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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (910-901)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#910 - Aulis Rytkönen

Aulis Rytkönen
Toulouse (1953-1960)

Quel est le plus grand joueur de l’histoire de la Finlande ? Beaucoup répondront qu’il s’agit sans aucun doute de Jari Litmanen. Mais les plus anciens – et les plus avisés – citeront assurément Aulis Rytkönen. Premier footballeur professionnel de son pays, il exporte enfin son talent au-delà des frontières nationales au lendemain des Jeux olympiques d’Helsinki, en 1952. L’Atlético de Madrid lui fait les yeux doux, mais c’est le Toulouse FC qui a la préférence de « l’Artiste » . Celui que l’on surnomme également « Monsieur Magic » enchante le public du Stadium et marque durablement les esprits grâce à son grand talent balle au pied. Sa saison 1956-1957 est irrésistible, à l’image de sa prestation en finale de la Coupe de France contre Angers (6-3), ponctuée de… quatre passes décisives. « C’était un homme disponible, sage, charmant et toujours très chaleureux. Aulis était un pionnier, permettant aux futurs joueurs de notre pays de devenir professionnel » , dira Pertti Alaja, le président de la fédération finlandaise, après le décès de la légende locale, en 2014.

#909 - Yannick Cahuzac

Yannick Cahuzac
Bastia (2012-2017), Toulouse (2017-2019), Lens (2019-2022)

Le retour de Bastia en première division ne pouvait pas se faire sans une coqueluche à chérir sur l’île de Beauté. Yannick Cahuzac incarne cette mentalité appréciée en Corse, celle d’un joueur qui ne lâche jamais rien, mouille le maillot et n’hésite pas à distribuer quelques brins s’il le faut. Avec le Sporting, le milieu de terrain s’est fait un nom en Ligue 1, avec quelques frasques, comme cette expulsion après avoir bousculé Tony Chapron, mais également avec de belles prestations, dans son registre. Ce n’est pas un hasard si Toulouse et Lens ont jeté leur dévolu sur Cahu pour apporter du caractère et de l’expérience à leurs groupes respectifs. Le Corse compte beaucoup moins de buts que de cartons au compteur, c’est ce qui fait son charme. Sur la dernière décennie, il détient même le record de biscottes rouges (12) en championnat. Mais attention, le bonhomme est une crème en dehors des terrains, au point d’accepter d’être le parrain de la prochaine édition de notre très cher Vrai Foot Day. « Le football amateur, sa définition, c’est de partager des moments ensemble, ça m’a parlé, racontait-il à So Foot pour fêter ça en juin dernier. J’ai été fier que l’on pense à moi. Quand j’ai annoncé la fin de ma carrière en mai, j’ai reçu beaucoup de message, et ce qui m’a le plus touché, c’est quand on parle de l’homme que je suis. J’ai une image dans le foot pas forcément bonne, à juste titre car il n’y a pas de fumée sans feu, mais les personnes savent qui je suis et les valeurs humaines que je porte.  » Si Cahuzac a raccroché les crampons, il a immédiatement intégré le staff du RC Lens. Toujours au plus près des terrains de L1.

#908 - Ljubomir Mihajlovic

Ljubomir Mihajlovic
OL (1970-1977)

Il est l’un des premiers grands joueurs yougoslaves à fouler les pelouses françaises. De 1970 à 1977, Ljubomir Mihajlović a effectivement tenu le secteur défensif de l’Olympique lyonnais d’une main de fer. Associé à Raymond Domenech ou Robert Cacchioni, l’arrière déclare vouloir « opérer et nettoyer les attaquants adverses » , justifiant dès lors un style de jeu plus que limite. Véritable rempart-découpeur (1,85 mètres), le Belgradois a fait de l’OL le deuxième et dernier amour de sa carrière professionnelle, après s’être révélé au Partizan, où il atteindra la finale de C1 en 1966 et celle de l’Euro de 1968 (6 sélections). Avec les Gones, « Miha » disputera 233 rencontres de première division, remportera la Coupe de France en 1973 et en sera finaliste en 1971 puis 1976. Comme un ultime symbole, il inscrira l’unique but de sa vie de footballeur lors de sa dernière saison dans le Rhône.

#907 - Ederson

Ederson
Nice (2005-2008), Lyon (2008-2012)

Devant son téléviseur, Gernot Rohr est sous le charme. Le technicien de l’OGC Nice admire les prouesses d’Ederson, un jeune joueur brésilien très prometteur. En 2005, la pépite de 19 ans débarque sur la Côte d’Azur pour lancer sa carrière sur le Vieux Continent. Il ne lui faut qu’un match et surtout un but d’anthologie contre le rival monégasque pour se faire adopter par le stade du Ray. Frédéric Antonetti prend cependant le temps de faire éclore le talentueux milieu offensif, qui finit par s’imposer au sein du onze du Gym et rayonne dans le championnat de France. Le Brésilien est un chef d’orchestre, un joueur frisson, capable de marquer et de faire marquer. Forcément convoité, Ederson reste fidèle aux Aiglons, au point même de retarder son arrivée à l’OL, qui débourse près de 14 millions d’euros pour le recruter en 2008, en indiquant vouloir terminer la saison avec le club niçois. L’artiste réalise des débuts brillants dans la capitale des Gaules, mais une blessure lors de sa première sélection avec le Brésil enraye la machine et Ederson ne cesse de rechuter. Voilà son aventure en L1 terminée en 2012 dans un relatif anonymat. Le plus important, ce n’est pas tout cela, mais bien sa victoire contre un cancer des testicules diagnostiqué en 2017. Et surtout, la santé.

