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Top 50 : Trios magiques (de 30 à 21)
Si le foot se joue à onze, beaucoup d'équipes doivent leur âge d'or à un trio qui les a portées à bout de bras. En partageant le leadership, en combinant leur talent ou en faisant parler leur complicité absolue, chacun de ces triangles a bâti sa légende à coups de buts d'anthologie, d'épopées marquantes ou de trophées soulevés. D'ailleurs, ce samedi en finale de Ligue des champions, les triplettes Mané-Salah-Firmino et Bale-Benzema-Cristiano pourraient bien se croiser sur le terrain et dans l'histoire. Voici les trouples qui briguent les places entre 30 et 21.
#30 - Del Piero – Ravanelli – Vialli
Il a fallu un coup de pouce du destin pour voir leur association emmener la Juventus vers de nouveaux sommets. Lors de l’exercice 1994-1995, la Vieille Dame avance à fond la caisse en Serie A, portée par son duo Vialli – Ravanelli, qui se gave des caviars de Roberto Baggio, placé en retrait des deux attaquants. Problème : Il Divin Codino se blesse face à Padova, fin novembre. C’est seulement là qu’Alessandro Del Piero entre en scène. Le gamin a tout pour lui : le talent, la jeunesse et le style. Et surtout, une complémentarité instinctive sur le pré avec Vialli et Ravanelli.
Marcello Lippi, le Mister juventino, ne s’y trompe pas, et met en place un 4-3-3 où ses trois esthètes ont tout le loisir de permuter pour combiner : « Vialli n’était pas toujours au centre de l’attaque, moi à gauche et Del Piero à droite, raconte Ravanelli. Notre force, c’était que nous étions très facilement interchangeables. » De quoi permettre à la Juventus de tout croquer sur son passage : la Vieille Dame reconquiert dès 1995 un titre de champion d’Italie qui la fuyait depuis 1986, avant de remporter la C1 en 1996, face à l’Ajax. Une ultime consécration pour le trio italien de la Juve, qui se sépare dans la foulée, quand Ravanelli et Vialli partent pour l’Angleterre. Seul Del Piero reste dans le Piémont, pour enfiler les Scudetti comme des perles. Même si, privé de ses frères de but, il ne remportera plus jamais de nouvelle C1. AC
#29 - Henry – Bergkamp – Pirès
Si un trio représente positivement l’ère Wenger à Arsenal, c’est celui-là : trois joueurs offensifs, techniques, inspirés et efficaces, quand ils ne sont pas impitoyables. Avec la triplette Thierry Henry, Robert Pirès et Dennis Bergkamp, Arsène Wenger a déroulé un jeu salué par la critique, claqué le doublé en 2002, dirigé les « Invincibles » en 2004, et buté en finale de Ligue des champions en 2006. Un match durant lequel Bergkamp est remplaçant et Pirès remplacé prématuré. L’Arsenal offensif est démantelé l’été suivant avec la retraite du Batave et le départ de l’ancien Marseillais à Villarreal. Henry suit le mouvement un an plus tard pour le FC Barcelone. Sans son trio magique, Tonton Arsène n’aura plus jamais la même réussite, ni la même légitimité. NJ
#28 - Aldridge – Barnes – Beardsley
Les périodes de transition ont l’avantage de pouvoir ouvrir à la surprise. En 1987, Liverpool sèche à peine les larmes versées à la suite du drame du Heysel et cherche à entamer un nouveau cycle, avec la légende Kenny Dalglish, mais sans Ian Rush, parti à la Juve. Le moment où les Reds vont débusquer une triplette qui leur permettra de se changer rapidement les idées. L’ailier de Watford John Barnes, la pointe d’Oxford John Aldridge et l’électron libre de Newcastle Peter Beardsley. Le trident offensif trouve très vite ses automatismes, inscrit la bagatelle de 63 buts et conduit les Scousers à un titre de champion d’Angleterre 1988.
