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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (720-711)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#720 - Toifilou Maoulida

Toifilou Maoulida
Montpellier (1997-2000 puis 2001-2002), Rennes (2002-2003 puis 2004-2005), Metz (2003-2004), Monaco (2005-2006), Marseille (2006-2007), Auxerre (2007), Lens (2008 puis 2009-2011), Bastia (2012-2014

Au challenge Xavier Gravelaine, Toifilou Maoulida est très bien placé. Le gamin de Kani-Kéli a écumé les clubs dans l’Hexagone (10), dont huit en première division : Montpellier, Rennes, Metz, Monaco, Marseille, Lens, Auxerre et Bastia. Un grand tour de France, du Nord à la Corse, en passant par l’Ouest et l’Est, qui lui a permis de se faire un nom sur les pelouses de Ligue 1. « J’ai effectivement connu beaucoup de clubs, mais il faut savoir que j’ai passé plusieurs années dans chaque. Hormis à Monaco et à Auxerre, où je ne suis resté que six mois parce que ça ne s’est pas aussi bien passé que prévu, expliquait-il à So Foot en 2019. Sept ans à Montpellier en comptant la formation, trois à Rennes, trois à Lens, trois à Bastia, deux à Nîmes et deux à Marseille… Une carrière de vingt ans, c’est long. Ce sont les circonstances qui font qu’on est amené à bouger. » Maoulida n’aura pas seulement été un vadrouilleur, c’est aussi un gars sympa, souriant et un bon footballeur, malgré une certaine inconstance. Il n’a atteint qu’à deux reprises la barre des dix buts en première division. C’est peu, mais c’est suffisant pour se rappeler précisément de sa célébration spéciale. Le 26 février 2006, Maoulida marque avec l’OM face à Nice et dégaine sa première bandelette avec l’inscription « I’m back » . Le début d’une longue série, le début d’un rituel aussi, avec cette question revenant au début de chaque rencontre : quel message l’attaquant a-t-il décidé de faire passer sur la bandelette glissée dans sa chaussette ? Les supporters lensois n’auront pas eu le temps de réfléchir un soir de février lors d’une rencontre face à Caen, Toifilou plantant dès la 17e seconde le but le plus rapide de l’histoire des Sang et Or. Iconique.

#719 - Johan Elmander

Johan Elmander
(Toulouse, 2006-2008)

Deux petites saisons auront suffi à Johan Elmander pour laisser une trace indélébile en Ligue 1. Débarqué à l’été 2006 sur les bords de la Garonne, le géant suédois s’est offert quelques nuits de grâce, à une époque où le Téfécé se qualifiait pour les barrages de Ligue des champions. Un ticket validé un soir de triplé face à Bordeaux, dans un Stadium en plein délire. « Inscrire un triplé dans un tel match, avec toute sa dramaturgie, c’était assez incroyable. On le savait capable de tout, mais à ce point, peut-être pas encore, en sourira Élie Baup, entraîneur des Pitchouns. Le groupe avait tout donné, et lui terminait le travail par ses buts de grande classe. Le Stadium était transcendé. » Nommé au sein de l’équipe type du championnat en 2006-2007, l’international suédois connaît malheureusement une deuxième saison moins aboutie avant de rejoindre l’Angleterre et Bolton. Non sans être tombé amoureux d’une Ville rose qui le lui rend bien à chacune de ses visites depuis. « J’adore le centre ville, ses ruelles, ses vieux quartiers. Difficile de vous donner un lieu en particulier. Bien sûr, il y a le Capitole, mais il n’y a pas que ça, confiait-il à La Dépêche en 2007. Je vais dans plusieurs restaurants, j’aime changer de lieu, tester différents endroits. Le cassoulet ? J’y ai goûté à deux reprises, mais il n’était pas bon. Je vais retenter ma chance encore une fois et tomber sur un bon, cette fois ? »

#718 - Christian Bottollier

Christian Bottollier
Nancy (1949-1958)

