ACTU MERCATO
Top 13 : Anthologie des Brésiliens de l’OL
Pendant près d’une décennie, l’OL a construit son ascension, puis sa domination grâce à sa filière brésilienne. À l’heure où cette parenthèse se referme doucement avec le départ annoncé de Cris pour Galatasaray, retour sur ces joueurs auriverdes passés par la capitale des Gaules, entre succès attendus et échecs plus ou moins cuisants.
1 – Marcelo Kiremitdjian
Ce qu’il faut retenir : De brésilien, il n’avait que le marcel. Ce qui permet de situer le niveau du défenseur, disons plus arménien. Du coup, on se souvient surtout de cette vanne qui fusait certains soirs au mitan des 90’s : « Eh ! Marcelo ! Va falloir choisir entre le boulot et le bistrot ! »
Importance dans la domination lyonnaise : 8/10. Pendant qu’Alain Roche se perdait à coups de VHS improbables, Bernard Lacombe passait pour un recruteur-né grâce aux réseaux de Marcelo et à un cahier des charges bien établi : des Paulistes, mais pas de Cariocas, évangélistes et pères de famille de préférence. Comme ça, pas de saudade, mais des types taillés pour la lyonnaise du Way Of Life.
2 – Sonny Anderson
Ce qu’il faut retenir : Il y a bien le bruit et la fureur de Gerland un soir de grande remontée face au FC Bruges, Jérôme Alonso dans le brouillard sur un tir allumé des 30 mètres ou cette folle lucarne décrochée en bout de course à San Siro. On préfèrera pourtant revenir à ce rêve de but, face à l’Inter (Gerland, 2002), piécette modèle qui pose les bases du jeu à la lyonnaise. Parti pour revenir, Sonny Anderson saura cultiver comme personne ce lien tout particulier qui peut unir la ville à l’un de ses grands n°9. Après Lacombe. En attendant Licha.
Importance dans la domination lyonnaise : 7/10. Un rôle qui dépasse de loin le seul cadre du terrain. Car, après une élimination en quarts de l’UEFA face à Bologne (mars 1999), l’arrivée de Sonny Anderson est pensée pour faire entrer l’OL dans une nouvelle dimension. Ce que la classe et le professionnalisme du bonhomme finiront par valider. Plus qu’une bonne pioche, la pierre angulaire des années 00.
3 – Edmílson
Ce qu’il faut retenir : À son arrivée à Lyon, Edmílson est annoncé comme le futur crack de la défense du Brésil, un genre de Thiago Silva pour son époque. Jusqu’à ce que les apparitions sur le terrain révèlent effectivement de la classe, mais aussi des oublis pas forcément compatibles avec le sérieux qu’on met dans toute affaire à Lyon. Une image : ce coup du foulard tenté depuis la défense et qui finit en but pour l’Ajax. Un match décisif, l’OL tenait enfin une occasion de se qualifier pour les huitièmes de Ligue des champions. Depuis, la « relance à la Edmílson » reste une référence pour tous les joueurs de Ligue des copains à Lyon.
Importance dans la domination lyonnaise : 5/10. Trois titres, d’accord. Son transfert situe un peu plus l’OL au Brésil, c’est vrai aussi. En attendant, on n’a jamais senti la défense lyonnaise autant à son affaire qu’une fois qu’il fut envoyé au Barça (2004).
4 – Juninho
Ce qu’il faut retenir : La première émotion à son arrivée en 2001 : Juni filant pour l’un de ses premiers buts, visage fermé, vers le banc pour saluer Santini qui vient de perdre son père. La dernière à son départ : le malaise en direct sur OLTV. Foot sentimental.
Importance dans la domination lyonnaise : 10/10. Sept titres, le 100e but sous le maillot lyonnais un soir de dernière, les deux plus beaux milieux d’Europe de l’époque qui tournent autour de lui (Diarra-Essien puis Diarra-Tiago) et ce goût amer qui reste à cause d’une tape de Guus Hiddink dans le dos d’un arbitre et d’une passe décisive assurée par un poteau milanais pour Inzaghi.
