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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (640-631)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#640 - Pascal Baills

Pascal Baills
Montpellier (1987-1991), Marseille (1991-1992), Strasbourg (1992-1995), Montpellier (1995-2000)

Pascal Baills ne rime pas avec Montpellier, mais il n’a pas besoin de cela pour être associé pour toujours au MHSC. Le Perpignanais a tout vécu avec le club où il a débarqué peu avant ses 20 ans : la D2, l’élite, le sacre en Coupe de France en 1990, l’aventure sur la scène européenne l’année suivante et surtout plus de 400 matchs qui ont longtemps fait de lui le joueur le plus capé avant que Souleymane Camara ne se charge de faire tomber ce record. Reste que Baills est un emblème du club pailladin, où son exemplarité et son état d’esprit impeccable ont toujours été loués par le public montpelliérain. Mais c’est chez un voisin, à Marseille, qu’il se hissera au sommet du football français en remportant le titre de champion de France en 1991, avant que le latéral droit ne décide de quitter l’OM pour filer s’imposer comme titulaire et taulier à Strasbourg. Une grande parenthèse de quatre années puis un retour chez lui, à Montpellier, où il est toujours adjoint aujourd’hui. Quand on aime, on ne bouge pas.

#639 - Urbain Decottignies

Urbain Decottignies
Olympique lillois (1932-1939)

Ce serait mentir que d’écrire que nous connaissons tout d’Urbain Decottignies. Pour être honnête, il faut même dire que l’on ne pourrait pas vraiment dire quel style de joueur il était. Si
Wikipédia indique qu’il était défenseur, il semblerait plutôt que son poste était plus haut sur le terrain, en attaque. C’est dans ce rôle qu’il aura pris part aux sept premières saisons de l’ère professionnelle du football français sous le maillot de l’OL (pour Olympique lillois, bien sûr), le premier champion de France en 1933, avec une passe décisive de ce cher Urbain dans le match du titre face à Cannes à Colombes. Un départ parfait pour « Binbin » , qui aura enfilé quelques perles et distribué des caviars dans l’élite, avant de décliner et de raccrocher les crampons. Surtout, qui n’a jamais rêvé de s’appeler Urbain Decottignies ?

#638 - Albert Gemmrich

Albert Gemmrich
Strasbourg (1973-1979 puis 1983-1984), Bordeaux (1979-1982), Lille (1982-1983), Nice (1985-1986)

Keller, Rohr, Wenger, Gemmrich. Ces quatre noms renvoient inexorablement l’imaginaire à l’Alsace et au RC Strasbourg. Pour le dernier cité, il fait même office de légende du RSCA. Et pour cause, en six années passées à la Meinau (1973-1979), Albert Gemmrich a inscrit la bagatelle de 110 buts en 238 apparitions, pour se hisser à la deuxième place des meilleurs artificiers de l’histoire du club, derrière Oskar Rohr (118 réalisations). L’aboutissement d’une carrière pour le natif d’Haguenau, qui inscrira un doublé pour l’un de ses premiers matchs en professionnel, à seulement 18 ans, face à Nantes. À partir de 1976, l’attaquant ne clôture par ailleurs aucun exercice sous la barre des dix buts, devenant indispensable l’année suivante (24 pions), pour permettre au Racing, alors en D2, de retrouver l’élite. Adoubé et chouchouté par son entraîneur Gilbert Gress, Gemmrich rafle tout sur son passage, jusqu’au titre de champion décroché en 1979, aux côtés de Joël Tanter ou Toko Nambatingue. Parvenu à ses fins, chez lui, l’avant-centre s’en ira ensuite donner de sa personne à Bordeaux (1979-1982, 109 matchs, 43 buts), associé à Bernard Lacombe et Jean-Marc Ferratge. Miné par les blessures au genou, il finira son tour de piste par le LOSC et Nice, avec un dernier crochet d’un an à Strasbourg.

