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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (930-921)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#930 - Vagiz Khidiyatullin

Vagiz Khidiyatullin
Toulouse (1988-1990)

De la finale de l’Euro aux pelouses du championnat hexagonal : pendant l’été 1988, Vagiz Khidiyatullin a le droit à un changement de décor rapide en l’espace de quelques semaines. Le rugueux défenseur de l’URSS choisit en effet de quitter sa terre natale pour rejoindre Toulouse, à une époque où il est encore rare de voir des ressortissants de la patrie du socialisme s’en aller au-delà des frontières. Il est d’ailleurs considéré comme étant l’un des premiers joueurs soviétiques à évoluer en Europe de l’Ouest et, surtout, le premier à découvrir la D1 française. Dans la Ville rose, l’ancien du Spartak Moscou est censé toucher 30 000 dollars par mois. Mais après ponction par l’Union, il ne lui en reste que 1000. « Je leur ai demandé pourquoi ils ne me laissaient que 1000 dollars, et pas 5000, par exemple. Voilà ce qu’ils m’ont répondu : « On ne peut pas te donner davantage, parce que notre ambassadeur ne reçoit que 1200 dollars par mois. Tu ne peux quand même pas gagner plus que l’ambassadeur ! » C’était l’Union soviétique en 1988 » , se remémore-t-il dans un entretien accordé à So Foot. En deux saisons, l’expérimenté arrière central apporte toute son expérience et dispute une soixantaine de matchs avec le TFC. Avant de poursuivre dans des clubs amateurs de la région, Montauban et Labège. Le football vrai.

#929 - Alphonse Le Gall

Alphonse Le Gall
Rennes (1951-1953), OM (1954-1955), Angers (1956-1958 puis 1959-1963)

Le 13 mai 2016, à la mort de l’ancien ailier gauche, c’est une partie de l’histoire du SCO qui s’est éteinte, même si c’est sous les couleurs du Stade rennais qu’il a réalisé son plus grand coup d’éclat. Remarqué en 1951 par le SRFC alors qu’il évolue à Lesneven, en PH, dans son Finistère natal, Le Gall fait rapidement observer ses talents. Le 10 février 1952, au Parc des Princes, avant une rencontre face au RC Paris, le speaker local se perd dans les noms à consonance bretonne et le renomme « Alphonse Le Goff ». Sa réponse sera légendaire : un doublé claqué face à René Vignal, seulement 80 secondes après le coup d’envoi. Après un passage mitigé à l’OM, il atterrit en 1955 en Anjou, où il disputera plus de 230 matchs et terminera sa carrière (malgré un prêt à Bordeaux en D2, en 1958-1959). Ayant grandement participé à la montée angevine dans l’élite après avoir roulé sur la deuxième division, l’attaquant réussira à maintenir le SCO jusqu’à son clap de fin en 1963 (il jouera ses dernières années arrière gauche), avec en plus de ça une finale de Coupe de France (1957). En guise d’héritage laissé au football, son fils Franck, né en 1964, est aujourd’hui ni plus ni moins que le médecin de l’équipe de France.

#928 - Mohamed Chaouch

Mohamed Chaouch
Saint-Étienne (1988-1990), Metz (1992-1993), Nice (1993-1997)

Les supporters niçois se rappelleront sûrement de sa crinière frisée. En quatre saisons au stade du Ray, dont trois en D1 (100 matchs et 23 buts, de 1993 à 1997), Mohamed Chaouch a effectivement marqué l’OGCN de son sens du but. Véritable renard des surfaces, toujours à l’affût du moindre ballon oublié au second poteau, le Marocain aux 71 capes a ainsi laissé son nom dans les albums de l’élite hexagonale des années 1990. Pourtant, si c’est bien à Nice que la carrière de l’attaquant s’est principalement dessinée, c’est du côté de Saint-Étienne que tout a débuté, en 1988. 36 rencontres de première division chez les Verts, suivies d’un détour par Istres et Metz avant donc briller sur la Côte d’Azur. Ambidextre, aux deux plats du pied extrêmement précis, Chaouch aura finalement entériné son passage comme il a enquillé les pions : de manière simple, mais efficace.

