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Top 5 : Qualifications in extremis en Ligue des champions
On ne compte plus le nombre de prestations héroïques d'équipes européennes qui renversent la vapeur dans des matchs à élimination directe en Ligue des champions. En revanche, ils sont peu à s'être mis en danger dès le début de la compétition pour finir par se qualifier sur le fil au terme des six matchs de poule. Alors que Manchester City a toujours la possibilité de se qualifier pour le huitièmes de finale malgré un départ bien pourri, top 5 des victoires à la photo finish.
Sampdoria (1991-92)
À l’époque, la compétition reine s’appelait encore la Coupe des clubs champions. Pourtant, elle avait déjà amorcé sa mue : deux poules de quatre équipes, une seule place qualificative qui amène tout droit en finale. Dans le groupe A, la Sampdoria de Mancini, Vialli, Vierchowod et Pagliuca retrouve le vainqueur de la précédente édition, l’Étoile rouge de Belgrade, ainsi que le Panathinaikos et Anderlecht. Tout commence parfaitement puisqu’un CSC de Nedeljkovic suivi d’un but de Vialli permet aux Génois de s’imposer. Sauf qu’il y a vingt ans, une victoire, ça valait deux points et pas trois. Difficile de prendre le large et en même temps, la qualification pour la finale est d’autant plus disputée. Les matchs suivants, la Sampdoria enchaîne les contre-performances avec un nul à Athènes, puis une défaite à Anderlecht, tandis que l’Étoile rouge obtient deux victoires. En quatrième et cinquième matchs, la Samp tape Anderlecht, puis l’Étoile rouge et se retrouve leader du groupe avec un point d’avance sur les Yougoslaves.
Pendant que Belgradois et Bruxellois se neutralisent, le Panathinaikos mène au Stadio Luigi Ferraris en début de match à cause des gants en peau de pêche de Pagliuca. Mancini libère les siens un peu après la demi-heure de jeu, tandis qu’Anderlecht prend l’avantage grâce à ce bon vieux Johnny Bosman en fin de première période. La Samp’ est alors qualifiée, mais tente toutefois de planter le deuxième but salvateur. Impossible face à un Wandzik en feu. De son côté, l’Étoile rouge finit par égaliser à la 80e et va continuer à pousser pendant les dix prochaines minutes. Ou plutôt les deux. À la 82e, Degryse décoche une frappe tendue et fuyante à trente mètres, jouée vite dans le dos de la défense. En finale, la Samp’ retrouve le Barça. Butant incessamment sur un mur nommé Pagliuca, la Dream Team de Cruijff ne doit son salut qu’à un coup de canon de Koeman. La Sampdoria dit adieu à la coupe aux grandes oreilles. Pas si grave quand on sait qu’avant les poules, la Samp’ avait failli se faire dégager par les Hongrois du Budapest Honved (défaite 2-1 à l’aller, victoire 3-1 au retour).
Newcastle United (2002-03)
Aux abords de l’an 2000, l’UEFA croit tenir l’idée du siècle pour rebooter la Ligue des champions une nouvelle fois. Plutôt qu’une phase de poules, il y en aura désormais deux. Mais avant d’arriver à la seconde, il faut d’abord finir en tête ou deuxième de groupe dans la première poule. Chose qui a bien failli ne jamais arriver à Newcastle lors de la saison 2002-03. Au terme des trois premiers matchs, les Toons affichent un zéro pointé et un goal average de -5 après s’être fait battre par la Juventus, le Dynamo Kiev, puis Feyenoord. Sauf que la bande à Robson n’a pas dit son dernier mot. Mais doit gagner à tout prix.
D’abord, ils surprennent la Juventus à domicile grâce à une combinaison sur coup franc pendant laquelle on a cru qu’Andy Griffin allait finir dans les gradins de St James’ Park avec la balle. Ensuite, ils battent le Dynamo Kiev grâce au premier but d’Alan Shearer en Ligue des champions, sur penalty. Enfin, ils tapent Feyenoord dans le temps additionnel sur une frappe de Bellamy. De son côté, le Dynamo Kiev perd à domicile face à la Juve… Résultat : Newcastle finit à une inespérée seconde place avec deux points d’avance sur les Ukrainiens. Outre un nouveau record établi, cette passe de trois aura eu pour effet de relancer la saison de Newcastle United avec ce même besoin de faire une queue-de-poisson à son adversaire direct. En Premier League, cette fois-ci, avec Chelsea.
Werder Breme (2005-06)
Ah ! Le Werder de Breme du milieu des années 2000… Ailton et Klose qui dégustent les caviars d’un amour de Johan Micoud, un Torsten Frings qui met des grosse mines sous la barre et une défense Krstajić-Ismael (presque) imprenable pour une seule stratégie développée par Thomas Schaaf : marquer plus de buts que l’adversaire. Si la recette marche pas mal en Bundesliga pendant un temps (champions en 2004, puis seconds en 2006 et 2007), c’est un peu plus difficile à l’échelon européen. Après s’être fait des frayeurs en tour préliminaire face au FC Bâle, les Grün-Weißen se retrouvent dans une poule accessible, puisque derrière l’intouchable Barça, futur vainqueur de la compétition, se trouvent l’Udinese et le Panathinaikos. Le Werder trouvera quand même le moyen d’avoir un seul petit point à l’issue de la phase aller des matchs de poule, alors que Froulians et Athéniens en comptent trois de plus.