Mais s’il ne fallait en retenir qu’une seule, cette saison 1978-1979 serait assurément celle qui trônerait en tête de liste. La campagne de toutes les récompenses pour le Strasbourgeois, qui y fêta notamment ses cinq sélections en Bleu. Un passage court, mais mémorable, à l’image de sa brouille avec Claudio Gentile, pour sa première cape, à l’occasion d’un match amical face à l’Italie : « Pendant une bonne partie de la partie, Gentile n’a cessé de découper Olivier Rouyer, racontait-il au Dernières Nouvelles d’Alsace. J’étais assis sur le banc, à côté d’Henri Michel et je lui ai dit : « Henri, je ne sais pas si je vais entrer. Mais si j’entre, je vais vraiment m’occuper de Gentile. » Quelques minutes, Olivier se blesse, je fais donc mon entrée. Et je ne me suis pas dégonflé ! J’ai même été un petit peu dur avec Gentile. Mais il n’a pas été rancunier et m’a même « rendu » hommage dans les médias italiens. Deux mois plus tard, on joue un dernier match de préparation contre l’Iran, je marque, on gagne. Le lendemain, on m’annonce que je ne suis pas sélectionné pour la Coupe du monde en Argentine… C’est encore un traumatisme pour moi… » Briller en bleu ou en bleu : Albert Gemmrich n’a jamais su choisir.

#637 - François Félix

François Félix
Lyon (1968-1971), Bastia (1971-1973 puis 1975-1978), Paris FC (1973-1974), Nîmes (1974-1975), Angers (1978-1980), Auxerre (1980-1982)

Le destin footballistique de François Félix s’est souvent rattaché à de belles histoires. À l’image de son arrivée à l’Olympique lyonnais, en 1968, repéré par les dirigeants alors qu’il disputait un tournoi de jeunes avec l’AS Saint-Priest, surnommée les « Beatles » . Une aventure de trois saisons, durant laquelle celui que l’on appelle « Fanfan la Tulipe » , en raison de sa longue chevelure, devient un titulaire régulier de l’OL (42 matchs, 10 buts), qui le poussera malgré tout à aller chercher un plus grand temps de jeu, à Bastia.

Là encore, le hasard a bien fait les choses. En voyage de noces en Corse, l’avant-centre est effectivement sollicité par Jules Filippi et Paul Natali (directeur sportif et président du Sporting) afin de renforcer l’effectif bleu et blanc. Peu emballé, Félix accepte finalement la proposition à l’été 1971, quelques semaines après avoir atteint la finale de la Coupe de France avec Lyon, convaincu par Claude Papi, avec qui il avait effectué son service militaire. Le premier acte sur l’Île de Beauté est concluant, puisque le goleador se révèle, terminant meilleur buteur de son club en 1972 (14 buts), avec une nouvelle finale de Coupe à la clé, et en 1973 (17 réalisations). Malheureusement, l’appel de la capitale et du Paris FC s’avère trop fort, pour celui qui ne restera qu’une seule saison (1973-1974) et enchaînera avec un crochet par Nîmes (1974-1975). Deux ans de perdus, avant que Bastia ne lui revienne en aide. Dynamiteur de défense, « Fanfan » cartonne (encore) à Furiani, permettant, entre autres, aux siens d’arracher une finale historique en Coupe de l’UEFA, en avril et mai 1978. Dans ce parcours de feu, il s’offrira quatre buts lors des deux manches de 32es face au Sporting CP (dont un triplé à l’aller). Angers puis Auxerre viendront clore ce tour de l’Hexagone, et ratifier un bilan de 119 buts en 340 apparitions en D1.

#636 - Alou Diarra

Alou Diarra
Le Havre (2002-2003), Bastia (2003-2004), Lens (2004-2006), OL (2006-2007), Bordeaux (2007-2011), OM (2011-2012), Rennes (2013), Nancy (2016-2017)

Si certains joueurs se révèlent en Ligue 1, avant d’aller échouer à l’étranger, d’autres ont choisi d’emprunter le chemin inverse. C’est le cas d’Alou Diarra. Repéré par le Bayern Munich à l’été 2000, alors qu’il venait à peine de découvrir le monde professionnel du côté de Louhans-Cuiseaux, en Ligue 2, le milieu de terrain voit le prestige de cette signature gâcher une entame de carrière pourtant prometteuse. Cantonné en réserve, le Franco-Malien est ensuite recruté par Liverpool, qui lui réserve pareil sort. Débute alors la rédemption, par une série de prêts dans l’Hexagone.

