Top 50 : 90 secondes de bonheur (de 40 à 31)

D’abord, il y a une improbable intuition. Celle de Pascal Dupraz, qui susurre à l’oreille de Yann Bodiger, sur le point d’entrer en jeu : « Avec ta patte gauche, je sais pas pourquoi, j’ai l’impression que c’est toi qui vas… ce soir. » À ce moment-là, Toulouse est mené sur le terrain d’Angers lors de la dernière journée de Ligue 1 (2-1) et file tout droit en Ligue 2. Seul un succès peut lui permettre de repasser devant Reims, qui déroule devant Lyon (4-1). L’espoir renaît toutefois quand Martin Braithwaite égalise d’une reprise du droit (78^e). Dans la foulée, Wissam Ben Yedder obtient un coup franc aux abords de la surface, excentré côté droit. Du haut de ses 21 ans, Bodiger, zéro but en Ligue 1 jusque-là, prend ses responsabilités. De sa fameuse « patte gauche » , il expédie le ballon dans la lucarne d’Alexandre Letellier et fait exulter un parcage visiteurs comble (80^e). En deux minutes chrono, le TFC a renversé une situation désespérée. Et un gamin a sauvé son club formateur de la relégation. RB

Outre-Manche, la finale de la FA Cup 1979 entre Arsenal et Manchester United est entrée dans la légende sous l’appellation « Five-Minute Final » . Et pour cause : autant ses 85 premières minutes sont tout à fait oubliables, autant ses cinq dernières restent gravées dans les mémoires. Au moment d’aborder le money time, les Gunners mènent 2-0 et semblent se diriger tranquillement vers la victoire. Mais Gordon McQueen, du gauche (86^e), et Sammy McIlroy, qui bat Pat Jennings après avoir dribblé deux défenseurs adverses (88^e), remettent les Red Devils à hauteur. Un score de parité néanmoins très éphémère. Car loin d’être sonnés, les hommes de Terry Neill repartent de l’avant et Alan Sunderland inscrit le but décisif en reprenant un centre dans les six mètres (89^e). Ou comment calmer très vite une équipe euphorique. RB

Le 20 janvier 2015 était le jour de Vincent Bessat. Né à Lyon, celui qui évolue alors encore au poste d’ailier fait face, à l’occasion de ce match de Coupe de France, au club de sa ville natale. Et après l’ouverture du score d’Alexandre Lacazette dans les cinq premières minutes, le gaucher provoque deux descentes de tribune Loire en quelques secondes, autour de la vingtième minute de jeu, sur deux ballons réceptionnés côté gauche et croisés au fond des filets d’Anthony Lopes. Comme dans un rêve, d’autant plus que le bougre ne s’est pas arrêté là, puisqu’il inscrira le but du 3-2, synonyme de triplé et de qualification, d’une superbe volée à la 89^e minute. Du pied gauche, toujours. JB

Triplé Vincent Bessat Fc Nantes-Lyon.3-2 Coupe de France 2015?? pic.twitter.com/lEqsqJWu2p

— fou de foot (@suodosFcn) January 20, 2022

Du Liverpool-Barça de 2019, on parle souvent de l’inspiration de Trent Alexander-Arnold et Divock Origi, devenue culte et ayant permis de valider la folle remontada des Reds. Mais cet instant de grâce n’aurait jamais eu lieu sans le doublé express de Georginio Wijnaldum (alors au sommet de son art), qui avait permis aux siens d’égaliser en début de seconde période en frappant deux fois coup sur coup (54^e et 56^e), les Blaugrana ayant à peine eu le temps de comprendre ce qui leur arrivait entre les deux. Une soirée qu’Anfield n’oubliera pas de sitôt. JB

? si tu te souviens de ce doublé en deux minutes de Gini Wijnaldum face au Barça en #LdC ?Le Néerlandais des @RedsFrance fête ses 3⃣0⃣ ans aujourd’hui ?? pic.twitter.com/0TaBMgCoul

— L’UEFA ?? (@UEFAcom_fr) November 11, 2020

Peut-on faire pire que les débuts professionnels de Sascha Burchert ? À 19 ans, le gardien remplaçant du Hertha Berlin lançait en effet sa carrière par une humiliation face à Fribourg (4-0), avant de récidiver deux semaines plus tard, d’une prestation au niveau rarement atteint. Entré à la demi-heure de jeu pour pallier la blessure de Timo Ochs et alors que son équipe tenait tête à Hambourg (1-1), le portier allait à ce titre balancer les siens dans le précipice. En seulement deux minutes. Sur son premier ballon, Burchert manque ainsi sa sortie, d’une tête plongeante directement dans les pieds de David Jarolím, venu le lober en douceur (1-2, 38^e), suivi de l’exacte copie, cette fois pour servir le vétéran Zé Roberto (1-3, 40^e). Le Hertha terminera dernier de Bundesliga.

