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Top 50 : Transferts avortés (de 30 à 21)

Par Andrea Chazy, Clément Gavard et Adrien Hémard

Chaque période de mercato est une belle occasion d'assister à la naissance d'histoires rocambolesques. Entre les beaux coups et les flops annoncés, une autre catégorie mérite le coup d'œil. Voici une sélection de 50 transferts qui ont capoté au XXIe siècle. Au menu : des fax de dernière minute, des trahisons et des grosses colères.

#30 - Peter Odemwingie à QPR

C’est devenu l’une des histoires les plus croustillantes du Deadline Day outre-Manche : le transfert raté de Peter Odemwingie à Queens Park Rangers lors du mercato d’hiver 2013. Alors joueur de West Bromwich, l’ex-buteur du LOSC est filmé par les caméras de Sky Sports dans sa voiture à quelques pas du siège de QPR, à Londres, lors des dernières heures du mercato. Au micro du journaliste présent sur place, l’ancien international nigérian déclare : « West Brom, c’est ma maison, mais j’ai un nouveau chapitre de ma vie à débuter. » Prêt à tout pour s’engager avec les résidents de Loftus Road, le joueur se voit même interdire l’entrée du bâtiment, car le deal n’était pas fait entre les deux clubs. Il ne se fera finalement jamais, et Odemwingie est contraint de rebrousser chemin pour retrouver ses coéquipiers auxquels il avait déjà dit au revoir. Après quelques jours d’incertitudes, Odemwingie a présenté ses excuses à West Brom et payé une amende de 75 000 livres. Quelques années plus tard, Odemwingie racontera sa version de l’un des transferts ratés les plus fous de la décennie : « Tout semblait convenu, mais en fait, je ne savais pas que l’une des conditions était que West Brom obtienne la venue de Junior Hoilett. Si je l’avais su, je n’aurais jamais conduit jusqu’à Londres. (…) Pourquoi aurais-je conduit jusqu’à Londres par mauvais temps ? Il faisait déjà nuit, c’était l’hiver et je venais d’avoir un nouveau-né, âgé d’une semaine. Pourquoi aurais-je laissé ma femme et mon nouveau-né pour conduire jusqu’à Londres et attendre dehors ? » AC

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#29 - Dimitar Berbatov à la Fiorentina

Le jeudi 30 août 2012 restera à jamais dans les annales du mercato comme le jour où Dimitar Berbatov a dribblé toute la Botte. Sur les coups de 11 heures, un accord est trouvé entre Manchester United, Berbatov et la Fiorentina pour le transfert de l’international bulgare en Toscane. Un avion avec escale à Munich est même affrété par la Fio pour permettre à Berbatov de passer sa visite médicale puis signer son contrat. Mais à 13h30, coup de théâtre : le directeur technique Eduardo Macia ne voit personne arriver à l’aéroport. Toujours rien deux heures plus tard. Normal, Berbatov est resté à Munich car entre-temps, la Juve et Fulham sont entrés dans la danse. À 19h30, Berbatov est plus proche que jamais de la Vieille Dame, où un contrat de deux ans l’attend. Mais à 22 heures, alors que tout semblait réglé avec les Turinois, nouveau retournement de veste : c’est décidé, Berbatov reste en Angleterre et jouera pour Fulham lors de la saison 2012-2013. Un bon choix après coup, puisque la fine gâchette de Blagoevgrad claquera 15 buts en 33 matchs de Premier League. Dégoûtée, la Fiorentina demandera à Berbatov de rembourser les billets d’avion et publiera même un communiqué : « Nous sommes heureux que Dimitar Berbatov n’ait pas signé chez nous. Il ne mérite ni notre ville ni notre maillot et les valeurs qu’il représente. » En voilà un qui ne passera pas ses vacances à flâner sur le Ponte Vecchio. AC