Au Havre (2002-2003 : 23 matchs), à Bastia (2003-2004 : 38 matchs) puis Lens, où la stabilisation arrive enfin. Entre 2004 et 2006, Diarra enchaîne effectivement 92 apparitions (le plus haut total d’un joueur du club, lors de ces deux années), découvre la Coupe d’Europe, étrenne les premières de ses 44 capes en Bleu (il entre notamment en jeu lors de la finale de la Coupe du monde 2006) et acquiert le statut d’incontournable de la Ligue 1 du début de siècle. La saison 2006-2007, qui doit le confirmer au sein de l’élite, chez le champion Lyon, s’avère cependant être un semi-échec et c’est à Bordeaux que le taulier se relancera finalement. En quatre saisons en Gironde, Diarra glane en effet une Ligue 1 en 2009 et s’offre un copieux printemps européen l’année suivante, aux côtés de Wendel, Yoann Gourcuff et Fernando : «  On a vraiment senti toute une région, tout le « secteur ouest » de la France, même toute la France, derrière nous, narrait-il au site Girondins4Ever. On dégageait des valeurs que tout le monde voulait voir. Il y avait du collectif, du beau jeu, du plaisir, de la prise de risques. Honnêtement, on ne se sentait pas invincibles, car cela serait présomptueux de se sentir invincible, mais on sentait que, quand on était dans un bon jour, on pouvait poser des problèmes à n’importe quelle équipe.  » Mais encore une fois, la fin de parcours sera, comme après Lens, en dents de scie, la faute à une expérience éphémère à Marseille, des choix mal maîtrisés à l’étranger (décidément) et deux ultimes piges à Rennes et Nancy. Conclusion : même en bourlinguant, on n’est jamais mieux que chez soi.

#635 - Marcel Rouvière

Marcel Rouvière
Alès (1947-1948), Nîmes (1950-1955)

Un enfant du pays, qui a tant fait pour son club. À Nîmes, le stade municipal porte le nom de Marcel Rouvière, et c’est tout sauf un hasard. En 1948, l’attaquant d’1,80 m quitte l’Olympique alésien pour faire parler la poudre sur le front offensif des Crocos, promus en D1 deux ans plus tard. La formation gardoise s’incruste dans la première partie de tableau et sa principale gâchette devient l’une des plus efficaces et redoutées du championnat. Avec le total fou de 25 réalisations en 31 rencontres disputées, le natif d’Alès termine deuxième du classement des buteurs en 1951-1952, derrière la légende marseillaise Gunnar Andersson (31 pions) et ex-æquo avec le Bordelais Bertus de Harder. Après avoir mis un terme à sa carrière, il entraîne pendant plus de vingt ans au sein du NO, passant de la réserve à l’équipe première, puis aux U19. Ce remarquable formateur parvient à faire émerger pléthore de jeunes talents et remporte la Gambardella à trois reprises dans les années 1960. Marcel Rouvière, c’était le Nîmes Olympique. Et le Nîmes Olympique, c’est toujours – un peu – Marcel Rouvière.

#634 - Olivier Giroud

Olivier Giroud
Montpellier (2010-2012)

Meilleur buteur de Ligue 2 avec Tours en 2009-2010, Olivier Giroud s’envole pour l’élite dans la foulée, direction Montpellier. Dès sa première saison, le géant répond présent en claquant 12 buts. Une mise en bouche avant le plat de résistance en 2011-2012 : 21 caramels, dont des triplés contre Dijon et Sochaux, et 10 passes décisives. Déterminant dans la conquête du titre. « Les gens ne se rendent pas compte à quel point Olivier fait partie de l’élite de l’élite, souligne Benjamin Stambouli. Il faut comprendre son profil : c’est un pivot, un mec qui te fait des remises dans la course, qui te transforme un ballon pas terrible en bon ballon, qui est adroit devant le but… Mais bon, les gens fantasment plus devant un joueur qui dribble trois joueurs ou enchaînent les passements de jambes. » Et Younès Belhanda de résumer : « Un mec qui comprend le foot va te dire qu’Olivier Giroud est un top joueur. » Meilleur réalisateur du championnat cette année-là, l’attaquant quitte la Ligue 1 par la grande porte, en ayant mis tout le monde dans sa poche. Tous Gigi, tous Rourou.

#633 - Jean-Luc Dogon

Jean-Luc Dogon
Laval (1985-1988), Matra-Racing (1988-1989), Bordeaux (1989-1991 puis 1992-1996), Strasbourg (1996-1998), Rennes (1998-2000)

Jean-Luc Godon a 17 ans lorsqu’il dispute, avec Laval, son tout premier match de D1. Il en a 32 quand il apparaît pour la dernière fois à ce niveau, sous le maillot rennais. En l’espace de quinze années, le défenseur se bâtit une carrière aussi solide que l’impact qu’il met dans les duels (359 matchs de première division au total). C’est sans conteste à Bordeaux que l’international Espoirs atteint son pic de forme et vit ses plus grandes émotions professionnelles, avec une finale de Coupe de l’UEFA en 1996. Il aurait pourtant pu quitter les Marine et Blanc dès 1991. « J’ai dit oui à Montpellier quand Bordeaux a été rétrogradé en D2 sur le plan administratif, rejoue l’ancien Strasbourgeois pour L’Équipe. On s’est tous retrouvés libres. Quelques heures après, j’ai rappelé Montpellier pour dire que je ne voulais plus partir. J’ai préféré rester aux Girondins, car je leur devais quelque chose. » La fidélité a payé.

