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Top 5 : Most Improved Player de la Premier League 2013/14
En cette fin de saison, à l'heure des bilans, et à la manière de la NBA, SoFoot.com a décidé de mettre en avant ceux qui ont le plus progressé par rapport à l'année précédente en Premier League. Parce que c'est parfois plus dur de décrocher les encouragements du conseil de classe que les félicitations du jury.
Une saison où Manchester United facture son pire classement depuis près d’un quart de siècle est fatalement une saison de bouleversements profonds. Sur le plan collectif évidemment, mais aussi mécaniquement sur le plan individuel avec la progression au tout premier plan de quelques joueurs qui flânaient déjà dans les parages les années précédentes. Forcément, choisir parmi eux, c’est éliminer. On aurait bien aimé par exemple détailler l’ascension à Everton du géant Lukaku en forme de doigt d’honneur XXL à Mourinho, le prêtant comme un malpropre tout en se plaignant de l’absence de vrais buteurs chez les Blues. On aurait pu aussi s’attarder sur le cas d’un autre Toffee, Seamus Coleman, rien que pour son blase de poseur de bombe de l’IRA, de son coéquipier Barkley et ses percussions de Baby TGV (Big up Georges Eddy !), d’un Luke Shaw bien parti pour truster le poste de latéral gauche des Three Lions pour la prochaine décennie, de son partenaire à Southampton, Lallana, comme une invitation à fredonner Life is life, d’un Januzaj doté d’autant de talents que de passeports, ou encore d’Eden Hazard, milieu le plus prolifique derrière l’intouchable Yaya Touré, mais dont l’arrivée au top niveau semble programmée plus que pour d’autres. Oui, on aurait pu gloser sur tout ça. Mais puisqu’il ne fallait en retenir que cinq…
5 – César Azpilicueta (Chelsea)
Rendons à César ce qui lui appartient. Longtemps, quand l’Espagnol évoluait à Marseille, on s’est demandé s’il n’y avait pas eu arnaque sur la marchandise. C’était ça le soi-disant latéral droit du futur pour la Roja ? Un type trimballé comme une véline bon marché par le moindre dribbleur un peu doué du championnat de France, type Nene par exemple, on avait de gros doutes. Mais le bougre s’est véritablement endurci à Chelsea depuis l’an dernier. Et à moins d’imaginer que la Ligue 1 soit supérieure à la Premier League, il faut bien l’admettre : le natif de Pampelune a très clairement élevé son niveau de jeu depuis son arrivée en Angleterre. Solide au poste la saison dernière sur son flanc droit, Azpi est devenu si bon qu’il a même foutu Ashley Cole en préretraite en lui piquant sa place sur le côté gauche, capable même de dépanner au poste de milieu droit en demie de Champions’ face à l’Atlético. Un joueur susceptible d’être utilisé à contre-emploi serait perçu dans bien des clubs comme une sorte de maillon faible ; chez Mourinho c’est une marque de profond respect.