#906 - Jean-Pierre Posca

Jean-Pierre Posca
Sochaux (1971-1985)

Pur produit du Doubs, Jean-Pierre Posca y est resté fidèle pendant la totalité de sa carrière, à l’exception d’une aventure d’une saison à Avignon dont personne ne lui tiendra rigueur. Formé à Sochaux, le latéral a longtemps joué le haut de tableau avec les Lionceaux. Vice-champion de France en 1980, demi-finaliste de la Coupe UEFA l’année suivante, il a gagné le surnom de Bison, amplement mérité si l’on en croît la description qu’en fait l’Union Sportive Colombier Fontaine sur son Skyblog : « Il n’y avait certes pas d’esthétisme, mais une rage de vaincre unanimement appréciée par le public et ses entraineurs. » Barré par Albert Vanucci à droite, il se déporte à gauche, ne déroge pas à sa ligne directrice en étant parfois « un peu trop fougueux sur les tibias » , et fait son trou. Il accumulera plus de 350 matchs de championnat avec le FCSM. Un grand JPP parmi les grands JPP.

Crédit photo : https://kurbos.skyrock.com/

#905 - Benjamin Bourigeaud

Benjamin Bourigeaud
Lens (2016-2017), Rennes (2017-)

Quand son visage vire au rose (voire au rouge) sur un terrain de football, c’est généralement qu’il est dans un grand jour. Non, il ne s’agit pas de Kevin de Bruyne, mais bien de Benjamin Bourigeaud, bien plus populaire que l’international belge auprès des amoureux du championnat de France. Son nom le prédestinait à bourlinguer sur les pelouses de l’Hexagone, il lui a fait honneur en découvrant l’élite avec le RC Lens, son club formateur, lors de l’exercice 2016-2017. Le David Beckham Ch’ti, comme certains aiment l’appeler en Bretagne, n’a jamais renié ses racines nordistes, et ce n’est pas un hasard s’il a eu l’honneur d’inaugurer un terrain portant son nom à Calais l’année passée. Le milieu de terrain est très apprécié par le public de Bollaert, mais également par celui du Roazhon Park. Depuis cinq ans, Bourigeaud est le symbole d’un Stade rennais qui brille et gagne. Parfois dans l’axe, souvent sur un côté, il est devenu une valeur sûre chez les Rouge et Noir, un gars fiable sur lequel chaque entraîneur a pu s’appuyer. Un joueur de devoir, travailleur, rarement blessé, et dont les statistiques en Ligue 1 peuvent faire saliver quelques beaux noms (37 buts, 34 passes décisives en 193 matchs). À 28 ans, « Bourige » sort probablement de la meilleure saison de sa carrière (11 pions et 13 offrandes en L1), sans que l’on ne sache encore si son aventure rennaise se prolongera pour au moins une année supplémentaire. Dans tous les cas, il aura le droit à une belle place dans la Galerie des Légendes du club breton.

#904 - Boro Primorac

Boro Primorac
Lille (1983-1986), Cannes (1987-1990)

Avant d’être le bras droit d’Arsène Wenger à Arsenal de 1997 à 2018, Boro Primorac s’est d’abord fait un nom dans le Nord. À l’époque très prompt à exploiter la filière yougoslave (Stanislav Karasi, Žarko Olarević, Slavoljub Muslin, Dušan Savić), le LOSC importe le natif de Mostar pour l’installer en défense centrale. Une très bonne idée, tant croiser la route de l’armoire à glace d’1,90 mètre est tout sauf un cadeau pour les attaquants adverses. Joueur rugueux et rigoureux, Boro boucle trois saisons pleines au sein de l’effectif lillois, puis en fait de même à Cannes. Plus tard, son nom est tristement associé – sans raison valable – à l’affaire VA-OM, puisqu’il entraîne Valenciennes au moment des faits. « Il ne méritait pas ça car il a toujours été honnête, a affirmé son fils Jure, lui aussi footballeur, dans les colonnes du Parisien. Avec ma sœur, on n’a pas été trop affectés. Je me souviens juste que, avec Cannes, j’étais parti faire un tournoi à Marseille. On m’avait un peu charrié, mais je n’ai pas vraiment ressenti de méchanceté. »

#903 - Dante

Dante
Lille (2004-2005), Nice (2016-)

