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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (840-831)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#840 - Alexei Smertin

Alexei Smertin
Bordeaux (2000-2003)

Du fin fond de la Sibérie jusqu’aux berges de la Garonne : le dépaysement est total pour Alexei Smertin, qui vient d’être élu joueur de l’année en Russie lorsqu’il débarque à Bordeaux, en 2000. Le temps de trois saisons, ce milieu doté de trois poumons et fort habile techniquement tient un rôle-clé dans l’entrejeu des Girondins. Après un passage outre-Manche que l’on qualifiera de mitigé, l’international russe rentre au pays, est élu député, puis s’implique activement dans l’organisation de la Coupe du monde 2018. Sans jamais oublier son séjour aquitain. « Bien sûr, je suis et j’aime beaucoup Bordeaux et le club lui-même. Comment puis-je ne pas suivre ? Pour moi, quand j’étais arrivé en 2000, c’était une étape importante, car j’ai découvert un nouveau pays, une nouvelle culture à l’étranger » , a-t-il avoué à Goal en 2018, précisant par ailleurs aller « chaque année à Cap-Ferret » . On imagine que ça a dû être un peu plus compliqué cet été.

#839 - Rémy Vercoutre

Rémy Vercoutre
Montpellier (1998-2000 puis 2001-2002), Lyon (2002-2014), Strasbourg (2004-2005), Caen (2014-2018)

Non, Rémy Vercoutre n’a pas été qu’une simple doublure grande gueule. Le portier au nom fleurant très bon le championnat de France peut aussi se vanter d’avoir pu fouler les pelouses de première division à 240 reprises. Dès la saison 2004-2005, le gardien alors âgé de 24 piges va chercher du temps de jeu à Strasbourg, mais est rapidement victime d’une fracture du cinquième métatarse et voit Stéphane Cassard lui ravir sa place de titulaire. À l’OL, il aura plus souvent ciré le banc qu’il n’a défendu les cages, mais il a su se montrer à la hauteur lors de plusieurs intérims, et même d’un exercice 2012-2013 très correct avec une 3e place à la clé pour les Gones. Seulement, la poisse touche à nouveau Vercoutre avec une rupture des ligaments croisés antérieurs du genou droit, laissant la place libre au jeune Anthony Lopes. Le début de la fin d’une belle histoire sur les bords du Rhône, où il s’est parfois distingué en recevant des biscottes sans être sur le terrain, dont une belle rouge lors du 100e derby en septembre 2010.

Une bonne dose d’expérience utile lors de ses années normandes à Caen jusqu’à son retour récent à Lyon comme entraîneur des gardiens, un poste occupé par le légendaire Joël Bats quand il était joueur. « J’ai travaillé onze saisons avec lui et je ne me suis jamais lassé, expliquait Vercoutre dans L’Équipe. On a passé des moments dingues avec Greg (Coupet), Hugo (Lloris), Antho (Lopes) et les autres. On a rigolé, travaillé. On avait un jeu le matin, celui qui faisait tomber le ballon avait un gage : monter sur le toit des vestiaires, au grillage à huit mètres, et crier « allez l’OL » ; ou aller baisser le pantalon du coach. Quand notre terrain à Tola Vologe était gorgé d’eau, on sprintait 50 mètres et on se jetait la tête la première dans la flaque. On était barges. J’ai vu Jo (Bats) faire la pub Pliz en glissant sur la table du vestiaire. Quand il m’a dit que je n’allais plus jouer (en 2014), on a versé une larme dans la salle vidéo. » C’est les émotions.

