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Top 5 : les meilleurs matchs pour la troisième place
On dit que ce match compte pour du beurre, que les équipes ne le jouent pas à fond, voire pire, qu'on devrait le rayer définitivement du calendrier de l'épreuve. Pourtant, lorsque l'enjeu prend le dessus, ce match pour la troisième place peut tout à fait entrer dans la légende d'une Coupe du monde. La preuve par cinq.
5/ Portugal/URSS (2-1) en 1966, ex æquo avec Pays-Bas/Croatie (1-2) en 1998
Deux matchs, deux époques, deux scores inversés, trente-deux ans d’écart et, au milieu, deux hommes. Eusébio d’un côté, Davor Šuker de l’autre. Lorsque le premier inscrit son neuvième but du tournoi sur un penalty qui n’ouvre que la marque, le second plante son sixième pion – celui de la gagne – grâce à une frappe du gauche sans contrôle qui passe entre les jambes de Jaap Stam, avant de se loger dans le petit filet d’un Van der Sar complètement largué sur l’affaire (sans oublier le golazo égalisateur de Zenden, petit bijou). Deux buts aux antipodes, mais un titre pour l’éternité – celui de meilleur buteur de leur Mondial respectif – et deux troisièmes places qui sont, à ce jour, les deux plus belles perfs nationales en Coupe du monde. Conclusion : pensez-y à deux fois avant de leur dire que ce match ne sert à rien.
4/ Italie/Angleterre (2-1) en 1990
Un match qui a marqué l’histoire grâce à deux hommes : Peter Shilton et Roberto Baggio, unis pour un but digne du Foot en folie. Oui, cette VHS poussiéreuse, aux images mi-saturées, mi-sautillantes, qui nous a longtemps confortés dans l’idée que les pros pouvaient, eux aussi, passer à côté de temps en temps. Bref. Ici aussi, tout démarre avec une connerie : cette passe en retrait mal inspirée de Steve McMahon à la 71e minute, qui met Cap’tain Shilts dans l’urgence. En bon goal anglais, Peter contrôle d’abord discrètos avec ses mains, avant d’oublier complètement ce voleur de poules qu’est Roberto Baggio et qui rôde dans son dos. S’ensuit une première faute du portier sur l’homme au catogan, un petit pont de Salvatore Schillaci sur Des Walker, re-faute de Shilton sur Toto juste après le décalage pour un Baggio placé derrière tout le monde, puis feinte de frappe pied droit et mine du gauche dans une forêt de joueurs. Le n’importe quoi magnifique. À l’image d’une partie qui, après l’égalisation d’un coup de casque phénoménal de David Platt, se conclut sur un pauvre penalty concédé à la limite de la surface par Paul Parker. Un match fou, donc. Un match arbitré par Joël Quiniou, aussi.
3/ Uruguay/Allemagne (2-3) en 2010
Peut-être le match le plus haletant de ce top et qui, malgré la défaite, conclut parfaitement le parcours de l’Uruguay en terres africaines. Que l’on s’appelle Luis Suárez ou « El loco » Abreu, non, on ne viole pas le grand Ghana tout puissant sans s’exposer à une intervention européenne. En toute logique, Hollandais puis Germains sont donc venus défendre leurs intérêts et, dans leur bon droit, ont finalement récupéré les deux dernières marches du podium de cette Coupe du monde 2010 (quatrième médaille de bronze pour l’Allemagne). La preuve aussi qu’au-delà de l’interventionnisme, il y a toujours une justice en matière de football africain.
2/ Allemagne de l’Ouest/France (3-6) en 1958
Le match pour la troisième place le plus prolifique de l’histoire, et sans doute l’un des chefs-d’œuvre de notre duo magique des années 50. Le tout en Suède, et contre l’Allemagne de l’Ouest championne du monde en titre. Avec un but et deux passes décisives pour Raymond Kopa, mais surtout un quadruplé pour son éternel acolyte qui se retrouve propulsé au rang de meilleur buteur de l’histoire d’une Coupe du monde avec treize pions. Un homme qu’on appelle juste Fontaine, car Fontaine c’est son nom, et c’est Just son prénom.
1/ Allemagne/Portugal (3-1) en 2006
Éliminée de sa Coupe du monde par une Italie froide, cruelle, allemande, la Mannschaft se retrouve alors dans la même situation que le Brésil ce soir. À savoir : sauver l’honneur et les meubles, coûte que coûte. Mission accomplie grâce à Schweinsteiger qui, après une première mi-temps ouverte mais vierge, sort de sa boîte en seconde pour planter deux panzer-frappes et demie – la seconde étant déviée dans ses propres filets par Petit – avant que Nuno Gomes ne réduise finalement la marque. Qu’importe. L’essentiel est ailleurs. Outre la perte de trois monuments d’un seul coup (rideau international pour Oliver Kahn, Luís Figo et Pedro Miguel Pauleta), le public teuton ne cesse d’encourager son équipe d’un bout à l’autre du match, allant même jusqu’à scander des « Allez les Bleus ! » rageurs en toute fin de rencontre. C’est dire. À l’image de ses joueurs, lui aussi tient absolument à finir son tournoi en beauté, et crée une ambiance en tout point exceptionnelle dans le Gottlieb-Daimler-Stadion de Stuttgart. Comme pour prouver au monde que l’Allemagne a changé, qu’elle n’est plus qu’amour, joie et plaisirs simples. Au fond, c’est maintenant tout ce qu’on souhaite au Brésil : vomir un coup, relever la tête afin de bien finir sa fiesta, et rouler au moins une fois pour l’Argentine avant d’oublier tout ça dans les manifs et la cachaça.
Par Paul Bemer