Passer du monde amateur au grand bain professionnel, Christian Bottollier l’a réalisé avec assurance à l’aube des années 1950. Ce rêve, le milieu offensif aurait même pu le réaliser bien plus tôt, à 17 ans. Repéré par le Stade de Reims, qui l’invita en tournée, à l’occasion d’une série de matchs amicaux, le Marnais refusera finalement la proposition, préférant prendre son temps et rejoindre le CS Thillotin, club de division d’honneur (alors entraîné par l’ancien international Étienne Mattler). En 1949, Bottollier franchit finalement le pas, en signant à Nancy. En 282 rencontres et 73 buts marqués, le Marnais parvient ainsi à conquérir la Lorraine, associé à l’illustre Roger Piantoni. Il terminera par ailleurs au pied du podium des meilleurs artificiers de D1, dés sa première saison (19 réalisations), derrière Jean Grumellon, Jean Baratte et Bertus de Harder.

Cette campagne 1949-1950 sera notamment marquée par un triplé inscrit au Parc des Princes, contre le Stade français de Louis Hon et un succès net (0-3). Une belle reconnaissance individuelle, pour celui qui, collectivement, atteindra la finale de la Coupe de France en 1953, perdue face à Lille (2-1). Affaibli par des blessures récurrentes et moins en vue (à l’exception de l’édition 1954-1955 qu’il clôturera avec 14 buts), Christian Bottollier mettra un terme à sa carrière au printemps 1958, victime d’une sérieuse fracture au genou droit. Il laissera, malgré tout, l’image d’un incontournable auprès des supporters nancéiens et celle de bête noire aux amoureux de l’OM : « Les matchs contre Marseille m’ont souvent réussi, et j’ai, à de nombreuses reprises, marqué contre le club phocéen, déclarait-il au site OM4Ever. Pour mes débuts avec Nancy, en septembre 1949, nous avions battu l’OM (4-0), avec deux buts de ma part. Les résultats étaient souvent positifs : en 1951, on les battait 5-1 à Nancy, je me rappelle également un 3-0, un succès 2-1, à Marseille, avec mon but victorieux et même un 6-1 en Coupe de France, qui avait permis à Hédiart d’être sélectionné avec Piantoni et Deladerrière contre l’Autriche. » On fait même profiter les copains. La classe.

#717 - Fritz Keller

Fritz Keller
Strasbourg (1934-1939)

Aux yeux de celles et ceux qui sont attachés à l’histoire et aux grandes figures de l’histoire du RC Strasbourg, Frédéric (dit « Fritz » ) Keller est assurément très clivant. D’un côté, il y a l’attaquant vedette, véritable star de l’effectif au moment des débuts professionnels du club alsacien. Auteur de 21 buts pour sa première saison en D1, le grand frère de Curt – aperçu à la 832e place de ce top 1000 – est aussi le premier joueur du Racing à porter les couleurs de l’équipe de France, avec laquelle il dispute la Coupe du monde 1934. Mais de l’autre côté, il y a l’homme ayant rejoint un voisin honni, le Red Star Strasbourg qui, après l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne, est contrôlé par la SS. En ville, les membres de cette équipe (attirés par l’appât du gain ou la perspective d’échapper au STO, c’est selon) ne sont guère appréciés par la population.

#716 - Baky Koné

Baky Koné
Nice (2005-2008), Marseille (2008-2010)

Tous les joueurs de classe ne jouent pas avec les chaussettes baissées, mais tous les joueurs qui ont les chaussettes baissées sont des joueurs de grande classe. Et Baky Koné ne déroge pas à la règle. Car si l’attaquant de poche aime marquer des buts – il a notamment une saison à 14 pions à Nice en 2007-2008, ce que personne n’avait réussi à faire depuis le retour des Aiglons dans l’élite en 2002 -, il aime surtout en inscrire des jolis. Avec une spécialité : les lobs. Que ce soit depuis l’entrée de la surface de réparation avec l’OM contre Sochaux, de l’extérieur du pied face à ses anciens coéquipiers niçois ou dans un angle totalement fermé face à l’AS Monaco. Bref, Baky Koné est un esthète qui s’est invité à la fête lors du fameux 5-5 entre l’OM et l’OL et qui a donc été sacré champion de France avec les Marseillais qui avaient terminé deuxièmes la saison précédente, notamment grâce aux 9 pions de l’Ivoirien. Des buts qui auraient pu être encore plus nombreux si Baky ne détestait pas autant l’hiver : « Il y a un truc auquel je n’ai jamais vraiment réussi à m’adapter, c’est l’hiver. Aujourd’hui encore, je déteste l’hiver et quand je raconte ça aux jeunes frères ici, je me demande encore comment j’ai fait pour jouer quand j’avais les doigts et les orteils qui gelaient. » Pour autant, il n’a jamais pensé à remonter ses chaussettes pour se réchauffer.

