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Top 5 : Norwich, l’assurance plaisir de Suárez
Rape me. Le tube grunge de Nirvana va comme un gant à Norwich City lorsqu'il s'agit de croiser la route de Luis Suárez, le pistolero de Liverpool. Avec 11 buts en quatre matchs contre les Canaries, dont un quadruplé à l'aller et deux hat-tricks, l'Uruguayen sait massacrer comme personne les pensionnaires de Carrow Road. Florilège de son appétit bestial.
28 avril 2012, Norwich City-Liverpool (0-3) : la flèche d’argent
Entre Luis Suárez et Norwich City, on peut aisément parler de coup de foudre instantané. Il n’aura pas fallu une demi-heure pour que Carrow Road ressemble au paradis du buteur. 28 minutes plus exactement, le temps pour lui de claquer un doublé et d’empocher peinard le trophée de « Man of the match » pour sa première à Norwich. Ou encore de faire goûter sa qualité de frappe, au choix. Quatre minutes après avoir chauffé son gauche, sa récupération du ballon à 35 mètres côté droit devant Ward fait soupirer les fans locaux. L’enfant de Salto fonce alors vers le coin droit de la surface, avant d’adresser un violent shoot rasant, légèrement brossé, dans le soupirail opposé de John Ruddy. Entouré de Craig Bellamy ou Jonjo Shelvey, le poison a vite compris qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même.
28 avril 2012, Norwich City-Liverpool (0-3) : « Oooooh la belle ogive ! »
Il reste à peine dix minutes dans ce même match de la 36e journée. Les Canaries tentent le tout pour le tout pour recoller et le coach Paul Lambert fait entrer ses attaquants Grant Holt et James Vaughan. Mais le siège du but de Pepe Reina commence à peine qu’il est tué dans l’œuf. Luis Suárez joue alors la carotte devant, tel votre pote un peu enveloppé en tournoi de sixte, et aperçoit alors un long dégagement de sa défense. Une boulette du même Ward plus tard, El Pistolero jaillit, se retourne et trouve immédiatement la solution : un lob magistral de plus de 40 mètres qui poussera même un spectateur à délaisser son gradin pour venir célébrer le bijou avec les Scousers. Un lob qui n’est pas sans rappeler celui balancé en demi-volée en décembre dernier, lors de la manche aller.
29 septembre 2012, Norwich City-Liverpool (2-5) : le vice dans le viseur (à partir de 18 secondes)
Même joueur joue encore. Cinq mois après avoir ruiné les Canaries, Suárez recroise la route de Snodgrass, Tettey et compagnie. Avec le même résultat final – un nouveau hat-trick, quoique plus rapide, en 46 minutes tout juste – et encore une cerise sur le gras gâteau servi ce soir-là. Cette fois-ci, Suárez use de deux qualités majeures : sa promptitude à utiliser la moindre erreur adverse et son aptitude aux petits ponts. Turner panique devant sa surface, l’Uruguayen le sent avant et surgit pour lui piquer le cuir et le passer illico entre les jambes de sa victime, avant de finir d’un non moins sexy extérieur du droit imparable. Roublard comme Inzaghi, taquin comme Ronnie. Le pire dans tout ça ? Comme cinq mois auparavant, le garçon de 27 ans claque son chef-d’œuvre à la 28e minute, comme pour la flèche d’argent. Si vous avez envie de poser une pièce sur une grosse cote cet après-midi…
4 décembre 2013, Liverpool-Norwich City (5-1), l’esthétique et historique solo (à partir de 2’10)
Après avoir « seulement » claqué une réalisation lors de la manche retour de la saison 2012-2013, le soldat Suárez est bien décidé à faire mieux et poursuivre son œuvre de destruction pour contenter son public d’Anfield. La « garra charrua » et le talent font le reste et Luis la malice posent très vite les bases avec deux premiers buts avant la demi-heure de jeu, dont ce lob complètement dingue (voir ci-dessous). Une question se pose alors. Va-t-il être le premier joueur de l’histoire des Reds à claquer trois coups du chapeau contre la même équipe ? Une interrogation qui dure en tout et pour tout cinq minutes. Le chien fou prend encore les choses en main seul comme un grand et choisit une autre victime, en plus de John Ruddy, le portier toujours de la partie. Il s’agit cette fois du Néerlandais Leroy Fer, qui ne comprend pas le grand pont qu’il vient de prendre au moment où le numéro 7 envoie une cacahuète dans le petit filet opposé en demi-volée. Le commentateur anglais s’enflamme alors, pas complètement à tort : « Les supporters se souviendront de lui pour des décennies et des décennies. »
4 décembre 2013, Liverpool-Norwich City (5-1), le coup de patte
Une fois que le très probable futur Soulier d’or européen a tout fait dans le jeu aux hommes de Chris Hughton, ne lui reste alors qu’une chose à accomplir : trouer l’adversaire sur un coup franc d’orfèvre. Et comme le disait si bien Roger Lemerre dans Les Yeux dans les Bleus, « si cerveau le veut, ça, ça exécute » en regardant son pied droit. Quand se présente l’occasion à 25 mètres de la cage en seconde période, Steven Gerrard, grand seigneur, ne fait pas chasse gardée de l’exercice et laisse l’opportunité à son buteur de décrocher un nouveau pompon. El Pistolero troque alors sa veste de chien fou pour celle d’artisan joaillier, enroule et flingue pour la onzième fois, sur une période de 360 minutes de jeu, le pauvre Ruddy. Oui oui, vous avez bien calculé, ça fait un but toutes les 33 minutes dans sa face.
Par Arnaud Clément