Faire de timides débuts pros en Ligue 1 à vingt ans pour sa découverte de l’Europe, avant de mettre les voiles, puis effectuer son retour dans l’Hexagone par la grande porte dix ans plus tard, auréolé d’un CV de cador (sélections avec le Brésil, passages par le Standard de Liège, Mönchengladbach, le Bayern et Wolfsburg notamment) et d’un palmarès gargantuesque construit entre la Belgique et l’Allemagne : c’est un drôle de parcours que Dante a suivi. Nice n’aura jamais à regretter d’avoir fait venir le défenseur central auriverde en 2016, puisqu’il tient les murs de la défense niçoise depuis sept saisons désormais, compte aujourd’hui 200 matchs avec le Gym (dont 168 en Ligue 1), en est devenu le capitaine et a grandement participé aux brillants exercices réussis ces dernières années par les Aiglons (3e place en 2016-2017, 5e en 2019-2020, finale de Coupe de France en 2022). Après sa vilaine blessure subie en 2020-2021 (rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche), il a même retrouvé sa place, 265 jours après, à 37 ans, comme si de rien n’était. Définitivement l’une des plus belles touffes de l’histoire de notre championnat.

#902 - Kaba Diawara

Kaba Diawara
Bordeaux (1995-1998), Rennes (1998), OM (1999), PSG (2000 puis 2003), Nice (2002-2003), AC Ajaccio (2005-2006), Arles-Avignon (2010-2011)

Le 18 mai 1996, un jeune attaquant fait ses grands débuts en D1 sous le maillot de Bordeaux au stade Grimonprez-Jooris, à Lille. « Lors de l’échauffement, je n’arrivais même pas à mettre une balle dans les pieds de Jean-Luc Dogon, se souvenait Kaba Diawara, le jeunot en question, pour So Foot en 2015. Mais il m’a tout de suite rassuré en me disant un truc du genre : « C’est comme à l’entraînement, mais avec plus de monde et l’odeur de merguez. » Sachant que j’adore la bouffe, ça me permettait de penser à autre chose. » Bingo, Kaba, 20 ans, plante le but du 2-0 à la 51e minute de jeu et signe son premier contrat pro dans la foulée. Le début d’une belle carrière pour un joueur prometteur, qui aura joué aux côtés de Bergkamp, Piocelle, Zizou ou Kiki Musampa. Il aura marqué quelques pions avec les Girondins, mais aucun qui ne vaut celui inscrit à la 73e minute d’un Rennes-Toulouse décisif pour le maintien dans l’élite du club breton, où il est prêté en 1998.

« À 22 ans, j’avais en quelque sorte le destin d’un club entre les pieds » , racontait celui dont le but a permis à François Pinault de racheter le SRFC. Un passage éclair, mais une place déterminante dans l’histoire des Rouge et Noir. Puis, d’autres parenthèses à Marseille et au PSG, sans grande réussite, avant une pige réussie chez le promu niçois en 2002-2003. Au milieu de ses aventures au Qatar, en Turquie ou à Chypre, Diawara n’oublie jamais très longtemps la Ligue 1, où il revient pour une saison avec Ajaccio, avant de contribuer à la promotion surprise d’Arles-Avignon à la fin des années 2000. « Je sentais que j’étais en fin de carrière, je voulais m’amuser, expliquait-il. On se retrouve à jouer la montée lors de la dernière journée et on se voit propulser en L1. Il fallait que je poursuive l’aventure. » Celle-ci prendra fin avec la relégation. Après tout, Kaba Diawara ne pouvait pas toujours enfiler le costume du sauveur.

#901 - Yves Mariot

Yves Mariot
Nancy (1970-1972), Sedan (1972-1973), Lyon (1973-1977), Bastia (1977-1978), Paris FC (1978), Nice (1978-1980)

Yves Mariot n’a pas énormément marqué pendant sa carrière, mais l’ailier à la tignasse blonde a marqué les années 1970 par un geste : la roulette aérienne, également appelée « arc-en-ciel » , par laquelle il passait le ballon au-dessus de lui avec le talon. Un mouvement que Gerland se plaisait à réclamer en entonnant des « Mariot la roulette, Mariot la roulette » . Ses arabesques lui vaudront une sélection en équipe de France et contribueront à mener le SEC Bastia en finale de la Coupe UEFA en 1978.

Le blog Old School Panini décrit son geste signature ainsi : « Sur l’aile gauche toujours, un contrôle, un face à face et que ce soit à l’arrêt à quelques centimètres du défenseur, ou lancé dans une chevauchée effrénée, à la recherche de celui qui allait à contrecœur le faire briller, il s’exécutait pour le plus grand plaisir de la foule chavirée… Le ballon décrivait une courbe parfaite, franchissait sans encombre ce dernier défenseur, au mauvais endroit au mauvais moment, puis retombait dans la course d’Yves le magnifique, casque d’Or de Gerland ! » Super Mariot.

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