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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (660-651)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#660 - Pierre Laigle

Pierre Laigle
Lens (1991-1996), Lyon (1999-2002), Montpellier (2002-2004)

Pour certains, Pierre Laigle restera avant tout l’un des six « bannis de Clairefontaine » , ces joueurs écartés du groupe France par Aimé Jacquet juste avant le début du Mondial 1998. D’autres n’oublieront jamais sa fameuse coupe de cheveux en brosse, inimitable et d’une efficacité implacable. Mais nous, on préfère retenir la qualité de son pied gauche, à l’origine de sacrées pralines et de buts importantissimes. À l’image de celui inscrit avec Lyon face à son ancienne équipe, Lens, lors de l’ultime bataille pour le titre de champion de France, en 2002. « J’aurais franchement préféré que ce soit face à un autre club, reconnaît-il dans un entretien accordé à So Foot. Mais j’étais un joueur lyonnais, et le club n’avait jamais été champion. Je ne pensais pas au passé. (…) Je tente cette frappe, contrée par Jean-Guy Wallemme, et ça rentre. Je pense vraiment que le scénario était écrit. Sur le premier but, Guillaume Warmuz glisse, sur le deuxième, Philippe Violeau, qui ne met pas un but de la saison, marque. C’était notre soirée, rien ne pouvait nous arriver. » Une soirée à garder bien en mémoire.

#659 - Taribo West

Taribo West
Auxerre (1993-1997)

Pour comprendre à quel point Taribo West était un défenseur rugueux, dur sur l’homme et impassable, il suffit d’écouter l’échange sur Prime Video entre Thierry Henry – son adversaire – et Guy Roux, son coach à l’AJ Auxerre avec qui il a remporté le championnat de France en 1996 et qui a lancé la carrière européenne du défenseur nigérian aux coupes de cheveux ambitieuses : « (Henry) Pourquoi vous m’avez toujours mis Taribo West sur le dos, vous n’êtes pas gentil ! (Guy Roux) Il était toujours désigné pour jouer sur les plus grands joueurs de l’équipe adverse. Raí m’a dit un jour que s’il n’avait pas été un grand professionnel, il aurait eu une angine tous les soirs de match parce que je le faisais marquer par Taribo West. » Et quand Raí a peur de vous, c’est que vous êtes un défenseur de grand talent.

#658 - Marcel Loncle

Marcel Loncle
Angers (1956-1959 puis 1960-1962), Rennes (1962-1966)

Pour Marcel Loncle, le football n’avait rien d’un métier. Ce n’est pas pour rien si le Malouin met le temps avant de se lancer dans le monde professionnel et décide de quitter la cité corsaire pour rejoindre le SCO d’Angers sous licence amateur. Un choix assumé qui n’empêche pas ce joueur très élégant et talentueux de briller sur les terrains de D1 et de disputer la finale de la Coupe de France dès 1957. Un bon départ puis une parenthèse d’une année pendant laquelle l’attaquant, qui voit le foot pro comme une corvée plus qu’un plaisir, choisit de rentrer à la maison, à Saint-Malo. Un bon exemple pour définir la personnalité d’un bonhomme atypique, au caractère bien trempé, capable de refuser la sélection après avoir été appelé sans jouer en 1962, avant d’obtenir finalement deux capes trois ans plus tard. Après un retour à Angers dès 1960, où Loncle retrouve les pelouses de l’élite hexagonale, il vit quatre années bien remplies à Rennes. Chez les Rouge et Noir, il est d’abord utilisé en attaque avant que Jean Prouff ne le replace plus bas, au milieu, où ses facilités techniques lui permettent de dicter le tempo. Du bon temps en première division et un titre décroché en 1965 avec le Stade rennais, vainqueur de Sedan dans un match rejoué (3-1) durant lequel Loncle inscrit le deuxième but. Dès 1966, à l’âge de 30 ans, il quitte pour de bon le foot pro en retournant à Saint-Malo pour jouer avec son premier club et reprendre l’entreprise familiale. Une décennie de professionnalisme, c’était déjà beaucoup pour cet amoureux de ballon.

