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  • Les 0-0 qui ont marqué l'histoire

Top 50 : 0-0 mémorables (de 10 à 5)

Par Jérémie Baron, Florian Cadu, Antoine Donnarieix et Clément Gavard

Qui a dit que les matchs nuls sans but étaient forcément ennuyeux ou inutiles, voire les deux ? Voici cinquante raisons de penser le contraire, avec des rencontres privées de tremblement de filet qui ont pourtant marqué l'histoire du football.

#10 - Arsenal-Manchester United, 2005

Arsenal – Manchester United

FA Cup (Finale), 21 mai 2005

Dennis Bergkamp, Ruud van Nistelrooy, José Antonio Reyes, Cristiano Ronaldo, Robert Pirès, Wayne Rooney, Fredrik Ljungberg, Ryan Giggs, Robin van Persie… et pas un seul but marqué. La faute à l’absence de Thierry Henry, blessé ? Non, l’explication se trouve plutôt dans le manque de réalisme flagrant de Manchester United lors de cette finale de FA Cup. Le 21 mai 2005, les Red Devils et Arsenal se retrouvent pour une partie où la rivalité entre les deux clubs (Arsène Wenger-Alex Ferguson, Patrick Vieira-Roy Keane) se situe à son paroxysme. C’est d’ailleurs la cinquième confrontation de l’année entre les deux équipes, les Gunners s’étant inclinés deux fois en championnat et une fois en quarts de la League Cup après avoir remporté le Community Shield. Autant dire que la tension est palpable, la bande de Cesc Fàbregas reprochant notamment à celle de Paul Scholes de proposer un football beaucoup trop physique cette saison-là.

Pourtant, ce sont les Londoniens qui alignent une équipe plutôt défensive face à un champion en titre largement dominateur. Devant 480 millions de téléspectateurs à travers le monde, dont 12,8 millions au Royaume-Uni, MU frôle l’ouverture du score à de nombreuses reprises (but de Rio Ferdinand refusé pour hors-jeu, poteau de Rooney, poteau de Van Nistelrooy après un sauvetage sur la ligne de Ljungberg…). Les statistiques parlent d’elles-mêmes : dix tirs cadrés à un, neuf corners à un. Tant bien que mal, les Canonniers parviennent à éviter le pire. Place aux tirs au but, exercice idéal pour piéger l’ennemi et ainsi remporter la première Coupe d’Angleterre de l’histoire attribuée après égalité dans la prolongation, seul Scholes ratant sa tentative durant la séance.

#9 - Celtic-Atlético, 1974

Celtic – Atlético de Madrid

Coupe des clubs champions européens (Demi-finale aller), 10 avril 1974

Ne parlez surtout pas de ce douloureux souvenir aux plus anciens supporters du Celtic. Dans l’imaginaire collectif des Bhoys, cette demi-finale aller de C1 n’est pas un match de foot. C’est une boucherie, une ignominie, la rencontre la plus sale de leur histoire. Il faut dire que l’Atlético de Madrid, dirigé par Juan Carlos Lorenzo, ne se rend pas au Celtic Park pour faire le spectacle. Dès les premières minutes, les visiteurs donnent le ton. Et la bande à Kenny Dalglish, attaquant vedette du Celtic, commence à trembler. Au programme : des tacles à gogo, des tampons à foison et des balayettes vicieuses à souhait. De quoi choquer les 70 000 fans écossais. De quoi, aussi, donner du boulot à Doğan Babacan. L’arbitre turc de la partie fait pleuvoir les cartons : les Colchoneros terminent le match avec sept cartons jaunes et trois rouges. Dans les rangs glaswégiens, on compte surtout les bleus, à l’image de Dixie Deans, obligé de quitter la pelouse en seconde période. Au coup de sifflet final, la violence continue dans le tunnel, où Jimmy Johnstone encaisse les coups. Malgré les rumeurs d’un forfait, le Celtic s’inclinera à Madrid (2-0), dans une ambiance tendue, quinze jours plus tard. « Nous savions que nous avions mal agi, ces tacles méritaient plus qu’un carton rouge. J’aurais dû finir en prison ! » admettra le défenseur argentin Rubén Díaz 40 ans après ce match de la honte. Il était temps.

#8 - Deportivo La Corogne-Valence, 1994

Deportivo La Corogne – Valence

Liga (J38), 14 mai 1994

Après trois titres consécutifs en Liga, le Barça de Cruyff entame la dernière journée de championnat dans la peau d’un chasseur à la poursuite du Deportivo La Corogne. La donne est simple : si les Galiciens s’imposent au Riazor, ils sont sacrés champions d’Espagne pour la toute première fois de leur histoire. Avec un Brésilien de naissance par ligne (Mauro Silva, Donato et Bebeto), ce Super Depor dirigé par Arsenio Iglesias peut bénéficier du comportement d’un adversaire peu farouche. Face caméra, le défenseur du FC Valence Francisco José Camarasa n’hésite pas à dire que tout le monde en Espagne souhaite voir le Depor champion. Alors ? Alors rien ne se passe comme prévu.

Au coup de sifflet final, les locaux ne sont pas parvenus à inscrire ce but synonyme de délivrance pour toute la ville. La faute à qui ? À José Luis Gonzalez, dernier rempart des Murciélagos devenu le cauchemar de La Corogne dans une soirée entrée dans la légende. Tenu en échec toute la partie, le Depor obtient un penalty dans la dernière minute du temps réglementaire. Volontaire, Miroslav Djukic respire un grand coup, effectue sa course d’élan, puis frappe au but. Gonzalez sent bien le coup, plonge du bon côté et capte le ballon des deux mains. À La Corogne, l’ambiance festive tourne au drame. En larmes, Djukic quitte le terrain et s’apprête à vivre la suite de sa carrière professionnelle avec cette cicatrice indélébile. À 900 kilomètres de là, le Barça s’impose 5-2 au Camp Nou contre Séville et s’adjuge son quatorzième titre de champion d’Espagne. Deux salles, deux ambiances.