#838 - Pascal Despeyroux

Pascal Despeyroux
Toulouse (1985-1992), Saint-Étienne (1992-1997)

En raison de sa longue chevelure blonde et de sa hargne sur le terrain, ses coéquipiers le surnomment « l’Allemand » . Pourtant, on fait difficilement plus toulousain que Pascal Despeyroux, né dans la Ville rose, passé par l’UST et le TAC pendant ses jeunes années et qui, inévitablement, débute en pro sous le maillot du TFC. Il devient d’ailleurs le tout premier joueur issu du centre de formation violet à se faire une place au sein de l’équipe première. Sous les ordres de Jacques Santini, ce libéro reconverti milieu défensif se fond à merveille dans un moule qui comprend également Alberto Tarantini, Beto Márcico, Yannick Stopyra ou encore Gérald Passi. Cette bande de joyeux drilles dépose le club haut-garonnais à la quatrième place, ce qui lui permet de croiser Naples et Diego Maradona en Coupe de l’UEFA la saison suivante. Le futur international est censé marquer de près le numéro 10 argentin. « Pour évacuer la pression, je lui ai mis un tampon dès l’engagement » , raconte-t-il quelques années plus tard. Simple. Mais efficace, puisque Toulouse réussit son plus grand exploit européen à l’occasion de cette double confrontation.

#837 - Roger Mendy

Roger Mendy
Toulon (1986-1989), Monaco (1989-1992)

Roger Mendy quitte la Jeanne d’Arc Dakar en 1984, ayant tapé dans l’œil de Toulon. Hébergé par Laurent Paganelli à son arrivée dans le Var, le libéro sénégalais grandit sous l’égide de Rolland Courbis. « Un jour, lors d’une interview, Rolland a dit de moi : « Vous verrez, il est meilleur que Trésor et l’égal de Beckenbauer. » Après cette déclaration et comme je n’avais pas encore joué, les gens m’appelaient l’arlésienne. Jusqu’à mon premier match à domicile contre Montpellier. Je commence le match sous quelques sifflets, voire des insultes. Puis, on gagne 1 à 0 et je marque. À la fin du match, je suis sorti sous les ovations » , rembobinait-il sur le site du MAO. « L’Impérial » s’impose au Sporting, puis à Monaco, avec qui il termine deux fois dauphin de l’OM en championnat, remporte la Coupe de France 1991 et atteint la finale de la Coupe des coupes l’année suivante. Mais sans oublier Toulon. « Quand je suis parti à Monaco et que je suis revenu à Bon Rencontre, j’ai dit à l’entraîneur que je ne jouerai pas contre eux. Je ne peux pas jouer contre le Sporting, contre mes copains : « Sanctionnez-moi si vous voulez, mais je ne jouerai pas ce match. » Et, je n’ai pas joué. » Six saisons dans l’élite, et une place bien méritée au chaud de notre top 1000.

#836 - Francis Méano

Francis Méano
Reims (1949-1953)

Albert-Batteux, Henri-Germain, Robert-Jonquet, Francis-Méano : derrière les noms de chaque tribune du stade Auguste-Delaune, il y a une histoire. Celle de la dernière nommée raconte un destin tragique, brisé à seulement 22 ans, sur une route marnaise entre Witry-lès-Reims et Isles-sur-Suippe, dans un accident impliquant une voiture et… un camion des pompes funèbres. Un drame qui fera six morts, dont le père et la femme de Méano, mais aussi Antonio Abenoza, son beau-frère et ami, ancien portier rémois qui portait alors les couleurs de Troyes. Avant sa disparition, ce grand espoir au poste d’ailier gauche avait eu le temps de construire sa légende, inscrivant plus de 50 pions avec le Stade (malgré une fracture du péroné en 1950-1951), posant les premières pierres du grand Reims (champion de D1 et vainqueur de la Coupe latine en 1953, buteur lors de la finale de Coupe de France remportée en 1950) et goûtant à l’équipe de France. Dans sa commune natale de Puyloubier dans les Bouches-du-Rhône, une rue et un stade portent son nom. À Miramas, là où il avait commencé sa courte, mais brillante carrière, son patronyme est également associé à l’enceinte sportive. À Reims, dès les années 1960, on lui dédie la tribune qui tourne le dos à la cathédrale, lors de la construction du stade. Et l’hommage perdurera à la reconstruction de Delaune, à l’entrée du nouveau millénaire.