#715 - Félix Pironti

Félix Pironti
Marseille (1939-1949), Sète (1950-1952)

Bien avant Basile Boli, un autre Marseillais a fait parler de lui pour ses coups de casque : Félix Pironti. C’est de cette façon que celui qui était surnommé « Tête d’or » a marqué la majorité de ses 98 pions (en 218 matchs) avec l’OM. Peu importe la position, l’ailier gauche pouvait envoyer un coup de boule surpuissant pour envoyer le cuir au fond des filets. Malheureusement pour lui, « Féli » n’a pas connu la meilleure période pour jouer au football puisqu’il a intégré le groupe de l’OM en 1939 au moment où le championnat a été arrêté pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela n’a pas empêché le gamin des hauteurs du Vieux-Port de remporter une Coupe de France en 1943 – lors de laquelle il a ouvert le score – ni d’être sacré champion de France en 1948 une fois la guerre terminée. Celui qui avait fini dans les cages sans encaisser de buts après une blessure d’Armand Libérati, ira ensuite à Sète où il a continué d’envoyer des coups de casque au fond des filets.

Crédit photo : FFF

#714 - Roger Boli

Roger Boli
Auxerre (1984-1988), Lille (1988-1989), Lens (1991-1996), Le Havre (1996-1997)

Dans la famille Boli, on a évidemment l’habitude de citer Basile (décidément, encore lui), défenseur intraitable ayant inscrit, à tout jamais, son nom dans la légende de l’OM. Mais on commettrait une regrettable erreur en oubliant de parler de son frère, Roger, lui aussi façonné au sein de l’AJA de Guy Roux et qui se signale grâce à ses performances en tant qu’attaquant. Après un passage par Lille, c’est chez le voisin lensois que l’avant-centre d’origine ivoirienne vit sa période la plus faste, terminant notamment meilleur buteur de D1 en 1993-1994 (vingt réalisations). « J’avais plané lors de cette saison, avoue-t-il au site Foot d’avant. Pratiquement tout me réussissait. Tout me réussissait, car le public était à fond derrière moi, et moi, j’étais à fond derrière eux. Ensemble, nous voulions réussir quelque chose de grand. Ce titre de meilleur buteur, je leur ai dédié. Ma relation avec le public lensois était très, très forte. » Peut-être la meilleure définition possible d’une relation fusionnelle.

#713 - Ernest Vaast

Ernest Vaast
Racing Club de France (1945-1949 puis 1949-1951), Rennes (1951-1953)

Ernest Vaast commence sa carrière la Seconde Guerre mondiale à peine terminée, au Racing Club de Paris, où il est notamment associé à Émile Bongiorni. L’attaquant aux 11 buts en équipe de France s’impose comme un meuble, du genre de ceux qu’on ne bouge plus après les avoir montés. Nénesse et le Racing se paient le luxe de disputer trois finales de Coupe de France entre 1945 et 1950, et d’en remporter deux. Sa technique et son efficacité font des ravages chez les Pingouins. En ajoutant son aventure au Stade rennais, le joueur aussi passé par le Red Star aura planté une grosse cinquantaine de buts dans l’élite. Le Vaast était plein, et pas qu’à moitié.

