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Top 5 : Meilleurs joueurs de la Serie A
La Juventus des records, la superbe Roma de Rudi Garcia, l'imprévisible Fiorentina de Montella et le Napoli hispanophone de Benítez : on ne fait pas de grandes équipes sans grands joueurs. Nous avons choisi cinq joueurs qui ont marqué la Serie A cette saison. Et attention, comme dans toute liste, il y aura des déçus, forcément.
5. Ciro ImmobileC’est notre frisson. Et c’est même notre frisson depuis trois ans. Depuis Pescara, et cet incroyable trio Immobile-Insigne-Verratti qui a permis à Zeman de ramener Pescara en Serie A. Meilleur buteur de Serie B en 2012, le jeune Ciro a mis un an à s’adapter à l’élite. Mais une fois l’adaptation accomplie, il a grillé tout le monde. Dans un championnat où évoluent Tévez, Llorente, Higuaín, Klose, Balotelli, Di Natale et Palacio, la palme du meilleur buteur revient donc à cet attaquant de 24 ans, que personne n’aurait attendu à un tel niveau en début de saison. Au Torino (un comble pour lui, formé à la Juve), il a immédiatement trouvé ses repères, et a formé un duo avec Alessio Cerci qui n’était pas sans rappeler aux tifosi celui composé de Pulici et Graziani il y a des décennies de cela. 35 buts à eux deux en championnat, aussi bien que le duo Tévez-Llorente (35 aussi) et mieux que le tandem Higuaín-Callejón (32). Immobile, sur le plan personnel, s’est révélé être un attaquant extrêmement complet. On l’a vu marquer tous les types de buts possibles et imaginables : du droit, du gauche, de la tête, dans la surface, en dehors de la surface, des frappes de mule, des buts de renard. Le vrai attaquant complet. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Cesare Prandelli, il y a quatre jours, a dit de lui qu’il pouvait être « son Pablito » , référence à l’incroyable performance de Paolo Rossi lors du Mondial 1982 (6 buts, meilleur buteur de la Coupe du monde remportée par la Nazionale). Un signe prémonitoire ?
4. Mehdi BenatiaC’est peu dire que le défenseur marocain est arrivé à Rome entouré de belles interrogations à son sujet. Le 13 juillet, la Roma débourse en effet 13,5 millions d’euros pour le faire venir. Du côté des tifosi romanisti, on grince des dents. 13,5 millions pour un mec de l’Udinese qui n’a disputé que 19 matchs la saison passée ? Mais l’ancien Clermontois va vite mettre tout le monde d’accord. Dès les premières rencontres, il se montre impérial derrière, et trouve immédiatement ses repères avec son coéquipier de la charnière centrale, Leandro Castán. Lors des dix premières journées de Serie A, la Roma n’encaisse qu’un seul but (signé Jonathan Biabiany), et Benatia semble insurmontable. Mieux, il marque même des buts. Quatre de septembre à décembre, dont un doublé contre Catane. Lors de la deuxième partie de saison, il continue sur sa lancée, en devenant l’un des véritables leaders de l’équipe de Rudi Garcia. À cause notamment d’une petite blessure contractée en avril, le défenseur central connaîtra une fin de saison un peu plus difficile, ce qui ne change rien au fait qu’il s’est imposé comme le meilleur à son poste. Visiblement, sa saison n’est pas passée inaperçue : lors des cinq derniers jours, son nom a été annoncé du côté de Barcelone, de Munich, de Manchester (côté City) et de Chelsea. Et, a priori, pas pour 13,5 millions d’euros.
3. Paul PogbaLa saison de la confirmation pour le Français. Après avoir fait ses preuves la saison dernière, le milieu de terrain a véritablement explosé cette année. Et dire que c’est pourtant un coup du sort qui a tout provoqué. De fait, lors du tout premier match de la saison, la Supercoupe d’Italie face à la Lazio, Pogba débute sur le banc. C’est Marchisio qui est aligné au milieu, aux côtés de Pirlo et Vidal. Mais au bout de 20 minutes, le beau Claudio se blesse. Pogba entre en jeu, et ouvre le score 120 secondes plus tard. L’absence prolongée de Marchisio lui permet de s’installer au milieu, et de prouver à tous que la seule place qui lui convient est une place de titulaire. Son entente avec Tévez est incroyable, le Français régale l’Argentin de caviars, comme lors de la première journée face à la Sampdoria. Pogba marque aussi des buts importants : le seul de la rencontre lors du derby aller contre le Torino, et le seul de la rencontre, aussi, sur la pelouse de Parme. Mais la pépite de la saison, c’est cet enchaînement contrôle reprise de volée face au Napoli, le but du 3-0. À partir de février, Pogboum va commencer à s’essouffler. Il faut dire qu’il a joué pratiquement tous les matchs de la saison, et n’a pas eu de vacances après le Mondial U20. Antonio Conte dira même : « Je serais plus surpris qu’il ne soit pas fatigué plutôt que l’inverse. » Une fatigue qui ne l’a pas empêché de marquer l’un des nombreux « buts du titre » , le 19 avril, face à Bologne (1-0). Peut-être son dernier avec la Juve.