#7 - PSV-Sainté, 1976

PSV Eindhoven – Saint-Étienne

Coupe des clubs champions européens (demi-finale retour), 14 avril 1976

En neuf saisons à monter la garde devant la cage des Verts et 383 parties disputées, Ivan Ćurković a eu le temps d’en vivre, des moments de légende. Et s’il ne devait en rester qu’un ? Eh bien l’ex-portier yougoslave garderait précieusement, dans son petit cœur d’artichaut, ce 14 avril 1976, et bon nombre de ses coéquipiers de l’époque acquiesceraient. Un an après avoir cruellement chuté contre le Bayern, le grand Sainté – après un duel épique face au Dynamo Kiev – se retrouve de nouveau dans le dernier carré de la C1, face au PSV, prenant une avance lors de l’aller disputé dans le Chaudron (1-0). Deux semaines plus tard à Eindhoven, une ASSE héroïque résiste tant bien que mal aux assauts de Ralf Edström et consorts, le Curk’ réalisant de véritables miracles dans les bois : Saint-Étienne est en finale et c’est la France entière qui prend son pied. La suite, ce sera Franz Roth, Hampden Park et ses montants à angle droit. Mais ça, c’est une autre histoire.

#6 - Étoile rouge de Belgrade-Marseille, 1991

Étoile rouge de Belgrade – Olympique de Marseille

Coupe des clubs champions européens (finale), 29 mai 1991

« Selon moi, ça a été la finale la plus moche de l’histoire de la Coupe des champions. » Signé Siniša Mihajlović, pourtant heureux du résultat final qui hisse pour la première fois l’Étoile rouge de Belgrade sur le toit du continent en dépit d’un jeu très peu emballant. C’est sans doute également le match qui a le plus mouillé les joues de Basile Boli, inconsolable à Bari ce 29 mai 1991 après la séance de tirs au but perdue par l’Olympique de Marseille. Un OM qui a pourtant dominé les débats pour sa première finale européenne, mais qui s’est fait avoir au bout du bout, Manuel Amoros foirant le tir au but numéro un. Réaction de l’intéressé : « Je le rate, et c’est comme si le ciel me tombait sur la tête. Je regardais autour de moi, mais je ne voyais personne et, malgré les gestes d’amitié de mes coéquipiers, je me suis senti seul comme jamais. J’ai eu l’impression que tout s’écroulait… » Pour les favoris Bernard Tapie, Chris Waddle, Jean-Pierre Papin ou encore Abedi Pelé, tout s’écroule, oui. Surtout que la majorité de l’équipe phocéenne a un regret : l’absence dans le onze de Dragan Stojković, ancien de l’Étoile rouge. « À la causerie, lorsque Raymond Goethals a annoncé que Stojković ne démarrait pas le match, nous avons pris un coup sur la tête. Sa composition n’était pas mal, avec Olmeta, Di Meco, Amoros, Boli, Mozer, Germain, Fournier, Pelé, Waddle et moi, mais il se privait tout de même de Tigana, Cantona et Stojković, rembobine JPP. De mon point de vue, avec autant de recul, c’était une erreur, car il ne composait pas l’équipe la plus forte. Du côté de l’Étoile rouge, la crainte était la titularisation de Dragan Stojković. » Confirmation de Stevan Stojanović, gardien adverse : « Il était sans doute le seul dans cette équipe capable de trouver une réponse à notre tactique. » La vengeance arrivera bien assez tôt.

#5 - Italie-URSS, 1968

Italie – URSS

Euro (demi-finale), le 5 juin 1968

Plus stressant qu’une bonne vieille séance de tirs au but : jouer sa place en finale à pile ou face. En 1968, l’Italie et l’URSS se retrouvent en demi-finales de la troisième édition de l’Euro, à Naples. Dans des conditions météorologiques difficiles, la Nazionale se casse les dents sur le mur soviétique, surtout qu’elle perd rapidement son chef d’orchestre Gianni Rivera. Pire, elle termine la rencontre à dix après la blessure de Giancarlo Bercellino. Le tableau d’affichage indique 120 minutes de jeu, le score est toujours de 0-0. La victoire va se jouer à la loterie, la vraie, avec une simple pièce de monnaie. L’arbitre allemand Kurt Tschensher invite Giacinto Facchetti et Albert Shesternev, les deux capitaines, à l’accompagner aux vestiaires pour décider du sort de cette demi-finale. « L’arbitre a sorti une vieille pièce, j’ai choisi pile, racontait Facchetti, décédé en 2006, au site officiel de l’UEFA. C’est tombé sur pile, l’Italie s’est qualifiée pour la finale. J’ai couru dans les escaliers du stade vers les 70 000 spectateurs qui attendaient avec impatience de connaître le résultat. Ma joie fut le signal qu’on pouvait commencer à fêter la victoire de l’Italie. » Le pays organisateur a évidemment été accusé de tricherie (une pièce avec deux faces identiques, un premier lancé annulé), sans que les soupçons ne puissent être vérifiés. Peu importe, la Nazionale remporte son unique Euro cinq jours plus tard contre la Yougoslavie.

Par Jérémie Baron, Florian Cadu, Antoine Donnarieix et Clément Gavard

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