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Top 5 : Livres

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Top 5 : Livres

Au cas où vous sécheriez deux jours avant le jour fatidique, cinq petits conseils en forme de rattrapage de lecture de l'année 2010. C'est cadeau.

Pour les pratiquants : Bruno Heckmann “Un footballeur” (Belfond)

La littérature sportive est un genre particulier, qui brille en général davantage par son exotisme que par sa qualité stylistique ou simplement l’intérêt narratif. Les romans consacrés au football ne dérogent pas à la règle et il demeure exceptionnel que l’on ressente autre chose qu’un sourire intérieur amusé en feuilletant les pages (il existe bien sûr des exceptions d’autant plus citées qu’elles s’avèrent rares, à l’instar de ces classiques que sont “Football Factory” ou “Carton jaune”). Pourtant, quitte à lire un bouquin de circonstance, le sobrement intitulé “Un footballeur” de Bruno Heckmann explore au moins l’une des facettes les plus maltraitées (et mal traitées) de l’univers du ballon rond, surtout en France. Autrement dit, le foot amateur, ici en outre sa branche corpo version “à 7”, ses millions de pratiquants toutes fédérations confondues, ses passionnés pas toujours sympathiques, ses bénévoles du dimanche et ses gars qui ont tous failli passer pro. Bref le foot d’en bas sans Zahia mais sans Thiriez, ce qui ne l’empêche de maîtriser ses “fondamentaux” à base de nostalgie 82 ou 98 pour les plus jeunes. Un voyage pas si inutile au moment où tous les commentateurs, politiques et autres bonnes âmes ne cessent de se réclamer d’eux pour venir cogner sur des Bleus provisoirement à terre. Donc voici la petite aventure d’un gars qui, faute de se conformer à l’esprit sauvage de l’entreprise privée, rejoint la fonction publique, endossant dans la foulée le maillot du CGAS (conseil général association sportive) dans la foulée. Un brave type, pas à une contradiction près, qui voit son équipe du lundi soir comme un phalanstère égalitaire à la mode Fourrier (le socialiste utopique du XIX siècle), mais se méfie de Coubertin et de sa devise « l’important, c’est de participer » car « c’est flippant un centriste » . Un foot de mecs de gauche sans être forcément un foot de gauche. Chercher la nuance. Le reste est littérature.

Pour les politiques : “Allez la France. Football et immigration” (Gallimard)

Vous allez souvent le lire dans la presse, l’histoire de l’équipe de France est celle des nombreuses vagues d’immigration qui se sont installées sur le sol national. On serait aussi tenté de rajouter que depuis 1998, le rapport du pays à cette projection sportive des flux migratoires est entrée en collision frontale avec sa perception de son passé colonial et son appréhension (parfois visuelle) des jeunes issus, même à la troisième génération, des anciennes colonies, voire tout simplement de l’outre-mer. L’exposition qui se déroule actuellement à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration possède au moins ce premier mérite de ne pas s’arrêter à l’alignement des évidences optimistes (ce que pourrait laisser penser son titre un tantinet bonifacien) et des déclarations de bonnes âmes qui pensent que le bonheur intégrationniste est dans le stade. Le catalogue qui l’accompagne, œuvre collective qui permet de mesurer que beaucoup de gens travaillent intelligemment désormais sur la question (ce qui rend encore moins acceptables les inepties sorties régulièrement par nos élites et nos médias), confirme cette volonté de dépasser les lieux communs. On pourra regretter certains manquements ou passages plus légers que d’autres, notamment dès qu’il s’agit de s’attaquer au foot amateur et son rapport complexe avec l’aimant illusoire du foot pro de nos jours ou aux crispations communautaires. Cependant, les nombreux intervenants parviennent, notamment dans les parties consacrées à l’empreinte coloniale (par exemple sur le foot algérien sous la plume de Youcef Fates) ou encore “la troisième mi-temps au café des sports”, à proposer des interprétation nouvelles sur l’utilité du football d’en haut autant que sur son usage d’en bas.

Pour les nostalgiques : Paul Dietschy, “Histoire du football” (Perrin)