Crédit photo : Stade rennais Online

#657 - Gabriel Heinze

Gabriel Heinze
PSG (2001-2004), OM (2009-2011)

Ils ne sont que 49 joueurs à avoir joué pour l’Olympique de Marseille et le Paris Saint-Germain. Et encore moins à avoir réussi à être adulé par les deux camps. Gabriel Heinze fait partie de cette caste-là. Tout simplement car il est impossible de ne pas aimer Gabriel Heinze. Comment ne pas tomber sous le charme d’un défenseur argentin qui aime les duels, tacler, se bagarrer avec les adversaires tout en ayant un pied gauche magique. Car oui, l’homme aux cheveux soyeux, c’est des fautes à la pelle (20 jaunes et 2 rouges pour ses deux premières saisons dans la capitale), mais aussi des centres déposés et des coups francs magiques. Comme celui qu’il a inscrit avec l’OM face… au Paris Saint-Germain ou celui pour ouvrir le score face à Rennes dans le match qui allait offrir le premier titre de champion de France à l’OM depuis 1992. Que ce soit au poste de défenseur central – comme à ses débuts à Paris – ou de latéral gauche – après avoir été replacé là par Vahid Halilhodžić – Gabi aura régalé ses supporters autant qu’il aura écœuré ses adversaires qui repartaient en plus avec quelques traces de l’Argentin sur leurs chevilles.

#656 - Daniel Moreira

Daniel Moreira
Guingamp (1996-1998), Lens (1998-2004), Toulouse (2004-2006), Rennes (2006-2008), Grenoble (2008-2009), Boulogne (2009-2010)

Pendant ses jeunes années, Daniel Moreira voue une admiration sans limite à Jean-Pierre Papin. Ironie de l’histoire, le milieu offensif quitte cependant Guingamp au moment précis où JPP débarque dans les Côtes-d’Armor. « Alors que j’étais fan de lui plus jeune, c’était lui qui voulait absolument jouer avec moi en attaque à ce moment-là, rembobine-t-il pour le site Foot d’Avant. Il m’a dit : « Reste avec moi à Guingamp, on va faire une année de fou. » Je lui ai répondu : « Non, j’ai 21 ans, je veux construire ma carrière. » Pour moi à l’époque, construire ma carrière signifiait signer à Lens. »

Le gamin de Maubeuge rejoint donc son club de cœur, où il s’impose en tant qu’attaquant polyvalent, doté des deux pieds et d’un sens du but évident. Dans l’Artois, l’international français donne la pleine mesure de son talent, au sein d’un collectif qui joue les premiers rôles en championnat et s’invite parfois en Ligue des champions. Ce n’est pas tout à fait le même contexte à Toulouse, qui le recrute en 2004 et compte sur lui pour l’aider à se stabiliser dans l’élite. Une mission à laquelle le Nordiste, altruiste dans son jeu et généreux dans ses efforts, se plie lors de deux saisons accomplies (21 buts en championnat au total avec le Téfécé). « Je ne regrette pas ma carrière, ajoute-t-il. Quand je vois d’où je suis parti : le petit garçon qui jouait dans la cité et qui avait envie de tout mordre pour réussir. J’ai forcé pour que mon rêve devienne réalité. » On ne pouvait pas imaginer plus belle conclusion.

#655 - Manuel Garriga

Manuel Garriga
Bordeaux (1946-1956)

Un joueur français, d’origine espagnole, né en Algérie. Avec Manuel Garriga, la Méditerranée aura en effet bien été représentée, en dix saisons passées dans l’élite. Repéré à l’étage du dessous, en 1946 du côté de Toulon, le solide défenseur débarque ainsi en Gironde, fort d’une qualité de tacle et d’anticipation rapidement identifiée. Sous la tunique au scapulaire, Garriga s’impose dès lors comme un titulaire indiscutable (325 matchs au total) aux côtés de Jean Swiatek, protégeant les arrières de René Gallice ou Bertus de Harder, notamment.