L’année suivante, Rush est déjà de retour, mais le trio est toujours essentiel : une FA Cup dans la poche et un titre manqué pour un petit but. Mais là n’est pas l’essentiel. Car ces joies ou déceptions arrivent quelques semaines après la tragédie de Hillsborough. L’été suivant, Aldridge s’envole pour la Real Sociedad, ne laissant à Liverpool plus que le souvenir d’une de ses plus belles équipées. Du genre à unir ses forces pour reprendre le flambeau des illustres prédécesseurs pour mieux le refiler ( surtout Barnes qui restera au club jusqu’en 1997) à la génération de Fowler, McManaman et Redknapp. Un trio qui restera dans les cœurs rouges surtout parce qu’il était inattendu et symbolique de ce club jamais aussi grand que dans la douleur. MR
#27 - Fontaine – Kopa – Piantoni
1958. Le foot français cherche encore à inscrire son nom dans les annales. Ou en tout cas un geste digne de figurer dans les mémoires et le roman national. Timing parfait, la Coupe du monde de 1958, la première véritablement télévisée, sera le théâtre d’un parcours inattendu et d’une troisième place restée longtemps comme le summum du palmarès international français. Privés de ses talents les plus prometteurs partis rejoindre la sélection du FLN, les Bleus débarquent anonymement en Suède. Le trio d’attaque va pourtant renverser les pronostics. D’abord parce qu’il est emmené par Raymond Kopa, la première star tricolore du ballon rond, recruté par un Real encore sonné de l’avoir croisé sous le maillot de Reims.
La Ville des Sacres fournit aussi ses deux comparses, anciens acolytes à Auguste-Delaune, Roger Piantoni et Just Fontaine. Des fous du cuir, qui creuseraient un tunnel pour trouver le chemin des filets. Ces fils d’immigrés polonais, italiens et espagnols permettent à l’équipe de France d’arriver en demies, éliminée injustement (blessure de Jonquet par Vavá) par le grand Brésil du tout jeune Pelé, avant de filer une rouste à la Mannschaft, tenante du titre. Au passage, Justo plombe 13 pions, un record pas près de tomber. Il faudra attendre 1982 avant que pareil frisson traverse à nouveau l’échine du pays. NKM
#26 - Bonucci – Barzagli – Chiellini
Défense redoutée de la Nazionale et de la Juventus jusqu’à l’été 2017. Pendant l’Euro 2016, la triplette de bons salopards a muselé l’armada offensive belge et achevé ce qu’il restait du cycle victorieux espagnol. Le trio infernal s’est constitué en 2011, lorsque Andrea Barzagli déboule chez la Vieille Dame, et enchaîne les Scudetti à la pelle. Cette BBC-là se caractérise moins par des cheveux parfaitement coiffés, des dribbles chaloupés ou des frappes en lucarne. Le style de la trinité Bonucci – Barzagli – Chiellini, c’est plutôt trois physiques lambda, des coups de coude fantômes, des tacles chirurgicaux au niveau des articulations, et une opiniâtreté à toute épreuve. Sans oublier un art consommé de l’anticipation. Le rideau de fer italien a commencé à s’effriter l’été dernier avec le transfert de Bonucci à l’AC Milan, la défaite contre la Suède en barrages du Mondial 2018 a fini de le démanteler. NJ
#25 - Giggs – Scholes – Beckham
Ensemble, ils ont joué neuf ans et gagné sept championnats, trois coupes et une Ligue des champions. Ensemble, ils ont surtout incarné Manchester United. Car plus qu’un trio (ils étaient trop éloignés pour combiner), ou un triangle (ils étaient trop souvent sur la même ligne pour être un triangle), c’était une idée. Celle qu’un grand club pouvait s’appuyer sur des joueurs formés en son sein sans que cela soit une solution par défaut. En vrai, pour gagner, c’était même la solution miracle. Dans des styles différents, à des postes parfois interchangeables (Scholes eut sa période en pointe, Beckham joua parfois dans l’axe, là où Giggs, qui disputa une finale de C1 côté droit, termina sa carrière), les trois donnèrent à United son socle technique, mais surtout son socle moral.