#28 - André-Pierre Gignac à Lille

Au cœur de l’été 2007, André-Pierre Gignac se retrouve face à un drôle de choix : partir à Lille ou à Toulouse ? Le jeune buteur de 22 ans, alors au FC Lorient, sort d’une première saison en Ligue 1 réussie (9 pions) et est plus que jamais dans le viseur du LOSC. Le week-end du 23-24 juin, L’Équipe annonce que Lille et Lorient sont tombés d’accord pour un transfert estimé à 4,5 millions d’euros, alors qu’un précontrat a été signé par Gignac chez le club nordiste. Dans le même temps, le TFC annonce qu’il discute avec APG et ses représentants sur les bases d’un bail de quatre ans, comme le rappelle le site spécialisé sur le club lillois Droguebièrecomplotlosc.fr. Dans les colonnes de La Dépêche du Midi, Gignac assure que son cœur bat pour le TFC : « Les deux pistes sont encore d’actualité, c’est vrai, mais j’ai un net penchant pour Toulouse. Je veux venir au TFC. Je suis attiré par le projet sportif du club, le discours des dirigeants. C’est un club en devenir, qui grandit de jour en jour, avec des joueurs de qualité. Et qui va jouer la Coupe d’Europe la saison prochaine. »

Premier coup dur pour le LOSC, qui doit s’en vouloir d’avoir privé le Stade rennais de la troisième place dans le temps additionnel (1-1) de la dernière journée de championnat au profit… du TFC. Second coup sur la caboche quand, sur les ondes de RTL, Gignac en remet une couche : « J’ai une parole, j’ai dit que j’allais m’engager avec le LOSC. Mais après il y a des propositions qu’on ne peut pas refuser. Je tiens à le dire, ce n’est pas financier. Je touche moins à Toulouse qu’à Lille. Élie Baup m’a dit comment il comptait m’utiliser, à l’inverse de Claude Puel. J’attends encore son appel. Je sais que je n’ai pas eu de parole. J’en suis désolé pour le LOSC. Mais c’est aussi un peu de leur faute de ne pas m’avoir contacté, de ne pas m’avoir rassuré. » Le 26 juin 2007, Gignac s’engage officiellement à Toulouse. Le LOSC, lui, se rabattra sur Patrick Kluivert en fin de mercato ainsi que sur le Suédois Emra Tahirović. Deux flops. AC

#27 - Juan Manuel Iturbe à Galipoli, Lyon et compagnie

La carrière de Juan Manuel Iturbe n’aura bientôt plus grand-chose à envier à celle de Xavier Gravelaine en matière d’instabilité. À 28 ans, l’attaquant a connu de nombreux clubs et s’est retrouvé au centre d’un tas de rumeurs lors de quasiment chaque mercato. Pour ne rien gâcher, il a développé très tôt une capacité à voir ses transferts capoter à la dernière minute. Sa première expérience remonte à l’été 2010 quand Iturbe se dit prêt à quitter son club de Cerro Porteño et prendre son envol en direction de l’Europe à l’âge de 18 ans. En Italie, le dénommé Daniele D’Odorico, président de Galipoli, pensionnaire de Serie B, se vante d’avoir mis la main sur une pépite paraguayenne. Il s’agit bien sûr d’Iturbe, qui voit son rêve européen se briser quelques jours plus tard quand le tribunal de Lecce acte la faillite du club pugliese. Le jeune ailier se console en signant à Quilmes, en Argentine, avant de s’installer à Porto à l’été 2011. La suite, ce sont des approches du Napoli, du Genoa ( « On était sûrs de le signer » , dira Gasperini en 2015), mais surtout un rendez-vous manqué avec l’OL dans les dernières heures du mercato estival 2016. Avec en bonus les détails donnés par Jean-Michel Aulas sur Twitter au lendemain du transfert avorté : « Hier à 16 heures, Walter Sabatini a dit ok. À 19h30, Juan a dit ok. À 20 heures, la Roma a changé d’avis. » Cinq ans plus tard, celui qui était comparé à Messi, pisté par le PSG et le Real Madrid, et destiné à un avenir glorieux joue à l’Aris Salonique, en Grèce. CG