Des camarades de jeu, plus que des coéquipiers, avec qui la « Garrigue » remportera son premier et historique titre de champion de France, en 1950. Meilleure défense du championnat (40 buts encaissés, une autre époque), la charnière bordelaise est symboliquement récompensée le 4 juin de la même année. Face à la Belgique, en amical à Bruxelles, Garriga fête ainsi sa seule et unique cape, quand Swiatek (29 ans) y disputa son ultime partie. Jusqu’en 1956, Manuel Garriga fera donc les beaux jours de Girondins enfin lancés dans leur histoire footballistique (finaliste de la Coupe de France en 1952 et 1955), avant de mettre un terme à sa carrière au sein de son premier amour : le niveau amateur.

#654 - Philippe Anziani

Philippe Anziani
FC Sochaux-Montbéliard (1979-1984), Monaco (1984-1986), Nantes (1986-1988), Matra Racing (1988-1989), Toulon (1989-1993), Martigues (1993-1994)

Philippe Anziani a disputé quatre saisons sous les couleurs du Sporting Club de Toulon ; mais s’il sera associé au club varois dans les bouquins d’histoire, c’est surtout pour ce qu’il a fait, le 14 avril 1984, alors qu’il portait encore la liquette du FC Sochaux-Montbéliard : un quintuplé dans les dents de Pierre Vizcaino, lors d’un terrible 8-2 à Bonal. Anziani, c’est aussi 484 apparitions en D1 pour près de 100 réalisations, une carrière internationale entamée dès ses 19 ans, une suspension pour dopage au Di-Antalvic en 1989, une Coupe de France soulevée en 1985 avec l’AS Monaco, mais surtout une trace indélébile laissée chez les Lionceaux, avec qui il a connu une deuxième place de D1 et une demi-finale de Coupe de l’UEFA : « C’est le club de mon cœur, le maillot jaune et bleu, le lion sur le maillot, racontait-il pour France Bleu Loire Océan. J’ai débuté avec cette équipe à Strasbourg alors que je n’avais même pas 18 ans. Un an avant, j’étais au Maroc, à Casablanca, où j’ai passé mon enfance, je jouais dans la rue. Heureusement que mon oncle qui entraînait Meaux en division d’honneur m’a fait venir, sinon, je pense que je serais resté au Maroc et je ne sais pas si j’aurais fait une carrière professionnelle. Il avait décelé quelque chose chez moi. » Et qu’importe que son passage à Nantes n’ait pas été sa période la plus faste : « À Nantes, c’était le football, tout simplement. […] Si messieurs Suadeau et Budzynski m’ont fait venir, je pense que c’est parce que je partageais cette vision, ces valeurs et que je correspondais à ce qu’ils attendaient d’un footballeur, qu’il soit sensible au jeu, qu’il le sente et qu’il soit technique. C’était très important pour moi. Et même si les deux saisons où j’étais au club n’ont pas été exceptionnelles, par moments, pendant deux ou trois mois, on jouait un football exceptionnel et c’est là où je me suis le plus affirmé en tant que joueur, que j’ai pris le plus de plaisir. »

#653 - Dominique Bijotat

Dominique Bijotat
Monaco (1979-1987 puis 1988-1991), Bordeaux (1987-1988)

Le temps d’une saison, il se pare du scapulaire. Mais il ne faut pas s’y méprendre : c’est bien sous la tunique rouge et blanc marquée d’une diagonale que Dominique Bijotat passe la quasi-totalité de sa carrière en première division. Pur produit du centre de formation monégasque, ce milieu défensif besogneux et techniquement doué balle au pied est lancé dans le grand bain par Gérard Banide. Il prend progressivement ses repères et finit par décrocher ses galons de titulaire, au sein d’une ASM souvent étincelante. Outre le titre olympique glané avec l’équipe de France en 1984, le natif de Chassignolles garnit son palmarès avec notamment un titre de champion de France (1982) et une Coupe de France (1985). Pas de quoi, cependant, s’enflammer et crâner sur le Rocher. « J’ai peut-être joué deux ou trois fois au casino, mais toujours avec un capital défini à l’avance, promet-il à La Semaine. Ma seule petite folie a été une voiture, une Golf GTI de plusieurs couleurs. Je ne pouvais pas faire n’importe quoi. Je ne jouais pas seulement pour un club, mais pour une Principauté, un prince et une princesse. » Le sens du devoir.