Crédit photo : FFF

#835 - Philippe Redon

Philippe Redon
Rennes (1971-1975), PSG (1976-1978), Bordeaux (1978-1979), Metz (1979-1980), Laval (1980-1983), Rouen (1983-1985)

Croiser le chemin de Philippe Redon, c’était l’assurance d’entendre parler de foot, et de constater son extrême intelligence combinée à une connaissance approfondie du jeu. Le Mayennais était un passionné avant d’être un ancien joueur à la carrière bien remplie et plus qu’honorable. Entre deux cours à l’université de pharmacie de Rennes, Redon avait fini par réussir à se faire une place au sein du club de la ville. Sa première apparition sous le maillot rouge et noir n’est d’ailleurs pas anodine, l’attaquant devenant le premier buteur de l’histoire du Stade rennais en Coupe d’Europe après avoir planté contre les Glasgow Rangers. Puis il a été poussé dehors quelques années plus tard par le président Bernard Lemoux, en pleine chasse aux sorcières, ou plutôt aux intellectuels du vestiaire rennais (dont faisait aussi partie Raymond Kéruzoré). En plus d’être un intello, voire un chercheur du foot, Redon était un beau joueur, dribbleur, rapide et percutant. Il a pu montrer ces qualités dans plusieurs écuries du championnat, comme le tout jeune PSG, Metz, Rouen, Laval ou encore Saint-Étienne. « Il fait partie de ces premiers footballeurs que j’ai eu l’occasion d’aller voir à Le Basser, confiait Landry Chauvin. C’est un ailier virevoltant, mais j’ai surtout des souvenirs de lui en tant qu’ancien éducateur. » Philippe Redon n’aura jamais fini de marquer les esprits jusqu’à sa disparition, le 12 mai 2020.

#834 - Yohan Demont

Yohan Demont
AC Ajaccio (2002-2005), Lens (2005-2008 puis 2009-2011)

Dans un Top 1000 des blessures les plus stupides et évitables, Yohan Démont serait à coup sûr en bien meilleure position. En octobre 2010, après une vive altercation avec son coéquipier Issam Jemâa, il se fracture les phalanges d’une main en tapant de rage dans un mur. À l’été 2012, une ampoule de lampe halogène lui explose entre les doigts, ce qui entraîne une opération. Mais au-delà de ses coups de sang et de quelques maladresses dans l’exécution des tâches domestiques, ce Nordiste pur souche est avant tout reconnu pour ses innombrables allers-retours dans son couloir droit. Révélé à l’AC Ajaccio, qu’il aide à se maintenir en Ligue 1 trois saisons de rang, le milieu ou latéral prend une autre dimension à Lens, devant des supporters qui se reconnaissent dans le jeu et les valeurs de l’enfant du coin. « À Lens, cette façon de jouer, cette combativité, c’est dans les gènes, exposait-il il y a quelques années. Il te faut des joueurs comme ça. Le public aime d’autant plus que derrière, il peut te le rendre et te pousser comme jamais. Le talent ne suffit pas. » La fidélité et la longévité, elles, suffisent pour se hisser à cette 834e place. Bonus : ce diable de Yohan Démont a appelé sa fille… Ange. Prends ça, Dan Brown.

#833 - Luiz Gustavo

Luiz Gustavo
OM (2017-2019)

Sa moustache, ses boucles et son caractère ont laissé un souvenir impérissable sur le Vieux-Port. Luiz Gustavo n’est resté que deux années, au grand dam des supporters marseillais, mais le milieu de terrain auriverde les a sacrément fait vibrer à force de hargne, d’abnégation, et parfois de bonbons, à l’image de cette frappe des 30 mètres contre le PSG au Vélodrome. Un patron, récompensé par une place dans l’équipe type du championnat en 2017-2018. Luiz, c’est le Brésil.