Auparavant, si vous désiriez vous initier à l’histoire du football, d’une manière un peu sérieuse, c’est à dire selon les canons universitaires, les ouvrages pionniers d’Alfred Wahl (“Les archives du Football. Sport et société en France” (1880-1980), et “La balle au pied”, le tout chez Gallimard) demeuraient, et restent encore, les passages obligés. Néanmoins la somme que vient de publier Paul Dietschy complète désormais l’offre avec un pavé de près de 620 pages, capitalisant l’ensemble du défrichage historiographique réalisé depuis une quinzaine d’années, notamment à l’aide d’exemples ne se limitant plus, comme trop souvent, à l’Angleterre ou la France. Car la compréhension du plus populaire des sports est désormais devenue une affaire sérieuse. Et les historiens n’abandonnent plus le terrain aux sociologues spécialistes du supportérisme ou encore aux géo-économistes de plateaux télé.
Un petit point d’étape s’imposait et le mérite principal consiste déjà à avoir réussi la gageure de condenser l’essentiel des pistes de travail actuelles dans un ouvrage cohérent, dont évidemment tout un chacun pourra s’amuser à pointer les manques en fonction de ses propres zones de compétence pointillistes. Néanmoins le spectre large des thématiques n’omet rien d’essentiel : la propagation de cette discipline par l’impérialisme anglo-saxon, les acculturations nationales, le rôle du colonialisme dans la diffusion mondiale, le foot professionnel et son rapport au capitalisme industriel, et ou encore l’utilisation, davantage que la récupération, du football par les grandes forces politiques du vingtième siècle. Conseillons surtout le chapitre 9 consacré à “l’exception française” qui détaille bien l’infinie complexité de l’inscription du football dans la société française, ses retards dans la professionnalisation, son rapport fondamental au sport amateur associatif, la fonction ambivalente symbolique de l’équipe de France.

Pour les cultureux : John Robb “Manchester music city 1976-1996” (Rivages Rouge)

La musique est d’abord une affaire de villes. Il y a eu Memphis pour le rock’n’roll et la soul, New-York pour la salsa et le hip-hop, et en Europe, nous avons Manchester. Cette cité ouvrière du nord passée du statut de fierté du capitalisme à symbole “grandeur nature” de sa ruine urbaine posséda l’une des scènes pop les plus incroyables et iconoclastes du Royaume-Uni. Tout commence à la fin des années 60 avec la northern soul, cette passion obsessionnelle des mods et autres soulboys pour les 45t obscurs de rythm’n’blues (quitte à chambrer les Stones de passage dans une boite locale, en passant tous les originaux “blacks” qu’ils reprennent alors avec succès). Tout cela se développe sur fond d’écroulement industriel de la ville, de football (City la prolo contre United la bourgeoise), de casual firm (les Perry boys), d’immigration jamaïcaine et irlandaise, de drogues envahissantes, de gangs de plus en plus violents. De là se cristallisera dans une attitude étrange et une posture éclectique, qui enfantera, après un passage mythique des Sex Pistols, une vague punk et post-punk dont la singularité tenait dans le fait notable qu’ils aimaient aussi danser (des Buzzcoks à Joy Division), avec en figure de proue le label Factory (qui accueillera notamment les Happy Mondays) et son club mythique The Hacienda. Et par la suite évidemment, les Stone Roses et Oasis. Ce livre raconte cette histoire en collectant les témoignages de tous les acteurs, connus ou invisibles, de la bien nommée “Madchester”.

Pour les intellos : “Dictionnaire culturel du sport” (Armand Colin)

Le foot, est-ce encore du sport ? La question peut sembler comique, mais elle mérite malgré tout d’être posée, surtout au regard de l’importance presque secondaire qu’occupe désormais le “terrain” dans son impact social (en comparaison des séismes politiques et autres rebondissements people). Le ballon rond s’est construit une telle hégémonie culturelle, médiatique et économique, qu’il a fini par se dégager au bulldozer une place à part au sein du monde sportif et du sport dans le monde. Il suffit pour s’en convaincre d’observer son insertion difficile, et pour tout dire sa résistance, face à l’Olympisme, l’autre grand paradigme concret de l’impérialisme sportif moderne. Sa stature autonome et arrogante dessine les contours de sa spécificité mais également de son incroyable autosuffisance par rapport aux autres disciplines. Le foot n’appartient quasiment plus au système sportif, il fait système à lui tout seul. Voici l’un des principaux intérêts à se pencher sur la façon dont est traité le cas du football dans un ouvrage “généraliste” comme ce “dictionnaire culturel”. Au fil des rubriques et des notices, l’autarcie envahissante du foot se ressent d’autant mieux que les problématiques ordinaires du sport ne semblent plus le concerner que par la marge. La façon dont certaines autres disciplines essaient de marcher dans ses pas, voire de le concurrencer (sans grande réussite, malgré d’indéniables succès compétitifs, par exemple pour le hand), souligne encore davantage cette distorsion. On ne saurait ainsi, surtout en ce moment, que trop conseiller à la presse ou aux chroniqueurs des plateaux télé de “100% Foot” (un ancien Marseillais) et autre “Canal Football Club”, mais également à nos amis députés (ex-judoka et futur ministre permanent), de se pencher avec un stabilo d’étudiant sur certains articles fort instructifs après l’échec sud-africain des Bleus et les polémiques sur la gouvernance fédérale : l’amateurisme, ministère, fédérations, pratiquants, CNOSF ou encore citoyenneté. Ils y (ap)prendront une petite leçon de choses pas forcement inutile dans le grand bazar des idées reçues qui a enseveli le football national. La pire des politiques, c’est l’apolitisme !

Par Nicolas K-ssis Martov

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