#652 - Mickaël Debève

Mickaël Debève
Toulouse (1986-1994), Lens (1994-1999 puis 2000-2002), Le Havre (1999-2000)

Entre Toulouse et Lens, deux clubs pour lesquels il a joué de longues années et où il est revenu en tant qu’entraîneur (adjoint surtout, principal parfois), Mickaël Debève préfère ne pas choisir. « J’ai deux clubs de cœur, lâche-t-il simplement à So Foot, en 2016. C’est simple, ce sont deux clubs qui comptent beaucoup pour moi. Lens, c’est mon sang, ma région. Toulouse m’a permis de devenir pro, et le Racing m’a permis de gagner des titres, donc il est très difficile d’avoir une préférence. » Du sud au nord, le milieu de terrain à la coupe de cheveux reconnaissable entre mille empile 364 matchs de D1 et s’offre un titre de champion de France, en 1998. La même année, son but contre Arsenal offre aux Sang et Or une victoire de prestige (0-1) et au foot français le seul succès de l’un de ses représentants sur la pelouse mythique de Wembley. « Moi, à la base, j’étais plutôt un porteur d’eau qui travaillait pour le collectif, mais ce but, ça m’a permis d’être reconnu » , avoue Mika. Qui, sans surprise, la joue modeste.

#651 - Julien Féret

Julien Féret
Nancy (2008-2011), Rennes (2011-2014), Caen (2014-2018)

Au fond, Julien Féret est un homme comme un autre. Celui qui s’imaginait bien prof de mathématiques plus jeune est quelqu’un de discret, qui ne dit jamais non à une grille de mots croisés ni à une bonne bouteille de vin. Oui, mais Julien Féret a quelque chose en plus : une élégance folle dès qu’un ballon arrive dans ses pieds. « Je faisais des tennis-ballon contre le mur. Je m’amusais tout en travaillant ma technique. Je pense que cela m’a aidé par la suite, même si j’avais peut-être un peu plus d’aptitudes que les autres » , racontait-il. Ce n’était pourtant pas gagné pour le grand brun, intégrant le centre de formation du Stade rennais sur le tard avant d’être invité à aller voir ailleurs. ( « J’en avais marre et je voulais rentrer chez moi. Il m’a fallu six mois pour me mettre en route. C’est compliqué d’arriver dans une structure pro aussi tard. Tu apprends moins vite que dans un club amateur. » ) Ailleurs, c’est Cherbourg, Niort ou Reims aux échelons inférieurs, puis un premier rendez-vous avec l’élite sous le maillot de l’ASNL, où Féret a enfin commencé à se faire remarquer à 26 piges.

Pas rancunier, le Breton fait son retour à Rennes, où il est attendu comme le créateur de l’équipe. Cela tombe bien, Féret maîtrise ce rôle à la perfection. Si le milieu est parfois irrégulier, il sait comment régaler le public rennais, sous le charme de son jeu à la fois simple et beau, de son sens du timing, et de ses buts, classiques ou exceptionnels, comme celui inscrit un soir de novembre 2011 contre Évian au bout d’une action individuelle pleine de maîtrise. « J’aime jouer vers l’avant. J’aime prendre des risques et me sentir libre d’oser des gestes difficiles, quitte à avoir plus de déchets dans mon jeu » , confiera-t-il à France Football. Féret aime les crochets, les feintes, les petits piqués, et il continuera à faire parler son talent chez les Normands, à Caen, où ce joueur à l’ancienne, déjà en voie d’extinction à la fin des années 2010, contribue aux maintiens dans l’élite du SMC. Le beau chemin de Féret.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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