#632 - Jean-Michel Ferri

Jean-Michel Ferri
Nantes (1988-1998)

De la mémorable équipe du FC Nantes Atlantique championne de France en 1995 sous les ordres du mage Coco Suaudeau, on cite souvent les mêmes noms clinquants : Claude Makélélé, Reynald Pedros, Japhet N’Doram, Patrice Loko, Nicolas Ouédec, Christian Karembeu. Parmi les oubliés, un milieu de terrain qui a pourtant été l’un des piliers de ce sacre : Jean-Michel Ferri, titulaire 33 fois dans l’entrejeu jaune et vert lors de cette saison de légende. Originaire de Vénissieux, mais fan de Nantes depuis Henri Michel ( « mon idole » ) et pur produit de la Jonelière, Ferri a fait partie de la classe biberon nantaise formée au club, propulsée en équipe première au début des années 1990 dans un contexte de difficultés financières pour le FCN et qui a finalement posé le club au sommet du pays à l’issue d’un exercice 1994-1995 référence. L’international français, défenseur central brillamment repositionné en numéro 6 par Suaudeau, a quasiment réalisé toute sa carrière dans le 44 (il a également soulevé la Coupe de France en 1993), hormis des expériences oubliables à İstanbulspor, Liverpool et Sochaux en fin de parcours.

Bilan : 340 matchs avec Nantes, dont 290 de D1, et quelques succulents buts de raccroc. « Nous étions une bande de potes qui se suivaient depuis le centre de formation et qui allaient symboliser tout ce que représentait alors le jeu à la nantaise, avec deux techniciens exceptionnels, Reynald Denoueix à la formation et Coco Suaudeau avec les pros […], racontait-il pour Le Quotidien du Sport en 2021. Et comme nous avons tous explosé en même temps, que nous étions de bons joueurs et de sacrés compétiteurs, ça a donné ce titre en 1995. Ma relation avec Suaudeau ? J’étais son homme de confiance. J’essayais de lui rendre cette confiance sur le terrain en étant un rassembleur, un fédérateur, ce qui n’était pas très difficile eu égard à la mentalité du groupe, à cette volonté commune que nous avions tous de commencer les matchs pour tous les gagner. Et ça a commencé en 1992… jusqu’à cette saison 1994-1995 où on a tout gagné. Ou presque. Sans calculer. »

#631 - Christian Pérez

Christian Pérez
Nîmes (1979-1981 puis 1983-1984), Montpellier (1987-1988), PSG (1988-1992), Monaco (1992-1994), Lille (1993-1994)

Christian Pérez s’est fait les dents chez les Crocos, à Nîmes. Le cuir épais, « Pépé » est parti chasser chez le voisin, Montpellier. Banco : tout juste promu, le MHSC fait sensation en s’invitant sur le podium. Avec un Pérez de gala, meilleur passeur et deuxième meilleur buteur de son équipe. « Je fais une seule saison, mais elle était belle, rembobinait-il en 2016. Mais ce n’était pas simple, il y avait beaucoup de concurrence, et je devais me battre à chaque fois. Et à la fin de saison, grosse surprise : on me demande de partir. Le club voulait me transférer à Metz, mais j’ai refusé. Et puis monsieur Borelli m’a appelé. Il souhaitait me voir faire un essai à Paris. Je lui ai dit d’accord tout de suite. Au bout de 30 minutes d’essai, Tomislav Ivić a dit au président qu’il m’engageait. Paris, ça ne se refuse pas. J’ai foncé tête baissée et avec le recul, j’ai eu raison. » Dans la capitale, Pérez passe tout près du titre en 1989 et devient international. Il est même le meilleur buteur rouge et bleu en 1991-1992, devant Amara Simba et Daniel Bravo. Revenu à Nîmes au crépuscule de sa carrière, l’ailier de poche y ouvre une pizzeria, qu’il vendra l’année suivante. « J’ai dû travailler pour remplacer les charlots que j’avais engagés. C’était pas facile avec les horaires, d’autant que je jouais encore » , expliquait-il à France Football. Toujours prêt à mettre la main à la pâte.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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