#26 - Islam Slimani à Nantes

Le business d’agrandissement de pénis est une chose, sentir les coups sur le mercato en est une autre. Ce n’est pas Waldemar Kita qui dira le contraire. Pour preuve, à l’été 2013, le président d’un FC Nantes fraîchement promu en Ligue 1 a snobé Islam Slimani. Âgé de 25 ans, le Fennec cherche une première aventure européenne, lui le meilleur buteur des éliminatoires du Mondial 2014 en zone Afrique. Son sélectionneur, un certain Vahid Halilhodžić, l’aiguille vers une maison qu’il connaît bien : le FC Nantes. Bingo ! Michel der Zakarian adhère, et un contrat de quatre ans se dessine pour l’Algérien. Mais les Canaris refusent de payer les 300 000 euros demandés, tandis que les intermédiaires et le flou autour de la situation contractuelle du joueur font durer les négociations à Paris. Assez en tout cas pour que le Sporting Portugal ne se manifeste et pousse Slimani dans un avion pour Lisbonne. Kita parle alors d’attitude « scandaleuse » . Ce à quoi le Fennec répondra plus tard : «  Je ne pourrais pas jouer dans un club où quelqu’un me manque de respect. C’est pour ça que ça ne s’est pas fait. Je suis venu pour signer à Nantes, il y avait trop de choses qui ne collaient pas par rapport à ce dont on avait parlé avant. » AH

#25 - Mehdi Taremi à Rizespor

Le Çaykur Rizespor a bien cru décrocher le gros lot à l’été 2016 en attirant dans ses filets Mehdi Taremi en provenance de Persepolis. Mais trois semaines plus tard et après quelques entraînements avec le groupe, le petit filou se fait la malle pour des raisons personnelles et décide de revenir à Persepolis, tout heureux d’accueillir le meilleur buteur du pays lors des deux derniers exercices. Ce qui ne plaît pas du tout à Rizespor, dont le président Metin Kalkavan s’empresse de porter l’affaire devant le tribunal de la FIFA. L’instance prononce finalement une suspension de quatre mois contre le joueur au cours de la saison 2017-2018 après avoir étudié le dossier, ainsi qu’une interdiction de recrutement d’un an pour Persepolis. Entre-temps, il se raconte au pays que Taremi aurait reçu l’équivalent de 300 000 euros de la part d’Hossein Hedayati, un richissime investisseur du club iranien, pour étouffer l’affaire et calmer les ardeurs du boss de Rizespor. Raté, personne ne verra la couleur de l’argent, et Taremi en profitera pour se payer une sublime Porsche blanche, ce qui provoquera son départ pour Al-Gharafa, au Qatar, en 2019. Il fallait bien cela pour taper dans l’œil des Girondins de Bordeaux, se faire un nom au FC Porto et se retrouver en finale du prix Puskás 2021. CG

#24 - Willian à Tottenham

C’est l’un des plus beaux coups de José Mourinho. À l’été 2013, Willian est à deux doigts de filer chez les Spurs, prêts à lâcher 30 millions de livres à l’Anzhi Makhatchkala pour le Brésilien, qui sont sereins au point de communiquer sur l’arrivée imminente de Willian pour passer sa visite médicale. Énorme erreur. Alors que le van où se trouve l’ancien pensionnaire du Shakhtar Donetsk et son agent Kia Joorabchian arrive à destination, l’agent de Willian prévient son client : « Nous venons de recevoir une offre de Chelsea. » Dans la tête du futur joueur des Blues, c’est clair comme de l’eau de roche : Willian jouera pour Chelsea et nulle part ailleurs. Après être resté huit heures au centre d’entraînement de Tottenham, où il a « subi les foudres du directeur sportif de l’époque » , selon les dires du joueur, Willian reprend finalement la route pour s’engager à Chelsea qui versera… 32 millions de livres à l’Anzhi. Ce qui fera jubiler le Special One qui dira en guise de leçon : « Lors d’un transfert, la meilleure chose que vous puissiez faire est de faire la visite médicale en secret. » Aïe. AC

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#23 - Robert Lewandowski à Auxerre

Déjà pisté par le RC Lens depuis 2007, Robert Lewandowski a croisé plusieurs fois la route de la Ligue des talents, sans jamais l’emprunter. À l’été 2009, le jeune buteur polonais du Lech Poznań passe même par la Bourgogne et plus précisément par l’AJ Auxerre. L’AJA vient de prolonger son compatriote Ireneusz Jeleń, et de recruter Dariusz Dudka. La filière polonaise s’épanouit à l’Abbé-Deschamps, et les Auxerrois visent maintenant Lewandowski, qui reste sur une saison à 14 buts en championnat et qui jouit d’une belle cote sur Football Manager. Le grand Robert vient même visiter les installations du club, sauf que le transfert ne se concrétise pas. Deux versions s’opposent : l’une prétend que Jean Fernandez aurait recalé Lewandowski, l’autre que le joueur aurait trouvé le stade trop moche. Dans tous les cas : Robert Lewandowski pose finalement ses valises un an plus tard dans un club qui a déjà volé l’AJA en 1997 : le Borussia Dortmund. AH

