- Journée internationale des droits des femmes
Top 5 : Foot et sexisme
Le 8 mars est certes le jour de Barcelone-PSG, mais c’est aussi la journée internationale des femmes. L’occasion de faire un petit tour d’horizon des répliques machistes dans le football. Preuve s’il en fallait que le vintage est bel et bien à la mode, surtout en matière de sexisme.
1- « Hey belle brune, on prend un café cet après-midi ? »
D’après une étude réalisée par Monster, 30% des rencontres amoureuses se font au boulot. Sans doute au courant de ce chiffre, Santiago Quijada Alcon ne s’est pas gêné pour essayer de choper sur son lieu de travail. Sauf que Santiago est arbitre de foot, son bureau un terrain et sa proposition de café adressée à une joueuse pendant un match. En janvier 2016 en pleine rencontre, l’homme en noir lance un « Hey belle brune, on prend un café cet après-midi ? » à Elena Pavel. Pas fana d’expresso, le défenseur du Cajasol Sporting Huelva dégaine : « Vous devriez vous consacrer à mieux siffler. » Au terme d’une rencontre qui a connu des décisions arbitrales plus que litigieuses, la joueuse roumaine explique : « J’ai arrêté de croire au football et en son fair-play. Je me sens sans défense, humiliée. Je ne me suis jamais sentie si honteuse. » On voit mal Mark Clattenburg proposer un thé à Zlatan.
2- « Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux. »
Au soir du 25 mars 2013, Bernard Lacombe est frappé d’ictus amnésique. Présent dans les studios de RMC, le conseiller de Jean-Michel Aulas perd ses nerfs face à une auditrice remettant en cause Karim Benzema. En panne d’arguments, l’ancien attaquant coupe court à la conversation : « Je ne discute pas avec les femmes de football. Je le dis parce que c’est mon caractère. C’est comme ça. Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux. » À ce moment-là, le dirigeant lyonnais oublie qu’il exerce dans l’un des plus grands clubs féminins d’Europe. Heureusement pour elles et leur palmarès, les joueuses de l’OL n’écoutent pas les conseils de Tonton Bernard. Si elles étaient restées derrière leurs fourneaux, elles n’auraient pas glané trois Ligues des champions et quatorze championnats de France.
3- « Les femmes doivent être à la cuisine et ne pas arbitrer un match d’hommes. »
Tomáš Koubek et Lukáš Vácha ont du mal avec l’évolution de la répartition des tâches ménagères. En octobre dernier, ces deux joueurs du Sparta Prague ne digèrent pas l’égalisation en toute fin de match de Brno, à la suite d’un hors-jeu non signalé par l’arbitre assistante. Le gardien de but est alors le premier à dégainer. Nostalgique des dix minutes de plus que passaient les femmes dans la cuisine il y a vingt ans, il déclare : « Les femmes doivent être à la cuisine et ne pas arbitrer un match d’hommes. » Avant d’être soutenu sur Twitter par son coéquipier, qui publie une photo de Lucie Ratajova avec le commentaire « cuisinière » . Résultat des courses, les deux Tchèques sont contraints par leurs dirigeants de s’entraîner avec l’équipe féminine du Sparta Prague : « Ils verront par eux-mêmes que les femmes sont douées ailleurs qu’en cuisine. » Les épouses des deux joueurs ont dû apprécier le geste du club.
4- « Elle n’a pas vu, elle était trop loin, je ne sais pas. Ou elle faisait du patinage avant. »
À en croire David Le Frapper en octobre 2015, les erreurs d’arbitrage sont chasse gardée des femmes en noir. Hors de lui en conférence de presse d’après-match à cause d’un penalty non sifflé, le coach valenciennois s’emballe : « Elle n’a pas vu, elle était trop loin, je ne sais pas. Ou elle faisait du patinage avant. Elle a choisi de ne pas siffler, elle a sifflé des choses qui n’existaient pas… Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Une femme qui vient arbitrer dans un sport d’hommes, c’est compliqué. » Un tacle en plein dans la virilité de Brian Joubert.
5- « Je ne devrais pas dire ça, mais je ne vois pas de place pour les femmes dans le football. »
Début décembre 2012, Gennaro Gattuso partage son point de vue sur la présence de Barbara Berlusconi dans l’organigramme de l’AC Milan. « Je pense que quelqu’un comme Galliani mérite davantage de respect pour tout ce qu’il a accompli. Je ne devrais pas dire ça, mais je ne vois pas de place pour les femmes dans le football » , explique-t-il de l’autre côté des Alpes. Le temps prête à débat la première partie de son analyse au sujet de « la fille de » , mais il a démontré que la seconde partie était old school. Nathalie Iannetta chief advisor à l’UEFA, Nathalie Boy de la Tour présidente de la LFP, Corinne Diacre entraîneur d’une équipe masculine, Stéphanie Frappart arbitre principal en Ligue 2… Si l’ancien milieu de terrain ne voit pas de place pour les femmes dans le football, les femmes, elles, commencent à trouver la leur.
Par Maeva Alliche