#927 - Dario Cvitanich

Dario Cvitanich
Nice (2012-2015)

Ils sont nombreux à avoir douté de Dario Cvitanich lors de son arrivée à l’OGC Nice. Que ce soit les supporters, inquiets par son passage manqué à l’Ajax Amsterdam. Mais aussi Claude Puel, qui a voulu lui retirer les penaltys après un échec sur sa première tentative face à Sainté, avant que son coéquipier David Ospina ne l’aide à le remettre en confiance. Cela aurait été dommage puisque c’est sur un penalty – « le tir au but le plus dur que j’ai eu à frapper de ma vie » – que Super Dario est devenu le premier buteur de l’histoire de l’Allianz Riviera. Et dire que s’il n’y avait pas eu Zlatan Ibrahimović, Cvitanich aurait pu remporter le titre de meilleur buteur de Ligue 1 avec ses 19 pions. Seul Messi a fait mieux en Europe chez les attaquants argentins lors cette saison 2012-2013. Malheureusement, Super Dario a tout donné lors de sa première année et n’avait plus de crédit pour les deux suivantes. Il n’en reste pas moins la dernière idole du Stade du Ray, et la première de l’Allianz Riviera.

#926 - Didier Notheaux

Didier Notheaux
Lens (1974-1976), Rennes (1976-1977), Rouen (1977-1978)

Légende du FC Rouen, Didier Notheaux a contrarié bien des attaquants sur les terrains de l’Hexagone, de la Seine-Maritime à Rennes, en passant par Lens. Il faut dire que le libéro à la moustache broussailleuse s’est très vite fait une réputation de défenseur rugueux, entretenue par un surnom à faire frémir ses vis-à-vis : Attila. « Un teigneux, solide, impressionnant, parfois méchant, se souvenait Pierre Mankowski dans L’Equipe. Il ne fallait pas lui marcher sur les pieds. Même à l’entraînement. Avec lui ça partait vite. J’ai assisté à quelques bagarres mémorables. » Notheaux avait notamment découpé le Nîmois Bertrand Boissier en lui lâchant : « Didier Notheaux, c’est mon nom. Tu t’en rappelleras maintenant. » Mais n’allez pas le réduire à ça. « J’ai planté quelques coups francs aussi. Par dessus le mur… et bien avant Platini » , glissait-il, malicieux, dans le livre « Cent ans de football à Rouen » .

« Il avait des grandes qualités d’homme, ajoutait Mankowski. C’était un leader au sein d’une équipe et un bon vivant en dehors. Je me souviens qu’une fois il avait emmené son équipe du Havre en préparation au… Club Med. Il n’y avait pas de terrain, mais tout le monde s’était bien amusé. C’était Didier avec sa clope au bec et son verre à la main. Un gars extra. » En tant qu’entraîneur, il connaîtra des montées en D1 avec Le Havre, Mulhouse ou encore Reims. Le Normand s’en est allé en août 2021, à l’âge de 73 ans.

#925 - Sylvain Legwinski

Sylvain Legwinski
Monaco (1992-1999), Bordeaux (1999-2002)

« Sa réussite actuelle, son importance grandissante dans le système de jeu mis en place par Jean Tigana en font un symbole. Celui d’un jeune joueur inconnu de 17 ans évoluant dans un club de division d’honneur régionale et frappant, six ans plus tard, aux portes de l’équipe de France. » Voilà comment Le Monde dépeignait l’ascension de Sylvain Legwinski en 1997. Lancé dans le bain professionnel par Arsène Wenger cinq ans plus tôt, il s’est fait une place de choix dans le milieu de terrain de l’AS Monaco sous les ordres de Jean Tigana, remportant au passage deux titres de champion de France. À l’image de son grand-père paternel, parti de Pologne pour travailler dans les mines de Lorraine, le natif de Clermont-Ferrand ne rechigne pas à l’effort. Sélectionné pour les Jeux olympiques d’Atlanta en 1996, il restera aux portes des Bleus pour le Mondial 1998, malgré sa convocation pour un stage à Tignes.

#924 - Lionel Charbonnier

Lionel Charbonnier
Auxerre (1987-1998)

Non, Lionel Charbonnier n’a pas toujours été une doublure. Même si c’est dans un rôle de troisième gardien qu’il est devenu champion du monde en 1998 et que c’est en étant la doublure de Bruno Martini qu’il a débuté son aventure à l’AJ Auxerre. Mais après la blessure et le départ de ce dernier à Montpellier, Charbo peut enfin être titulaire. Et c’est donc dans ce rôle qu’il participe à l’unique titre de champion de France de l’AJA. Et tant pis s’il a tout de même laissé 16 rencontres à son successeur Fabien Cool lors de cette saison avant de quitter la France deux ans plus tard pour les Glasgow Rangers où il sera…la doublure de Stefan Klos. En fait, sa carrière est un film de Francis Veber.

