- France
- Ligue 1
- Interdiction de montée Lens
Top 11 : La DNCG m’a tuer !
Le gendarme financier de la LFP a frappé et il ne s'agit pas cette fois-ci de régler son compte aux mauvais élèves de National voire de L2 (en fermant les yeux sur ce qui se passe en L1). Il vient de briser net les rêves de retour dans l'élite du RC Lens, véritable patrimoine national de notre foot pro. D'un coup, le rôle de cette vénérable institution, tant vantée chez nous comme preuve de notre souci très français de la régulation, ne fait plus autant l'unanimité. Il serait peut-être temps de rappeler que la longue liste des victimes de la toute puissante DNCG, qui, si elle ne fait souvent que sanctionner les erreurs de gestion et les gouffres dans les caisses, a plus tendance à enfoncer le clou qu'à sortir le condamné du cercueil.
1- RC Lens
À tout seigneur, tout honneur, le RC Lens ne peut donc accéder à la L1, en raison d’un « petit trou » de 10 millions d’euros dans son budget. L’onde de choc médiatique, malgré le Mondial, dépasse le cadre de cette banale décision ordinaire. En privant le peuple sang et or de sa « remontée » , de sa « rédemption » , et la télé d’un produit d’appel, elle a peut-être oublié que son rôle n’est quand même pas d’empêcher la machine de tourner. Dur en effet d’arriver à toujours concilier la valeur « culturelle » du produit et la pure rationalité des chiffres et des bilans. Demandez aux gars de SOS Ligue 2 ce qu’ils en pensent.
2- RC Strasbourg
Le club alsacien a plus que tendu le bâton pour se faire battre. Entre gestion douteuse et très mauvais choix, le Racing se retrouve plongé dans les abysses de la CFA après avoir raté de peu la remontée en National et il doit même, en raison de difficultés internes – un dépôt de bilan et un placement en redressement judiciaire -, perdre son statut pro. Il demande ensuite de lui-même à rejoindre la CFA 2. Depuis, malgré un retour en National l’an dernier, et le soutien indéfectible des supporters, il n’arrive toujours pas à retrouver son lustre passé. L’Alsace, terre de mission…
3- Sedan
2013, les Sangliers finissent une saison ratée en L2 et redémarrent en National. Mais peu convaincue de la santé financière du club, la DNCG les renvoie découvrir les charmes discrets de la CFA pour la saison 2013/2014. Ce genre de décision n’encourageant pas les repreneurs à se manifester, le CSSA échoue en situation de cessation de paiement puis en redressement judiciaire. De nouveau rétrogradé en CFA 2, le club a malgré tout réussi a remonter en CFA à la fin de saison…
4 – Cannes
Difficile quand on a connu l’ivresse de la Première division, les parfums de Coupe d’Europe et sorti de son centre de formation Zinédine Zidane, de voir la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) vous exclure des championnats nationaux et donc finir dans le purgatoire, pour ne pas dire l’enfer, de la Division d’Honneur Régionale. Avec une dette de 2 millions d’euros, le propriétaire du club, Ziad Fakhri, continue d’affirmer chercher un repreneur. Vous l’aurez compris, le repreneur est un peu le Jedi pour combattre le côté obscur de la Force, incarné par la DNCG.
5- Valence
2004, l’ASOAV (Association Sportive d’Origine Arménienne de Valence) gagne sur le terrain son droit de remonter en L2. La DNCG en décide autrement et leur coupe l’herbe de la Deuxième division sous le pied, avec des raisons pour une fois assez floues pour que supporters et dirigeants suspectent des volontés occultes du côté de la LFP ou de la FFF (comme repêcher Clermont-Foot). Le club disparaît et son « successeur » , l’AS Valence, vient également de subir le même sort. Comment tuer le foot dans une ville…
6- FC Rouen
Preuve que la DNCG a de la suite dans les idées et que le foot pro français peine à trouver un modèle stable dans ces « petits » niveaux. 2008, l’instance de la LFP prononce la relégation du FCR en CFA. Mais comme il est de son droit, le club normand porte l’affaire devant le CNOSF et 48 heures avant le début de la compétition, il est réintégré en National. Juillet 2013, la situation économique ne s’est pas vraiment améliorée, la DNCG enfonce définitivement le FCR en Division d’honneur, ce qui entraîne le dépôt du bilan de la SASP. Aujourd’hui en DH, le club rêve de retrouver la CFA2…
7- Le Mans
Pour le coup, difficile de tout mettre sur le dos de la DNCG. Happé part une sorte de folie des grandeurs, dont le stade MMA Arena symbolise le grand n’importe quoi, le club sarthois a en grande partie construit tout seul son malheur. Relégué sportivement en National à la fin de la saison 2012-2013, la DNCG sanctionne sa fragilité économique en leur imposant un saut de l’ange direct en Division d’honneur. Le CNOSF obtient de la FFF qu’il ne s’agisse que de la CFA, mais la liquidation judiciaire amène le retour des ténèbres de la DH, dont Le Mans FC vient de s’extraire pour revenir en CFA 2 en 2014.
8- Gueugnon
Tony Vairelles n’aura pas suffi, et un nom ne parvient pas forcement à calmer les doutes de la DNCG. En 2010, le FC Gueugnon plonge donc en CFA malgré son maintien sportif en National. L’appel le sauve pour une saison, mais le résultat final est encore plus catastrophique. Une saison horrible sur le terrain et le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire du club. C’est désormais en DH qu’il faut repartir pour gravir patiemment, comme ce fut le cas il y a deux ans avec une montée en CFA 2, les échelons vers l’élite.
9- Grenoble
Début 2011, le GF38 accumule 3,8 millions d’euros de dettes et 1,2 million de dettes sociales. Et la DNCG va accélérer sa chute en le poussant en CFA. Au final, ce sera même la CFA 2 suite à la décision du liquidateur judiciaire. Comme Le Mans, il lui reste un beau stade flambant neuf pour évoluer en CFA. La DNCG sait fabriquer comme personne le désert français en matière de foot pro.
10 – Toulon
2009, ce foot qui essaie tant bien que mal de vivre à l’ombre du rugby traverse une énième crise. Évoluant modestement en CFA, son déficit dépasse les 100 000 euros autorisés par le règlement. La DNCG, sachant pinailler quand elle le veut, le rétrograde en Division d’honneur en 2011, dont l’équipe première vient à peine de s’extraire l’an dernier. Seul trait caractéristique marquant, en général, plus la DNCG s’acharne sur un club, plus l’ardeur des supporters et des ultras s’en trouve renforcée. Avec dès lors des fréquentations hallucinantes pour des matchs de DH ou de CFA.
11- Luzenac
C’était le buzz d’avant le Mondial. Luzenac accédait à la L2. Un profil à la Hoffenheim, un storytelling qui parle si délicatement aux oreilles tricolores et au vieux fond populaire et de petit village gaulois de notre foot tricolore, qui n’arrive pas à digérer le PSG et l’ASM. Seulement, les temps changent et aujourd’hui, la LFP ne veut pas voir se reproduire les contre-exemples du Mans et surtout de Grenoble. Alors la DNCG a sorti son gros doigt vengeur et agité un gros non (pour pas dire plus) aux Ariégois. Istres s’en tire bien.
Par Nicolas Kssis-Martov