4 – Jordan Henderson (Liverpool)
La cote de Damien Comolli est peut-être en train de remonter à Liverpool. L’ancien directeur sportif français des Reds de 2010 à 2012 était jusque-là symbole de gabegie sur les bords de la Mersey. Un homme qui avait fait claquer des fortunes au quintuple champion d’Europe dans des choix ubuesques (Downing, Adam et bien sûr l’inénarrable Carroll) pour une seule vraie bonne opération, Luis Suárez of course. Jusqu’à cette saison, Jordan Henderson semblait destiné à une bonne place dans le Hall Of Fame des craquages de Comolli. Sauf que si Liverpool a joué le titre jusqu’au bout face à Manchester City, il le doit aussi à l’ancien milieu de Sunderland. Tout en sobriété, l’international anglais a sans doute été le point d’équilibre des Reds, capable de compenser défensivement les audaces de ses partenaires comme d’aller leur filer un coup de main devant à l’occasion (4 buts, 7 passes décisives), à chaque fois dans les bonnes zones du terrain, avec ou sans ballon. Un facilitateur de jeu hors pair. Et pour ceux qui auraient encore des doutes, on pourra aussi rappeler que c’est en son absence (suspension après la victoire face aux Citizens) que les Reds ont perdu pied. Pas un hasard…
3 – Daniel Sturridge (Liverpool)
Ok, côté danse, ça déconne un peu. Disons-le clairement, Daniel Sturridge et son mouvement de smurf foiré auraient été recalés direct par Sidney dans H.I.P. H.O.P. De quoi le refroidir ? La bonne blague. D’autant que l’attaquant d’origine jamaïcaine célèbre de plus en plus de buts depuis son arrivée à Liverpool en janvier 2013. Un sacré pied de nez quand on y songe. Jusque-là, Sturridge avait été labellisé « joueur fantasque » à Chelsea. Comprendre : du talent, de l’envie, mais une efficacité à peu près aussi fiable que l’horoscope. Encore que, à bien y regarder, le bougre avait déjà facturé 8 pions en une dizaine de matchs lors de son prêt à Bolton en 2011. Mais c’est véritablement aux côtés de l’infernal Luis Suárez (Stéphane Guy, si tu nous lis, ça marche aussi bien qu’avec Wayne Rooney) que Danny le Rouge a pris son envol. Capable d’ouvrir les espaces, de fixer dos au but, d’aller provoquer dans la profondeur ou sur un côté, de servir ses partenaires (7 passes dé’) et surtout de marquer 22 buts en Premier League, deuxième réalisateur du championnat derrière son leader uruguayen. Il n’empêche, après la « robot-dance » de Peter Crouch en 2006, une question fondamentale se pose : pourquoi Liverpool, cité des Beatles, abrite-t-elle les danses de footballeurs les plus pourries ?
2 – Aaron Ramsey (Arsenal)
Il fut un temps où Aaron Ramsey marquait tellement peu souvent que ses pions provoquaient un choc planétaire et son cortège de morts à chacune de ses réalisations : ici Steve Jobs, là Withney Houston, Oussama Ben Laden ou encore l’ancien boxeur Ken Norton, dernier cadavre en date à la suite d’un but du Gallois en septembre dernier face à l’OM. Heureusement, depuis, le carnage a cessé, car cette saison, Ramsey est devenu un finisseur de tout premier ordre avec 10 buts en 20 matchs de championnat, le tout assorti de 8 passes décisives. On peut même affirmer sans trop s’avancer que la blessure du milieu formé à Cardiff lors du Boxing Day a participé au décrochage d’Arsenal dans la course au titre alors qu’à ce moment-là, les Gunners menaient le bal. Il faut dire que Ramsey a un peu repris le rôle de Fàbregas quand le Catalan s’ébrouait à Londres : une capacité à bien faire tourner la gonfle et à se projeter dans la surface adverse. En son absence, Arsenal n’a jamais pu trouver la même verticalité et s’est encore fourvoyé en Premier League. Ou quand l’absence de buts de Ramsey provoque elle aussi son lot de victimes. Décidément…
1 – Raheem Sterling (Liverpool)
Le salut du football anglais, c’est lui. Dans une perfide Albion bien assagie, Raheem Sterling a ressuscité une culture lad qui faisait notre fascination de l’Angleterre. Celle des bastons et des grossesses adolescentes. Mais au fond, Sterling n’aurait aucun autre intérêt que d’alimenter les feuilles Lu, vu, détendu de So Foot si le bougre n’était bourré d’un talent hors du commun. L’an passé, Brendan Rodgers avait lancé avec succès le gamin formé à QPR avant que Sterling ne se perde dans les affres d’une célébrité naissante, un phénomène décuplé outre-Manche. Mais cette saison, guidé par le duo Suárez-Sturridge, couvé par Gerrard, l’enfant de Kingston a désossé les défenses de tout le royaume, concrétisant statistiquement (9 buts, 5 assists) ses chevauchées frénétiques, avec quelques moments d’anthologie comme le déboîtage de bassin du pauvre Vincent Kompany. Une énergie et une insouciance qui pourrait bien faire de lui le Facteur X de Roy Hodgson au Brésil. Pas mal pour un môme qui faisait ses débuts pros il y a à peine deux ans. Sans pour autant que cette ascension météorique ne soit la garantie qu’il s’assagisse et se formate. Définitivement libre, Sterling.
Par Dave Appadoo