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- Les 0-0 qui ont marqué l'histoire
Top 50 : 0-0 mémorables (de 30 à 21)
Qui a dit que les matchs nuls sans but étaient forcément ennuyeux ou inutiles, voire les deux ? Voici cinquante raisons de penser le contraire, avec des rencontres privées de tremblement de filet qui ont pourtant marqué l'histoire du football.
#30 - Atlético-PSV, 2016
Atlético de Madrid – PSV (x2)
Ligue des champions (8es de finaler aller-retour), les 24 février et 15 mars 2016
Et hop, une double ration de 0-0 pour le Cholo. Pour la première fois depuis 2007, le PSV retrouve les huitièmes de finale de C1, mais doit faire face à l’Atlético de Madrid, nouveau cador sur la scène européenne. Problème, les deux équipes sont incapables de se départager, ne parvenant pas à faire trembler les filets en un peu plus de 210 minutes de jeu cumulées. Après un nul frustrant au Philips Stadion, les Colchoneros butent sur l’impressionnant Jeroen Zoet au retour. Sur le bord du terrain, Diego Simeone et Phillip Cocu se livrent une bataille tactique féroce, le technicien néerlandais obligeant l’Argentin à alterner les systèmes. Les minutes passent, l’ambiance est pesante, et le PSV manque l’occasion d’arracher sa qualification après qu’Oblak a repoussé une frappe de Locadia sur le poteau. La décision se fera dans une séance de tirs au but stressante à souhait : l’Atlético de Griezmann signera un sans-faute, et Luciano Narsingh, entré en jeu cinq minutes plus tôt, sera l’unique tireur (sur 16) à échouer (8-7). Ouf, le stade Vicente-Calderón peut souffler.
#29 - Brésil-Angleterre, 1958
Brésil – Angleterre
Coupe du monde (phase de poules, J2), 11 juin 1958
Il faut s’en rendre compte : avant sa sixième édition, la Coupe du monde ne savait pas à quoi ressemblait un 0-0. Il a fallu attendre le tournoi de 1958, en Suède, pour assister à la première rencontre accouchant d’une souris dans l’histoire du tournoi. Les heureux élus : le Brésil et l’Angleterre, dos à dos à l’issue du deuxième match de la phase de poules. Une surprise ? Un peu, la Seleção ayant la réputation de faire le spectacle, sans toujours être impériale défensivement. Sauf que cette fois, les Brésiliens sont ambitieux. Ils ont peur de se vautrer, et décident de ne pas trop se livrer pour se contenter du nul. Résultat, les Three Lions de Billy Wright mettent fin à une belle série : le Brésil restait sur dix-huit matchs consécutifs en marquant au moins un but dans la compétition (un record égalé deux fois par l’Allemagne). Peu importe, dans les jours suivants, Vicente Feola trouvera la bonne recette pour animer son 4-2-4 – le quatuor offensif Garrincha-Pelé-Vavá-Zagallo n’a pas été aligné avant la demie contre la France – et emmener le Brésil vers son premier sacre mondial.
#28 - Allemagne-Lettonie, 2004
Allemagne – Lettonie
Euro (phase de poules, J2), 19 juin 2004
L’Euro 2004 fut vraiment plein de surprises. Il y a un peu plus de 16 ans, la Lettonie et sa légende Māris Verpakovskis sortaient d’un groupe comprenant la Suède, la Pologne et la Hongrie puis venaient à bout de la redoutable Turquie en barrage afin de s’offrir un ticket historique pour l’épreuve continentale. Et les Sarkanbaltsarkanie n’allaient pas faire le déplacement en Lusitanie pour rien, malgré un tirage coriace. Après avoir inscrit son premier but à ce niveau (par Verpakovskis, évidemment) lors d’une défaite sur le fil contre la Tchéquie (2-1) et avant d’être écrasée par les Pays-Bas (3-0), la sélection lettone arrache un nul contre la Mannschaft, finaliste du Mondial 24 mois plus tôt, ce qui reste son seul et unique point en compétition internationale. Ce samedi-là, Kevin Kurányi et Fredi Bobic, alignés devant, mais aussi Michael Ballack et Miroslav Klose (sorti du banc en deuxième) restent muets face à la 53e nation FIFA. Résultat, l’Allemagne ne verra pas le tour suivant. Le mot de la fin est pour le sélectionneur de l’époque Aleksandrs Starkovs : « Faire échouer l’Allemagne, c’est déjà un succès, non ? »

#27 - Sanary-Montpellier, 1982
Sanary – Montpellier
Coupe de France (32es), 14 février 1982
Séville n’a pas le monopole des événements fous de l’année 1982 : à Sanary-sur-Mer aussi, on a vibré. À l’époque, l’équipe de la station balnéaire varoise est pensionnaire de Division d’honneur régionale et se hisse en 32es de finale de Coupe de France en sortant notamment Saint-Raphaël (D3) et l’AS Cannes (D2). À Bandol, face au Montpellier de Jacques Bonnet (D1) emmené par Jacques Santini et Jean-Louis Gasset, le club de sixième division garde la cage de son portier Jean-Claude Mario inviolée et l’emporte au bout d’une séance de tirs au but insoutenable (7-6). Un exploit inédit réalisé un jour de Saint-Valentin, qui permettra à l’US Sanaryenne d’accueillir, au tour suivant au stade Mayol de Toulon, le grand Sainté de Michel Platini et toute la clique, qui prendra le dessus (0-2). Qu’importe : le joli tricot jaune et noir sanaryen fait désormais partie de l’histoire.
