonte. Pour le gel en revanche, rien à faire. Il faudra sans doute attendre encore quelques années…
– Il a acquis un arsenal de rêve
L’homo sapiens sapiens a, en règle générale, un pied droit, un pied gauche et une seule tête. Cristiano Ronaldo, n’a rien de cela, sinon trois pieds droit. Un peu plus haut, il a remplacé ses jambes par des fusils à pompe. Avec le temps, il est passé du statut de joueur avec une belle frappe à celui d’arme de destruction massive. Hélton, le gardien du FC Porto, peut en témoigner. Nul doute que ce dernier se souvient de la cacahuète du droit que lui a collée le Portugais des 35 mètres. En fait, presque tous les portiers européens se sont fait trouer au moins une fois par un missile tomahawk de CR7. Mais ce n’est pas tout. Il a aussi peaufiné sa manière de courir auprès de son plus grand fan, Usain Bolt, pour dépasser la vitesse du son et s’est laissé pousser des ailes pour devenir un joueur de tête incroyable. Même si, pour la petite anecdote, Ronaldo avait déjà marqué de la tête pour son premier match officiel avec le Sporting à 17 piges.
– Les simulations
France-Portugal 2006. Ligne d’eau numéro 2, Cristiano Ronaldo. Complètement dépassé par l’enjeu, le Portugais gâche tous les efforts qu’il produit au cours de la partie en se jetant dans la surface au moindre contact. C’est con, parce qu’il fait un match de dingue. Et parce qu’il n’obtient pas de penalty pour la seule faute valable sur lui en deuxième mi-temps. C’est finalement Thierry Henry, plus malin, qui se le procure. Zizou transforme, la France va en finale et Ronaldo passe pour un con. Pire, il a gagné le droit de se faire haïr par le peuple français qui s’ajoute ainsi à tous les autres -en Angleterre on le qualifiait déjà de « sissy » . Ce Mondial allemand, l’affaire Rooney et la demi-finale perdue constituent un déclic chez le futur Ballon d’or, qui quitte la plonge et apprend à tenir sur ses jambes. Petit à petit, l’étiquette de pleureuse se détache de sa peau. Mais rien ne l’empêche de rechuter de temps à autre si nécessaire.
– Il a quitté papa Ferguson
Quitter la maison seul et contre tout, Cristiano connaît ça. On parle d’un gars qui s’est jadis barré de son île natale pour rejoindre le centre de formation du Sporting à seulement 12 piges. Pourtant, abandonner l’égide du grand Sir Alex Ferguson a sans doute été l’une des décisions les plus difficiles de la courte existence de CR7. Parce que partir loin du Sir signifiait se défaire une nouvelle fois de son père. Une troisième fois, précisément. La première c’était en quittant Funchal, et la deuxième en 2005, lorsque Dinis Aveiro s’en est allé de ce monde, la veille d’un match contre la Russie. Mais Ronaldo devait le faire. L’Angleterre était devenue trop petite pour lui. Trop petite à côté du Real Madrid, le club de ses rêves. Et puis il y a ce petit argentin dont on dit beaucoup de bien et face à qui il vient de s’incliner en finale de la Ligue des champions. La séparation est dure, mais nécessaire. Ronaldo se devait de partir au front pour livrer le plus grand combat de sa carrière.
– Il a accepté Lionel Messi et en a fait son objectif
Avant le deuil il y a le déni. En ce qui concerne Cristiano Ronaldo, cette période a duré longtemps, très longtemps. Quand il pose ses valises à Madrid, le Portugais est le joueur le plus cher de l’histoire du football, donc le meilleur. C’est en tout cas ce qu’il pense. Évidemment, la réalité est toute autre; celle d’un Lionel Messi stratosphérique qui écrase tout en Espagne et en Europe, y compris le Real Madrid et Ronaldo. Ce dernier, dans son infinie peine, finit par s’en rendre compte. Le déni laisse place à la tristesse. Le Portugais va mal, demande du soutien et de l’amour. Il n’est pas loin de craquer. On le croit même sur le départ, mais c’est mal connaître le personnage, sa détermination et son amour-propre. Ronaldo décide d’accepter Lionel Messi et se jure de le battre. Il se relève donc et entame 2013 comme une balle. Mais pas n’importe laquelle. Une balle qui accélère encore et encore, pour finir l’année comme un boulet de canon.
– Il a enfin endossé le costume de héros avec la Selecção
Certains, comme Mario Balotelli, ont du mal à enfiler une chasuble. D’autres, comme Cristiano Ronaldo avant l’Euro 2012, n’arrivent pas à porter un costume de super-héros. Un sacré paradoxe pour un homme qui adore qu’on lui jette des fleurs. De fait, le problème, c’est que Christian Ronald prend ce rôle trop à cœur. Ou du moins que sa conception de la chose est inappropriée. Car longtemps, il a confondu être un héros et jouer comme Olivier Atton à la Newteam. Autrement dit « faites-moi la passe et je me charge du reste » . Bah ouais, mais non. L’Azerbaïdjan, l’Arménie, Israël et compagnie, c’est peut-être nul, mais pas autant que les petites équipes du bled qu’il battait tout seul étant enfant. Résultat, le commandant aux cheveux d’acier se casse les dents sans comprendre pourquoi. Et puis un jour, sans raison apparente, CR7 décide de jouer comme en club, en se positionnant plus haut sur le terrain et en faisant confiance à João Moutinho, le petit numéro 8 qui à l’air de faire des bonnes passes. Sherlock a Watson, et Batman, Robin. Un héros n’est rien tout seul, et heureusement pour le Portugal, Cristiano l’a compris à temps.
– Il s’est casé
Cristiano Ronaldo n’est pas seulement un footballeur, il a aussi une image à gérer. Pas la peine d’être un devin pour comprendre que le Portugais va se transformer en un David Beckham 2.0. au fil des années. Il a en tout cas tous les ingrédients pour. C’est un habile homme d’affaires – du moins il est bien entouré -, il est mannequin, vend des slips et a enfin trouvé une femme assez charismatique pour être comparée à Victoria. Fini les Gemma Atkinson, les Merche Romero ou les Nereida Gallardo. Cristiano n’est plus un coureur de jupons, mais un homme aimant et fidèle. Enfin, un homme aimant. Un ami de la Russie. Un joli coup de communication. La ménagère de 40 ans est évidemment tombée dans le panneau.
par William Pereira