- Espagne
- Liga
- FC Barcelone
Top 5 des partitions de Xavi
En plus de 760 rencontres sous la liquette blaugrana et 133 sélections avec la Roja, Xavi Hernández a délivré de nombreuses partitions envoûtantes. Parmi ces près de mille apparitions se dégagent une légion de monuments. Nous en avons choisi cinq.
2 mai 2009, Real Madrid – FC Barcelone : 2-6
« ¡ Toma canguelo ! ¡ Vamos Barça ! » Une fois débarqué en zone mixte du Santiago Bernabéu, Xavi se la joue colonisateur et renvoie dans les cordes une presse madridista qui, à la veille de ce Clásico, avait évoqué une peur barcelonaise de conclure la Liga – canguelo signifiant la trouille. Car avec ce set légendaire en poche, cette première version du Barça de Guardiola fête son titre domestique dans l’antre de l’ennemi héréditaire. À la manœuvre, Xavi orchestre la partition parfaite des Blaugrana – à l’exception d’une fragilité coutumière dans le jeu aérien. Premier à la récupération, premier à l’organisation, il récite son football estampillé Can Barça et délivre, pour les amoureux des chiffres, quatre passes décisives. Ses deux caviars pour Messi suffisent à qualifier sa prestation : au pressing sur Lassana Diarra, il lance l’Argentin alors que le cuir se trouve encore dans les pieds du Français sur le premier, puis tournoie sur lui-même avant de trouver l’espace dans la surface pour la Pulga sur le second. En Catalan averti, Xavi doit d’ailleurs savoir que ce 2 mai représente la fête de la Communauté de Madrid. Une fête qui se délocalise le temps d’une humiliation à Barcelone, donc.
27 mai 2009, FC Barcelone – Manchester United : 2-0
Histoire de boucler une boucle entamée à Old Trafford un certain 16 septembre 1998, Xavi se pare de son plus beau smoking à l’occasion de la finale de la Ligue des champions face à Manchester United. Tandis que Messi explique à la face du monde qu’il ne joue pas dans la même cour que Cristiano Ronaldo, Xavi, avec son comparse de toujours Iniesta, s’occupe de désosser le milieu de terrain anglais. Malgré une entame difficile, lors de laquelle la puissance des Red Devils marche sur le toucher barcelonais, le Pelopo remet tout son monde à l’endroit. Par le biais de son coup franc qui chatouille la lucarne de Van der Sar, il change le fameux momentum. S’ensuivent de longues périodes de conservation et de combinaisons. Alors que son double de Fuentealbilla sert Eto’o sur l’ouverture du score, Xavi l’imite en seconde période et tue le suspense. Son centre, une caresse magnifique entre les deux tours de contrôle Ferdinand et O’Shea, trouve un Messi en lévitation qui taquine le destin en lobant le portier néerlandais au double mètre. Le point d’orgue d’une saison magistrale, la plus belle du natif de Terrassa en des termes statistiques : 11 pions et 23 caviars.
7 juillet 2010, Espagne – Allemagne : 1-0
« L’Espagne championne du monde, c’est un peu la victoire du Barça. » Ces paroles, chaque membre de la Roja les entend depuis 2010. Un diagnostic qui ne chagrine pas le moins du monde Vicente del Bosque qui, au soir d’une demi-finale remportée en prolongation, remercie le Can Barça : « Nous avons répété ce corner, qui est une action que fait Barcelone. Cela ne me gêne pas de le reconnaître, il faut profiter de ce que les joueurs ramènent de leurs équipes. Le corner de Xavi, la reprise de la tête de Puyol : nous avions parlé de tout ça avant le match. » Le milieu de terrain azulgrana ressort comme l’homme de ce match, que ce soit pour les officiels de la FIFA comme les spectateurs. Installé dans une position plus assimilable à celle du numéro 10 que du relayeur, il se veut en plaque tournante des futurs champions du monde qui réussissent là leur meilleure prestation de la compétition. Des champions dont il n’est pas peu fier : « La personnalité de l’Espagne s’est imposée. Nous avons eu le ballon, nous avons produit notre jeu et nous étions à l’aise sur le pré. » Toujours aussi important lors du match suivant, il délaisse son costume de héros à l’autre moitié de son binôme, Andrés Iniesta.
Le 29 novembre 2010, FC Barcelone – Real Madrid : 5-0
« Un match sans but est comme un dimanche sans soleil. » Philosophe à ses heures perdues, Alfredo Di Stéfano et son dicton se retrouvent face à un drôle d’os lorsque la LFP décale le premier Clásico de l’ère Mourinho un lundi – la faute aux élections catalanes prévues le dimanche. À un horaire inhabituel, sous un déluge des plus bretons, les deux équipes que tout oppose s’avancent pour l’un des duels les plus excitants du millénaire. Pour Xavi, c’est aussi l’occasion de régler quelques comptes, notamment avec un certain José Mourinho. Un coach portugais « qui n’a laissé aucun héritage » : « Mourinho n’est préoccupé que par le résultat. Et il en est fier. Il n’arrête pas de dire qu’il est leSpecial Oneparce qu’il a gagné ceci ou cela, dans beaucoup de pays. Mais qui se rappelle encore de son Inter Milan champion d’Europe ? » Puni par les Nerazzurri de José en mai de la même année, Xavi ne laisse aucune chance à ce Real. Après une entame étouffante, il ouvre le score d’un contrôle qui mêle toucher et réussite. La suite, un toro face à onze Merengues rendus fous et qui dégoupillent en fin de match. Pour le Pelopo, sorti à la 87e et averti à la 92e, il s’agit tout simplement « du meilleur match de (s)a vie » .
Le 18 décembre 2011, FC Barcelone – Santos : 4-0
De l’aveu de son biographe, la finale du Mondial des clubs 2011 reste le « chef-d’œuvre » de Pep Guardiola. Un chef-d’œuvre qui s’écrit avec une composition que seul le natif de Santpedor se permet : avec une litanie de milieux de terrain – la fracture du tibia de David Villa en demies n’y étant pas étrangère. Entre Thiago Alcántara, Fàbregas, Busquets et Iniesta, Xavi demeure pourtant le maître incontesté des centrocampistas de Pep. De match, il n’y en a pas eu au Yokohama International Stadium. Juste un récital. Larges vainqueurs de la bande à Neymar (4-0), les Blaugrana s’amusent et offrent un football extrémiste et « d’extraterrestre » , selon les mots de la presse brésilienne. Pour Ganso, un iota plus modéré, ce Santos « a vu les deux meilleurs joueurs du monde, Messi et Xavi » . Deux buteurs, également, puisque Xavi inscrit un but en réponse au doublé de l’Argentin. Cette breloque dorée est la treizième sur les seize qu’a disputées ce Barça de Guardiola. Ce qui fait dire à Xavi, son relais sur le terrain, que « nous n’avons pas perdu la faim. Je n’aime pas dire que nous sommes la meilleure équipe de l’histoire, mais nous écrivons l’histoire du Barça » . Un fanion qu’il raconte mieux que quiconque.
Par Robin Delorme, à Madrid