#26 - Galatasaray-Arsenal, 2000
Galatasaray – Arsenal
Coupe UEFA (Finale), 17 mai 2000
De la tension tout au long de la partie, de la violence entre supporters (des dizaines de blessés), de l’agressivité sur le terrain (neuf cartons jaunes), un nombre de fautes incalculable, un combat physique et peu spectaculaire, une épaule disloquée pour Bülent Korkmaz (qui refuse d’être remplacé et continue blessé, d’où son surnom de « Courageux » , ce qui lui fera manquer l’Euro), 38 919 spectateurs au Parken Stadium de Copenhague, une première finale européenne pour Arsenal, une expulsion à l’entame de la prolongation pour Gheorghe Hagi (auteur d’un coup de poing sur Tony Adams), de nombreuses occasions gâchées par les Anglais en supériorité numérique (notamment pour Marc Overmars, Nwankwo Kanu ou Thierry Henry), un Cláudio Taffarel décisif, du suspense jusqu’au dernier moment, une séance de tirs au but gagnée 4-1 par les Turcs (avec un Gheorghe Popescu libérateur et des échecs de Patrick Vieira et Davor Šuker), un premier titre continental pour Galatasaray… mais pas de but. Et c’est sans doute ce qui a rendu ce match beau.
#25 - Bastia-PSV, 1978
SC Bastia – PSV Eindhoven
Coupe UEFA (finale aller), 26 avril 1978
Sainté a connu les poteaux carrés, le Sporting a eu droit au pédiluve de Furiani deux ans plus tard. Charles Orlanducci, Johnny Rep, Claude Papi, Jean-François Larios, Jean-Marie De Zerbi, Georges Franceschetti, Fanfan Félix, Merry Krimau, Jean-Louis Cazes, Felix Lacuesta, Paul Marchioni… En 1977-1978, le modeste SECB possède l’une des plus belles équipes du pays (il terminera cinquième du championnat), et les livres d’histoire sont là pour en témoigner : cette saison-là, les insulaires font la fierté de la Corse en atteignant la dernière marche de la C3 face au PSV au terme d’une splendide épopée, avec notamment le grand Torino à leur tableau de chasse. Mais avant l’aller, la pelouse d’Armand-Cesari (autour de laquelle 15000 supporters se sont massés, selon les chiffres officiels) prend des trombes d’eau à cause d’une météo taquine, et aucun report n’est envisagé : obligés d’en découdre malgré des conditions inadmissibles, les hommes de Pierre Cahuzac, dominateurs dans le jeu, ne parviennent pas à faire la différence face à un très bon Jan van Beveren. La manche retour verra les Néerlandais se balader face à des Bastiais cuits (3-0). Tant pis pour la gloire : le SCB restera le troisième club français à s’être invité en finale d’une Coupe d’Europe.