#22 - Roman Zozulya au Rayo Vallecano

Son nom ne vous dit sûrement rien – à moins que vous ne connaissiez par cœur la feuille de match d’Ukraine-France de 2013 -, mais il précède pourtant bien Roman Zozulya partout où il s’avance. Buteur et à l’origine du penalty lors du match aller contre les Bleus à Kiev, l’ancien capitaine du Dnipro finaliste de la C3 en 2015 connaît une carrière plus agitée depuis janvier 2017. À l’époque en échec au Real Betis pour sa première expérience loin de sa chère Ukraine, le buteur file en prêt au Rayo Vallecano. Mais l’aventure ne va durer qu’une journée. Les Bukaneros, groupe ultra du Rayo ancré à gauche, font tout sauter, accusant le joueur photos à l’appui d’être en lien avec l’extrême droite ukrainienne et surtout proche de la mouvance néo-nazie. Ayant été sous contrat avec le Betis puis le Rayo, Zozulya se retrouve sur la touche pour le reste de la saison. Conspué à son retour sur les terrains à Albacete, l’Ukrainien vivra la même expérience à l’été 2021 à l’AD Alcorcón. AH

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#21 - John Obi Mikel à Manchester United

L’histoire de l’arrivée de John Obi Mikel en Europe est rocambolesque. En juin 2005, le milieu nigérian de 18 ans séduit plusieurs grosses écuries lors du Mondial U20, où le Nigeria s’incline en finale contre l’Argentine d’un certain Lionel Messi. Jackpot : le jeune joueur gagne le droit de faire un essai à Manchester United pendant un mois. « Je ne pouvais pas y croire. Moi, un simple étudiant africain, je m’entraînais avec certains des meilleurs joueurs du monde, racontera-t-il des années plus tard, en 2017, au Sun. Roy Keane était mon garde du corps. Sir Alex Ferguson m’appelait Obi Wan. Un jour, il m’a appelé dans son bureau et m’a dit : « Tu sais que Keane, Scholes et les autres joueurs m’ont dit que je devais te faire signer ? » » De retour au Nigeria, Obi Mikel engage un agent, attend l’appel des dirigeants mancuniens et voit Chelsea le dragouiller. La pépite signe finalement un premier contrat professionnel à Lyn Oslo, en Norvège. Le début d’une ascension en douceur ? Pas du tout, Ferguson revenant à la charge et Obi Mikel signant un contrat avec MU et posant avec le maillot des Red Devils lors d’une conférence de presse improvisée.



La naissance d’un immense imbroglio, Chelsea ayant un accord avec le club norvégien pour qu’il ne soit pas vendu à un autre club. Dans un texte rédigé pour The Player’s Tribune en 2018, Obi Mikel raconte cette expérience folle : « Des agents, des managers, des inconnus, des types qui me tendaient des papiers se battaient pour moi. J’avais Sir Alex Ferguson au téléphone d’un côté et de l’autre Roman Abramovich, qui m’hébergeait à Londres dans un endroit connu par seulement quelques personnes. C’était vraiment déroutant, j’étais un enfant. » Un gamin face à un dilemme et un choix à faire, les deux clubs anglais se livrant pendant ce temps-là une bataille juridique, et les deux coachs, Ferguson et Mourinho, tentant de convaincre le bonhomme. « Vous savez ce qui m’a fait changer d’avis ? Chelsea avait signé trois autres joueurs du Nigeria avec moi. Ils restaient dans la maison à Londres pour me tenir compagnie, développe le Nigérian. Ces gars-là… leurs vies dépendaient de ma décision. J’ai choisi Chelsea, et quatre vies ont changé ce jour-là. » Dont la sienne, évidemment. CG

Par Andrea Chazy, Clément Gavard et Adrien Hémard

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