#832 - Curt Keller

Curt Keller
Strasbourg (1934-1937 puis 1948-1949), Sochaux (1937-1939), Toulouse (1940-1947)

Dans les années 1930, Curt Keller marqua l’histoire du football français en devenant alors le plus jeune professionnel à faire ses débuts. C’était en deuxième division. En 1933, à seulement 15 ans, l’attaquant étrennait effectivement sa carrière avec le Racing Club de Strasbourg, creusant le sillon d’un nom de famille désormais indissociable du club. Une voie ouverte par son grand frère Frédéric dit « Fritz » , véritable figure strasbourgeoise (165 matchs disputés, 84 buts inscrits de 1933 à 1939) et premier joueur du RCSA à devenir international (8 sélections), avant de céder aux pressions nazies, en rejoignant le Red Star Strasbourg (ennemi du Racing) sous la coupe des SS. Un exemple pour Curt, malgré tout, qui s’inspire des qualités de buteur de son aîné, afin de rayonner durant trois ans en bleu et blanc, jusqu’en 1937. 25 réalisations en 72 rencontres pour cet avant-centre habile, parti ensuite régaler Sochaux durant deux saisons. Avec les Lionceaux, le buteur décrochera à ce titre une cape en équipe de France, face à la Suisse, pour mieux se faire connaître aux yeux des suiveurs hexagonaux du ballon d’antan. Joueur à la carrière honorable, Curt Keller disputera finalement ses deux dernières saisons dans l’élite à Toulouse, avec qui il sera symboliquement sacré en 1943 dans le championnat de « guerre » , et à Strasbourg pour une ultime pige en 1948-1949. Sans lien de parenté, les frères Marc et François prendront la suite dans les 90s, afin de perpétuer la tradition. Keller rime toujours avec killer.

#831 - Aziz Bouderbala

Aziz Bouderbala
RC Paris (1988-1990), Lyon (1990-1992)

Certains surnoms valent mieux que mille images. Pour Aziz Bouderbala, celui de « Boulevard du dribble » résume une carrière pleine, faite de plaisir donné aux spectateurs et d’audace sur les pelouses. Fin pianiste et mélomane à ses heures perdues, il ne pouvait pas en être autrement pour le Marocain, débarqué en D1 à l’été 1988, au RC Paris version Matra, en provenance du FC Sion. Recrue parmi tant d’autres de l’ère Lagardère, Bouderbala fait ainsi connaissance avec le plus haut niveau européen, huit ans après avoir été recalé par l’Inter, au terme d’une visite médicale manquée (les médecins du club lui décelant une sérieuse pubalgie). Au Racing, le milieu offensif s’adapte d’abord tardivement avec une première saison manquée (une seule réalisation en 14 matchs), avant de démontrer à la capitale, la saison suivante, son efficacité balle au pied. Meilleur buteur de son club lors de l’exercice 1989-1990 (14 buts), l’ancien du Wydad excelle, atteignant également la finale de la Coupe de France, perdue contre Montpellier (2-1). Malheureusement, la relégation des Racingmen, couplée aux soucis financiers d’une direction trop vorace, force le Casablancais à plier bagage, direction Lyon. Deux campagnes dans le Rhône, entre 1990 et 1992 (54 matchs, 10 buts), auxquelles se joint une pubalgie devenue quasi chronique, qui achèveront le parcours d’Aziz Bouderbala en France. Interrogé par SoFoot sur son amour du beau jeu et son attrait pour le dribble, l’intéressé avait par ailleurs livré une version étonnante : « Tout est parti d’un match en sélection. À quelques heures du match contre la Turquie, en finale des Jeux méditerranéens de 1983, Hassan II nous a reçus au Palais royal afin de nous dévoiler une nouvelle stratégie de jeu. Lorsque tout le monde s’est installé, le souverain a sorti trois triangles en papier de sa mallette et les a mis sur une table. Personne n’a compris ce que le roi voulait exactement. C’était en fait une nouvelle stratégie de jeu. Le souverain souhaitait tout simplement que la sélection nationale joue avec le même style de jeu que le FC Barcelone d’aujourd’hui. » Inspiré par le roi du Maroc, le « Boulevard du dribble » inspirera lui deux humoristes et leurs pseudonymes : Booder et le Comte de Bouderbala.

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