#24 - Steaua Bucarest-Barcelone, 1986
Steaua Bucarest – Barcelone
Coupe des clubs champions européens (finale), 7 mai 1986
Helmuth Duckadam aurait pu rester un illustre inconnu. Mais il y a eu cette finale, au stade Ramón Sánchez Pizjuán, entre son Steaua Bucarest et Barcelone. Une rencontre hors du temps pour le portier de 27 ans. Devant un public acquis à sa cause, le Barça de Bernd Schuster bute d’abord sur la formation roumaine, au point collectivement et bien organisée. Les minutes filent, les occasions sont rares, et l’ennui s’installe. Après 120 minutes de jeu, le score est de 0-0. Normal, pour une telle purge. C’est l’heure de la séance de tirs au but. L’heure de Duckadam, surtout. Chanceux ou non, le portier roumain plonge quatre fois du bon côté pour repousser les tentatives d’Alexanko, Pedraza, Pichi Alonso et Marcos, pendant que Lăcătuș et Balint, les deux seuls buteurs de la séance, font le job côté roumain. Voilà le Steaua sur le toit de l’Europe. Une première pour un club roumain, une première pour un pays du bloc de l’Est, trois ans avant la chute du mur de Berlin. Un triomphe inattendu et la naissance d’un nouveau surnom pour désigner Duckadam, « le héros de Séville » . Sans le savoir, il vient surtout de jouer son dernier match au haut niveau. La faute à une vilaine thrombose dans le bras droit ou à une sombre affaire politique ? Personne ne l’a jamais vraiment su.
#23 - Colombie-Angleterre, 1995
Colombie – Angleterre
Amical, 6 septembre 1995
La préparation psychologique, le regard fixé sur le ballon, la recherche de la juste position, la folie libérée… Et les pieds de René Higuita s’envolèrent dans le ciel de Wembley en ce 6 septembre 1995, jour de match amical opposant la Colombie aux Three Lions. Le coup du scorpion était popularisé, le nom du gardien aussi, sa réputation également. Explication de l’intéressé, bien plus tard : « En Angleterre, j’ai sauté sur une occasion que j’attendais depuis près de cinq ans. Les enfants ont toujours été ma source d’inspiration, je les ai toujours vu tenter des bicyclettes ou des ciseaux dans la rue ou sur les terrains de foot et je me suis dit que cela serait bien de faire la même chose sur un arrêt. (…) À cet instant, il y a eu dans les tribunes un murmure que je n’avais encore jamais entendu et que je n’ai jamais réentendu ensuite. C’est après que commencèrent les ovations. » Une question reste en suspens : le portier a-t-il vu, oui ou non, l’arbitre de touche lever son drapeau pour signaler un hors-jeu sur ce centre-tir de Jamie Redknap avant de le rabaisser ?
#22 - Côte d'Ivoire-Ghana, 1992
Côte d’Ivoire – Ghana
Coupe d’Afrique des nations (finale), 26 janvier 1992
Vingt et un tremblements de filet… mais pas un seul durant les temps réglementaire et additionnel, prolongation comprise. Comment est-ce possible ? Réponse : un 0-0 a accouché d’une séance de tirs au but absolument interminable, remportée par la Côte d’Ivoire sur le score improbable de onze à dix devant le malheureux Ghana. Les Blacks Stars auraient dû sentir le piège, lors de cette finale de Coupe d’Afrique des nations 1992 : bien qu’ils aient passé sept heures sur les terrains en dix jours (prolongation en quarts, tirs au but en demies) sous une chaleur suffocante et qu’ils ne disposent pas d’une énorme puissance offensive (quatre réalisations sur l’ensemble du tournoi), les Éléphants n’ont pas encaissé un seul pion durant l’intégralité de la compétition. C’est dire la solidité du lauréat, mais aussi l’ennui qu’il a pu offrir aux spectateurs. Notamment lors de l’ultime rencontre. Sauf que ça, tout le monde l’a oublié.
#21 - Juventus-Milan,
Juventus – AC Milan
Ligue des champions (finale), 28 mai 2003
Encore une finale continentale qui se joue aux tirs au but. Cette fois, elle a lieu en 2003 à Old Trafford et met aux prises deux équipes italiennes pour la première fois de l’histoire de la Ligue des champions : alors à l’apogée de leur rivalité sportive, la Juventus et Milan se battent pour le toit de l’Europe. Et ceux qui ne veulent se rappeler que la séance décisive pour décrire ce choc de titans soit ont mauvaise mémoire soit sont de mauvaise foi. En vrac : un but d’Andreï Chevtchenko refusé pour un hors-jeu (passif ou actif ?) de Rui Costa, un immense arrêt de Gianluigi Buffon sur un coup de casque de Filippo Inzaghi, une tête d’Antonio Conte fracassant la barre transversale de Dida, une tentative d’Andrea Pirlo touchant le montant… Avant effectivement les échecs cumulés de David Trezeguet, Marcelo Zalayeta et Paolo Montero. Hop, quatrième C1 pour Paolo Maldini !
Par Jérémie Baron, Florian Cadu et Clément Gavard