2. Carlos TévezPremier match, but. Deuxième match, but décisif. Troisième match, but. Oui, Carlos Tévez a plutôt pris par le bon bout son aventure turinoise. Arrivé en Italie après sept années passées en Angleterre, l’Apache n’a pas tardé à trouver ses marques dans son nouvel environnement. Pourtant, ce n’était pas gagné. À City, Tévez avait connu des moments délicats, avec notamment une saison 2011-12 quasiment blanche. Lorsqu’il débarque à Turin, on lui donne le numéro 10 de Del Piero. Les tifosi ont eu du mal à l’accepter, considérant que l’Argentin était loin d’avoir le fameux « stile Juve » . Mais le 10 n’a pas été un fardeau bien longtemps. À coups de buts décisifs, de doublés et de triplés, Tévez entre dans le cœur des supporters de la Vieille Dame. Il abat le Torino lors du derby (1-0), inscrit le seul but du match sur la pelouse de Catane, et remet la Juve sur les bons rails lors d’un déplacement mal engagé à Sassuolo (égalisation à 1-1, puis victoire 3-1). À un moment donné de la saison, Carlito a même posé son postérieur sur le trône des meilleurs buteurs de la Serie A. Mais il a été devancé dans le sprint final par un Ciro Immobile qui avait au moins envie de gagner ce derby-là. Un détail pour Tévez, qui termine la saison à 20 buts, et remporte là le 15e trophée de sa carrière. Pas suffisant, a priori, pour convaincre Sabella de l’emmener au Brésil. Une belle carotte.
1. Pepito RossiS’il fallait trouver un nouveau synonyme au mot « abnégation » , ce serait probablement « Giuseppe Rossi » . Pepito, c’est le courage. C’est la force mentale. C’est la performance infinie d’un champion avec un genou en mousse, mais qui, malgré cela, continue d’avancer et de réaliser des performances hallucinantes. Hier, l’illustre Gazzetta dello Sport l’a même couronné comme joueur ayant obtenu la meilleure moyenne de note (6,76) sur l’ensemble de la saison. De fait, les chiffres parlent d’eux-mêmes : cette saison, Rossi a disputé 21 matchs de Serie A, et a inscrit 16 buts. Sa moyenne ? Un but toutes les 95 minutes. Autant dire que sans sa blessure au genou qui l’a tenu éloigné des terrains quatre mois, de janvier à mai, Pepito aurait largement terminé en tête du classement du buteur. Mais le joueur en a vu d’autres. Lui qui est resté à l’infirmerie pendant près de deux ans à cause de deux ruptures des ligaments consécutives ne s’est pas laissé abattre par une nouvelle blessure. Il a bossé dur, et est parvenu à revenir sur les terrains le 3 mai. Résultat : depuis qu’il est revenu, Rossi tourne à une moyenne d’un but toutes les 70 minutes. Comme si le temps s’était arrêté, comme si aucune blessure n’avait jamais eu lieu. Pepito a repris sa course, et a désormais le Mondial en ligne de mire. La Fiorentina, de son côté, ne peut que déplorer ces quatre mois d’absence. Car là encore, la stat est édifiante. Cette saison, avec Rossi, la Fiorentina, c’est une moyenne de 1,9 point par match. Sans Rossi, cette moyenne chute à 1,4. La Juve pourra témoigner de la différence entre affronter une équipe avec et une équipe sans Pepito.
On aurait pu les mettre aussi, mais bon, il fallait en choisir cinq : Juan Cuadrado, Arturo Vidal, Miralem Pjanić, Gervinho, Dries Mertens et les éternels Antonio Cassano et Luca Toni.
Éric Maggiori