Giggs fut le premier à évoluer en équipe fanion. Il était le talent pur, naturel, mais jamais il ne se crut plus important que le collectif. Beckham apparut trois ans plus tard en une. Pour lui, les pronostics étaient moins unanimes. Mais, à force d’efforts, il finit par devenir un paradoxe : une méga-star modeste. Scholes fut le dernier à entrer dans le game, et à se donner au collectif. Pour eux, ce n’était pas un sacrifice, c’était une culture, façonnée au quotidien et dès le plus jeune âge par Ferguson. Jamais, entre Beckham, Giggs et Scholes, il n’y eut de concurrence pour prendre la lumière. Jamais ils ne s’embrouillèrent. Quand Roy Keane, le quatrième artisan du milieu de terrain à la grande époque mancunienne, pétait un câble, dézinguait un adversaire ou un partenaire ou lui-même, eux restaient fiables. C’est-à-dire qu’ils ne s’écoutaient pas. Qualité devenue rare. MB
#24 - Maradona – Giordano – Careca
Si la saison 1987-1988 du Napoli est marquée par l’échec de sa conservation du Scudetto, son trio d’attaque surnommé la « MA-GI-CA » n’en reste pas moins éternel. Suppléées sur la fin par Andrea Carnevale, les trois pépites offensives napolitaines ont passé leur année à martyriser leurs adversaires par tous les moyens possibles. Ce trio de légende ne se résumait pourtant pas seulement à un Maradona délivrant des caviars et se faisant justice sur coups de pied arrêtés, tandis que Careca et Giordano plantaient des pions à foison. C’est bien une entente totale entre les trois hommes sur le terrain, trois hommes parlant le même langage, sublimée par le génie de Diego Maradona. Pour Giordano d’ailleurs, le seul autre trident passé après eux qui avait eu droit à son adoubement était Cavani – Lavezzi – Hamšík. Bref, pas n’importe qui.
#23 - Prosinečki – Mihajlović – Savićević
Novembre 1988, le brouillard de Belgrade fait disparaître l’Étoile rouge du ciel européen Juillet 1990, la sélection yougo échoue aux tirs au but en quarts de finale du Mondial. Mai 1992, l’UEFA exclut la Yougoslavie de l’Euro à cause de la guerre des Balkans. Cette génération dorée est-elle maudite ? Non, il y a cette victoire en Coupe des clubs champions 1991 face à l’OM. Qu’importe le contenu de la finale, pour l’ensemble de son œuvre, l’Étoile rouge méritait ce titre afin de récompenser sa constellation de talents, dont le milieu de terrain Prosinečki – Mihajlović – Savićević. Dans l’ordre, un grand dribbleur, un tireur de coup franc absolu et l’un des plus beaux numéros 10 de l’histoire. Un trio croate-serbe-monténégrin, comme un symbole de l’éclatement de leur pays. D’une superbe Étoile filante, aussi. FL
#22 - Papin – Waddle – Pelé
On joue la 75e minute. Ce 20 mars 1991, l’Olympique de Marseille reçoit le grand AC Milan en quarts de finale retour de la C1, et le score est désespérément vierge. Puis Abedi Pelé reçoit le ballon dans son couloir gauche. Le Ghanéen temporise, car l’OM est en sous-nombre. Il lève la tête et centre pour le seul joueur démarqué de l’OM : Jean-Pierre Papin. Le ballon est un peu trop haut, mais l’attaquant français parvient à dévier le ballon un peu plus loin vers Chris Waddle. À l’entrée de la surface de réparation, l’Anglais ne se pose pas de question et croise une reprise de volée parfaite à ras de terre. Pelé, Papin, Waddle. Grâce à son trio d’attaque magique, l’OM devient officiellement un grand d’Europe en sortant l’AC Milan. Un trio qui pue la spontanéité et la joie de jouer. Marseille remportera finalement la C1 avec un seul de ces trois hommes, Pelé, mais l’histoire a bel et bien débuté avec les trois.
#21 - Hurst – Peters – Moore
C’est une frappe qui a changé l’histoire. Le 30 juillet 1966, Geoffrey Hurst, avant-centre de West Ham, envoie un boulet de canon qui s’écrase sur la barre transversale et rebondit sur la ligne du goal allemand. L’arbitre soviétique accordera le but, on n’oublie pas Stalingrad si facilement. L’un des plus emblématiques Hammers venait ainsi de donner son unique titre à la perfide Albion, celle qui avait inventé le jeu de balle au pied. La colonne vertébrale des Three Lions était en effet paradoxalement composée des petits gars de Boleyn Ground, qui avaient pourtant foiré leur saison après avoir néanmoins remporté la Coupe des coupes.
Devant, Hurst, qui sait faire le sale boulot. Au milieu, Martin Peters, qui trouve son partenaire les yeux fermés, pas si inutile au temps béni du kick and rush. Enfin, en sentinelle, Bobby Moore, le fidèle des fidèles, qui arrache l’herbe sous ses pieds. À eux trois, il vont démontrer l’existence du foot british à la face du monde, et qu’il peut s’imposer par tous les moyens nécessaires. De quoi graver à jamais ces noms dans le cœur des supporters prolétariens de l’East End, avec l’exceptionnelle fierté d’avoir offert à l’Angleterre sa plus belle rose. NKM
Par la rédaction de sofoot.com