5 – Giovane Elber
Ce qu’il faut retenir : Peut-être le plus grand malentendu de l’histoire brésilienne de l’OL. Car au moment de débarquer entre Saône et Rhône, Elber doit assurer une succession impossible, celle de Sonny. L’histoire tourne court pour une sale blessure en 2004. Une brouille plus tard, on se souviendra aussi de cet hommage émouvant de l’Olympiastadion à Munich, après ce but qui ouvre en grand la voie à une qualif’ en huitièmes de Ligue des champions.
Importance dans la domination lyonnaise : 4/10. Une influence sans doute mineure au vu des apparitions, mais une règle que s’attachera à respecter JMA pour la suite des événements : ne plus y aller de son emballement perso contre l’avis du recruteur en chef Lacombe.
6 – Cláudio Caçapa
Ce qu’il faut retenir : Ramené de Mineiro pour une pige de quelques mois, Caçapa arrache un contrat en marquant en finale de Coupe de la Ligue. Le gars a beau se traîner une réputation de technicien limité, son charisme lui vaut de gagner ses galons de capitaine et de titulaire dans bien des onze types lyonnais de tous les temps. Avec un surnom dans le vestiaire pour bien saisir l’affaire : « Papa » .
Importance dans la domination lyonnaise : 9/10. On a coutume de dire que la fin de la domination lyonnaise correspond à l’entrée en bourse d’OL Groupe, à l’arrivée du projet OL Land ou aux transferts foireux en provenance du LOSC. En vrai, tous les fans savent que le départ de Caçapa est vécu comme un drame par le vestiaire qui ne s’en remettra jamais vraiment.
7 – Cris
Ce qu’il faut retenir : Parti pour superviser Nilmar et Cléber Anderson, Lacombe revient un jour d’août 2004 avec Cris. Depuis, le chauve est passé par tous les états de service : de premier flic de France à Bad Lieutenant, et aujourd’hui « dinosaure » ou « pharaon » , on ne sait plus. On s’en tiendra à quelques marques de reconnaissance : cet art de la défense debout, une élocution proche de Vahid et ces « Cris ! Cris ! Cris ! » brefs, saccadés, graves, écho des tribunes aux plus autoritaires de ses interventions.
Importance dans la domination lyonnaise : 8/10. On pourra toujours reprocher au joueur d’avoir usé jusqu’à la corde son appartenance au vestiaire des années fastes. Mais comme on n’est pas Aulas et qu’on ne fait pas signer une prolongation de contrat, on s’en dispensera. Car avant de se blesser à intervalles réguliers et de tirer profit de son statut de taulier, Cris a peut-être été le meilleur défenseur du monde. Entre 2004 et 2006. À Lyon.
8 – Nilmar
Ce qu’il faut retenir : Bernard Lacombe voit tout avant les autres. Là, il avait trop d’avance pour que le plus puceau des Brésiliens puisse s’en sortir. Aligné au coup par coup par Le Guen, il aura quand même le temps de voir son nom associé pour l’éternité à une expression qui sent les regrets et le bourdon : « le pénalty de Nilmar » (Eindhoven, avril 2005).
Importance dans la domination lyonnaise : 4/10. Dans le 4-3-3 à la lyonnaise, les attaquants étaient sans doute moins faits pour marquer que pour servir de point d’appui au milieu. Mieux valait pour les plus doués s’en aller briller ailleurs. Ce qu’a fini par faire Nilmar, du côté de Villarreal, sans rancune, confiant même son envie de repasser un jour entre Saône et Rhône.