En matière de rebondissements, difficile de trouver mieux que la Premier League. Les Queens Park Rangers et Liverpool se sont d’ailleurs attachés à la tradition, le 19 octobre 2014, pour la huitième journée de championnat. Le scénario est simple : 0-0 à la pause, 0-1 à l’heure de jeu pour Liverpool et 2-3 au coup de sifflet final côté red. Les Liverpuldiens ouvrent ainsi la marque sur un but contre son camp de Richard Dunne (1-0, 67^e) et se dirigent vers un succès serein à Loftus Road. C’était cependant compter sans les dix dernières improbables minutes qui allaient suivre. Eduardo Vargas égalisait en effet pour QPR (1-1, 87^e), avant que Philippe Coutinho ne remette les siens devant (1-2, 90^e). Mais de nouveau, les Londoniens se remettent en marche, aidés, cette fois, par une réalisation attribuée à Steven Gerrard contre son camp (2-2, 90^e+1). Et comme si cela ne suffisait pas, la fête à la défense prenait fin sur un énième « own goal » , signé Steven Caulker (2-3, 90^e+5) et venu donner la victoire aux Rouges. Pour mieux transformer une banale opposition en rencontre iconique. AB

Si la Turquie peine à gagner en constance, ses apparitions dans les grands tournois passent rarement inaperçues. Symbole iconique : l’Euro 2008. Un véritable parcours du combattant, entamé lors de la dernière journée du groupe A, face à la Tchéquie. Les Turcs doivent alors l’emporter contre leur adversaire direct pour décrocher une place en quarts de finale. Jan Koller et Jaroslav Plašil douchent cependant les espoirs rouges, malgré la réduction de la marque d’Arda Turan. Le salut viendra finalement du héros Nihat, auteur d’un doublé express sur une bourde de Petr Čech (87^e), puis sur une frappe magistrale sous la barre (89^e), lançant, sans le savoir, un tournoi mémorable. AB

Pour la Turquie, la suite de cet Euro 2008 relèvera dès lors de l’indescriptible, au détour de scénarios improbables. Car après la Tchéquie, c’est au tour de la Croatie, en quarts, de faire face à la résilience locale. Au terme d’une partie sous haute tension (0-0), Ivan Klasnić pense en effet délivrer les siens au bout de la prolongation (119^e), avant d’être rattrapé par la rage turque. Le ballon à peine remis en jeu, Semih Şentürk se charge d’égaliser (121^e), pour traîner son adversaire aux tirs au but et l’y achever. AB

Padiham est une petite ville située dans le district de Burnley, où vivent quelque 10 000 habitants. Parmi eux, 170 chanceux pourront dire, à propos du 28 octobre 2017 : « J’y étais. » En ce samedi pluvieux, l’équipe locale, Padiham, reçoit Widnes, pour un match de Premier Division, l’équivalent de la D7. Les visiteurs ouvrent rapidement le score, puis font le break dès la 16^e minute. Au retour des vestiaires, Morrison redonne espoir à Padiham, mais ces espoirs sont douchés à la 77^e par le troisième but de Widnes. Le sort semble scellé, notamment au moment où l’arbitre indique trois minutes de temps additionnel. Et là, la folie s’empare de la Ruby Civil Arena. À la 92^e, l’attaquant de Padiham, Craig, profite d’un dégagement raté de la défense de Widnes pour réduire l’écart. 3-2. Sur le coup d’envoi, Widnes a immédiatement la balle du 4-2, mais Alex Davies, après avoir dribblé le gardien, voit sa frappe être sauvée sur la ligne par le retour héroïque du défenseur de Padiham. Le portier, tout heureux de récupérer le ballon, envoie alors une praline loin devant. Le cuir revient dans les pieds d’un joueur de Padiham, qui centre : tête de Bradley Ditch, barre transversale, deuxième tête de Jordan, et but ! 3-3 ! À la fin du match, le coach de Padiham définira cette fin de match comme « deux minutes de pure folie » . Tu m’étonnes. EM

Un record peu glorieux… avant la délivrance. En ce 9 septembre 2021, le Royal Excelsior Virton devient, au cours de son match face à Lommel, l’équipe ayant passé le plus de temps sans marquer (318 minutes consécutives) dans toute l’histoire de la D1B, la deuxième division belge. Cette terrible disette prend fin juste après la pause, quand Jamal Aabbou ouvre le score de la tête (47^e). Un immense soulagement pour les supporters virtonais, guère gâtés jusqu’alors. Mais ceux-ci n’ont pas même le temps de se remettre de leurs émotions qu’Ayyoub Allach, d’une frappe du droit téléguidée en direction de la lucarne, double la mise pour les locaux (48^e). Une double dose de bonheur en moins de 60 secondes pour les Verts, victorieux pour la première fois de la saison ce soir-là (2-1). RB