#712 - Michel Bastos

Michel Bastos
Lille (2006-2009), Lyon (2009-2013)

Michel Bastos se pose à Lille en 2006, et la Ligue 1 fait alors connaissance avec un joueur hors du commun. Latéral gauche durant ses expériences au Brésil et aux Pays-Bas, il est positionné plus haut par Claude Puel, désireux d’exploiter ses qualités offensives. « Le premier jour où j’ai serré la main de Claude Puel, il a regardé le président et lui a dit : « Ici, un joueur qui a marqué autant de buts au Brésil comme il l’a fait et qui a autant de qualités ne peut pas jouer arrière gauche. Ici, il va jouer milieu gauche. » Je n’ai donc jamais joué en tant que latéral gauche avec Claude Puel. Jamais. Même pas lors de mon premier entraînement, expliquait-il à So Foot en 2016. Je crois qu’il a eu raison. Je n’aurais pas passé que de bons moments au poste de latéral gauche. Comme Claude est un entraîneur qui s’y connaît et sait beaucoup de choses, il a perçu cela tout de suite… » Résultat ? Le Brésilien martyrise les défenseurs avec sa vitesse et son sens du dribble, et écœure les gardiens lorsqu’il active l’arme ultime : sa frappe de bâtard. Meilleur passeur du championnat en 2008-2009, il boucle cette saison avec 14 buts et 9 offrandes. L’OL pose alors 18 millions d’euros sur la table pour l’arracher. Pas de bol pour Sainté. « C’est là que j’ai connu mon meilleur niveau, que j’ai pratiqué mon meilleur football. J’ai eu la chance de pouvoir marquer lors des derbys, à trois reprises. Puis ce qui est beau, c’est qu’on a toujours battu Saint-Étienne en plus » , glissait-il en riant. 51 buts, une cinquième place avec le LOSC, vice-champion avec Lyon : Michel, c’était le Brésil.

#711 - Walter Kaiser

Walter Kaiser
Rennes (1932-1937)

Après Robert Mercier dans la fournée précédente, place à l’autre premier co-meilleur buteur de l’histoire du championnat professionnel en France : Walter Kaiser. Au début des années 1930, l’attaquant allemand débarque par hasard en Bretagne, après avoir tapé dans l’œil d’Adolphe Touffait, milieu de terrain du Stade rennais université club, mais également membre de la cellule de recrutement, lors d’une rencontre entre le SRUC et le FC Neuwied, l’écurie de la ville natale de Kaiser, alors âgé de 23 ans. Avant que le ballon rond ne se professionnalise dans l’Hexagone, Kaiser montre qu’il a des qualités pendant deux années rythmées par de nombreux matchs amicaux, et fait parler ses talents de buteur (94 buts en 56 apparitions, oui, oui). Autant dire que le bonhomme est prêt quand les Rouge et Noir débarquent en D1 en 1932. L’Allemand devient ainsi le premier buteur de l’histoire du Stade rennais en championnat de France en faisant trembler les filets dès la 1re journée contre Metz, et boucle cette première saison avec un total de 15 pions en 17 matchs pour terminer tout en haut du classement des meilleurs artilleurs aux côtés de Mercier.

Les années suivantes, Kaiser ne s’arrête pas de faire ce qu’il aime le plus sur un terrain, marquer. Encore et toujours. Des buts à la pelle, et même un quintuplé lors d’un succès rennais contre Mulhouse (6-2) lors de la 19e journée de l’exercice 1934-1935. Une saison de rêve pendant laquelle le SRUC atteint même la finale de la Coupe de France, mais le buteur doit assister à la défaite de ses copains contre Marseille (3-0) après s’être gravement blessé à la cheville quelques semaines plus tôt. La tuile pour Kaiser, adopté par toute une région au point d’être sélectionné en équipe de Bretagne, mais dont le retour à son meilleur niveau n’aura pas eu lieu après plus d’un an sans goûter à une pelouse. Reste l’image d’un joueur d’une finesse technique rare et d’un redoutable buteur, qui ne restera jamais très loin de Rennes, où il a été entraîneur et secrétaire du club, avant d’être (enfin) naturalisé français en 1957 et d’y finir ses jours en février 1982. Un Kaiser breton.

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