#923 - David Hellebuyck

David Hellebuyck
Lyon (1998-1999), Saint-Étienne (2001-2006), PSG (2006-2007), Nice (2007-2012)

Le parcours de David Hellebuyck dans le championnat de France est on ne peut plus académique. Non conservé par son club formateur, Lyon, il se refait la cerise en L2 et en Suisse avant de tenir sa revanche chez l’ennemi stéphanois. Après 5 ans chez les Verts et quelques patates dans les ficelles adverses, l’ailier tente légitimement l’aventure parisienne, où comme beaucoup avant et après lui, il se crame les ailes. S’en suivent 5 saisons à Nice sur un rythme similaire à celui de son époque stéphanoise, les blessures au genou en bonus. Elles auront raison de sa carrière en 2012.

Si ce n’est pas grâce à ses performances, somme toute correctes, que l’Aindinois a marqué l’histoire, il faut plutôt se pencher sur la personnalité du bonhomme. Car elle détonne, dans ce milieu qui se veut le plus viriliste possible en apparence. Oui, David Hellebuyck est un sensible. Un fragile, diront certains. Comme s’il s’agissait d’une tare. Ses frustrations, David les expulse aujourd’hui dans des slams sans concessions, qu’il poste sur sa page Facebook. Et peu importe les railleries. « Les gens qui me critiquent n’ont rien compris, mais c’est pas grave, » nous confiait-il en 2017. Depuis, l’ancien numéro 24 du PSG a ajouté une corde à son arc. Il gère un salon mêlant coiffure et massage, le tout assaisonné d’une bonne pincée de sophrologie, à Seyssel, en Haute-Savoie. La coupe relaxante y est facturée 20 euros. Elle comprend « une prestation alliant un shampooing relaxant en fonction de vos besoins capillaires et émotionnels, une coupe restructurante et un séchage en respectant le mouvement naturel. » Seyssel n’est situé qu’à 130 kilomètres de Lyon et d’Anthony Lopes.

#922 - Jaouad Zaïri

Jaouad Zaïri
Sochaux (2001-2006), Nantes (2006-2007)

Bien avant que les solistes ne soient légion et que Cristiano Ronaldo n’en devienne le symbole, un ailier marocain se faisait remarquer. Dans son couloir droit, Jaouad Zaïri a ainsi fait danser bon nombre de latéraux en Ligue 1, écrivant ses plus belles lignes sous le maillot de Sochaux (87 rencontres dans l’élite). Débarqué dans le Doubs à l’été 2001, en provenance de Gueugnon, Zaïri s’est effectivement construit une image de « tricoteur », rarement avare en passements de jambes. Un joueur au talent visible, mais trop souvent branché sur courant alternatif, à l’image de ses belles prestations comme face à l’Inter en Coupe de l’UEFA ou de ses pertes de balles irritantes au possible. Voyageur effréné (treize clubs dans six pays différents), le Tazi reposera ses valises en France une dernière fois, en janvier 2007, pour un prêt non-concluant à Nantes. L’instabilité, ou le lot de tous les artistes incompris.

#921 - Grégory Wimbée

Grégory Wimbée
Nancy (1996-1997), Cannes (1997-1998), Lille (2000-2004), Metz (2004-2006), Grenoble (2008-2009), Valenciennes (2009-2011)

On ne sait pas si Grégory Wimbée a une bonne descente mais, ce qui est sûr, c’est qu’il s’y connaît en montées. Au cours de sa longue carrière, le gardien au bouc est en effet promu à trois reprises dans l’élite, avec Nancy, Lille et Grenoble. Le dernier rempart d’1,95m se fait aussi remarquer en Ligue 1, grâce à sa détente et à ses réflexes sur sa ligne. C’est cependant un geste d’attaquant qui lui permet, un soir de novembre 1996, d’entrer dans la postérité. Alors que l’ASNL court après le score face à Lens, le portier lorrain, monté dans la surface adverse pour le corner de la dernière chance, égalise d’une frappe du droit en pivot (1-1). Il devient ainsi le premier gardien du championnat à marquer dans le jeu (Jean-Claude Fernandez y est parvenu en 1962, mais avait terminé le match en attaque).

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