Arrive le match retour face à l’Udinese. À la 50e, le Werder mène 3-0, mais quelques minutes plus tard, une Arconada de Reinke amorce le retour des Frioulans, bien aidé par le CSC de Schulz sur le but égalisateur. Sauf que Micoud est en feu ce soir-là et plante un quatrième but pour le club allemand. L’Udinese ne reviendra pas. Une nouvelle défaite pour le Werder face au Barça croisée à une victoire sur le fil de l’Udinese contre le Pana distance à nouveau les Grün-Weißen de la seconde place qualitative de trois points. L’issue de la poule se jouera donc pendant le sixième match. Pendant que le Werder étrille les Grecs, le Barça ne mène que d’un petit but face à l’Udinese. L’équipe italienne est en théorie qualifiée au goal average. Sauf que Frings et Iniesta, de part et d’autre de l’Europe, en ont décidé autrement et marquent dans les dernières minutes. En huitièmes de finale, l’Udinese sera vengée par une autre équipe transalpine qui joue en noir et blanc, la Juventus, grâce au but à l’extérieur. Tout pour l’attaque, Mister Schaaf, tout pour l’attaque…
Lyon (2007-08 et… 2011-12)
S’il y a bien une équipe qui aime jouer avec les nerfs de ses supporters en Ligue des champions, c’est l’Olympique lyonnais. Durant sa campagne 2007-08, le club rhodanien se retrouve avec un zéro pointé après deux matchs, notamment en raison d’une branlée infligée par les Rangers 3-0. Moche. Lyon se refait par deux fois face au paillasson du groupe, Stuttgart, puis doit affronter le rouleau compresseur barcelonais de Pep Guardiola. Les Gones s’en remettent à ce qu’il a de plus précieux : les chevilles hyperlaxes de Juninho. En début de match, il transforme un simple corner excentré en lob sur Valdés, puis délivre les siens sur penalty à la 80e alors que le Barça menait depuis l’heure de jeu. De leur côté, les Rangers se font surprendre face à Stuttgart. Duel à mort au dernier match, donc, qui tournera à l’humiliation, Lyon infligeant un 3-0 au retour aux Écossais.
Quatre ans plus tard, plus aussi sereins dans les compétitions européennes, les Gones joueront à nouveau leur place en huitièmes de finale dans les dernières minutes de poule. Concurrencé par l’Ajax, l’OL s’est en outre fait humilier par le Real Madrid 4-0 et s’avance pour le dernier match avec un déficit de trois points par rapport aux Néerlandais, ainsi que sept buts en moins au goal average. Le concept est simple : l’OL doit exploser le Dinamo Zagreb en espérant que le Real écrase de son côté l’Ajax. Les Rhodaniens en passent sept aux Croates, tous en seconde période, tandis que le Real bat l’Ajax 3-0. Sauf qu’on ne dupe pas les fils de Dieu si facilement… Au tour suivant, Lyon subira l’affront de se faire sortir par l’APOEL Nicosie aux penaltys. L’APOEL Nicosie, putain !
Rosenborg (1996-97)
Dans les années 90, Rosenborg marche sur le football norvégien. Forcément, on les retrouve en Ligue des champions. En 1996-97, après s’être qualifié pour les poules suite à une victoire en prolongation face au Panathinaikos, les Troillongan – les enfants trolls dans la langue d’Ibsen, ouais – se retrouvent dans le groupe D avec Porto, Göteborg et, surtout, un grand Milan AC sans doute en fin de vie, mais avec de beaux restes toutefois. Si les Norvégiens remportent leur premier match face à Göteborg, ils subissent ensuite une série de trois défaites, dont deux branlées face au Milan (4-1) et à Porto (3-0). Sauf que dans le même temps, les Rossoneri perdent des points en route, notamment en se faisant taper par le faible IFK Göteborg… Contre qui Rosenborg se remettra en selle en cinquième match de poule.
Alors que les Norvégiens se déplacent à San Siro pour le compte de la dernière journée, ils ne sont désormais plus qu’à un point de leur adversaire du soir – et donc d’une qualification inédite en quart de finale. Suite à une mauvaise passe de la défense milanaise, Brattbakk déboule avec le ballon sur l’aile, puis le dépose sur la tête de Heggem qui bat Rossi au point de penalty. Le Milan AC est dans les choux, le Rosenborg Trondheim aux anges. Et tant pis s’ils perdent leur attaquant phare Iversen, recruté par Tottenham en décembre : ils tomberont en quarts de finale contre le futur finaliste, la Juventus. Surtout, ils ne feront jamais mieux en Ligue des champions.
Par Matthieu Rostac