9 – Fred
Ce qu’il faut retenir : La tête à Francis Perrin, une tétine ramenée du fond du slibard pour célébrer une magnifique lucarne, des arrivées fracassantes au cœur des matins fumants de Tola Vologe, un nez pété pour Chivu, un lob de 45 mètres face à Lorient… Fred avait la réputation d’être trop fantasque pour l’OL. Pourtant, malgré ses qualités folles de buteur, malgré son statut d’international, aucun autre attaquant ne s’est mis plus au service du jeu en 4-3-3 accords. Jusqu’à laisser, sur la toute fin, la lumière à Benzema à coups de remises et de déviations subtiles. Tout ça avant de lui offrir des vacances de rêve au Brésil. Chic type.
Importance dans la domination lyonnaise :6/10. De tous les bons coups les soirs de Ligue des champions, Fred n’était pas vraiment un Brésilien comme ceux de l’OL les autres soirs. Un Brésilien comme les autres donc, qui finit par être rattrapé par les petites et grandes affaires de la vie, et les blessures qui vont avec. Retour au Brésil, direction Fluminense, où il pourra redevenir ce grand attaquant tellement brésilien. De jour comme de nuit.
10 – Fábio Santos
Ce qu’il faut retenir : Guy Georges pour sosie, les tatouages de taulard, des cartons à la volée, les allers sans retour pour le Brésil et, pour finir, ce coup de poing sur Puel. Fábio Santos restera comme le seul Brésilien à avoir tenté de faire entrer la favela à l’OL. Avec ce qu’il faut de moments de bravoure pour laisser entrevoir un football plus sensible qu’il n’y paraissait.
Importance dans la domination lyonnaise : 4/10. On l’oublierait presque, mais la domination lyonnaise s’est aussi jouée avec des joueurs du calibre de Fábio Santos, ces types qui venaient faire le boulot certains week-ends quand les lombaires de Tiago grinçaient trop fort ou que les tempes de Toulalan grisonnaient à vue d’œil.
11 – Anderson Cléber
Ce qu’il faut retenir : D’Anderson, il n’avait que l’ombre du clebs. Repéré déjà quelques années plus tôt, Lacombe lui avait alors préféré Cris. Ramené pour remplumer une défense décimée, on a fini par comprendre pourquoi. Du moins, les rares fois où on a pu le voir. Enfin, en CFA surtout. Et encore.
Importance dans la domination lyonnaise : 0/10. La cellule recrutement qui perd la main, le filon brésilien qui s’épuise : Anderson Cléber incarne tout ça à lui seul.
12 – Ederson
Ce qu’il faut retenir : Superstar à Nice, Eder’ se voit adoubé par le roi Juni comme son successeur, au point de faire pression sur la direction pour finaliser le recrutement. À part une poignée de buts décisifs qui sauvent du bouillon la première saison de Puel et un sommet un soir de défaite face au Bayern (2-3, décembre 2008), on se rappellera surtout de l’avoir vu sur un VTT, pouce en l’air et sourire de rigueur.
Importance dans la domination lyonnaise :2/10. Il a beau être le tout dernier Brésilien de l’OL retenu en Seleção, son arrivée et son départ anticipé collent trop aux années de déclassement pour ne pas être sanctionnés en conséquence. Restent trois saisons, avec des blessures à répétition, Pjanić, Gourcuff ou Grenier pour prendre la place qui lui revenait et, pour finir, une sortie maladroite qui le scotche définitivement au banc.
13 – Michel Bastos
Ce qu’il faut retenir : Il y a deux façons de voir Michel Bastos. La première, un artiste qui sent le foot comme seuls les Brésiliens savent le faire, capable sur un geste de sauver tout un pan de la saison lyonnaise, avec le plus beau but à la clé. La seconde, une recrue lilloise comme les autres : suffisamment inconstante pour voir sa valeur se diluer en l’espace de trois saisons. Entre les deux, Michel Bastos. Soit une certaine idée de la classe moyenne à la brésilienne. Forcément un peu supérieure.
Importance dans la domination lyonnaise : 4/10. Qu’on le veuille ou non, Michel Bastos est bien un « dinosaure » . Autrement dit, un genre de Brésilien en voie d’extinction entre Saône et Rhône, jamais loin du niveau international, mais pas toujours au niveau de la L1 non plus.
Par Serge Rezza